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Tsui Hark 徐克

Présentation

par Brigitte Duzan, 22 décembre 2011, actualisé 20 avril 2023

 

Souvent présenté sous le label trompeur de « cinéaste de la Nouvelle Vague hongkongaise », Tsui Hark (徐克) a, il est vrai, suscité beaucoup d’espoirs au début de sa carrière, en renouvelant le genre du film de wuxia sur les traces de King Hu (胡金铨). Très actif également comme producteur, il a réalisé et produit une série de chefs d’œuvres dans les années 1980 et jusqu’au milieu des années 1990.

 

Mais il ne s’est pas vraiment remis de la crise qui frappe alors le cinéma de Hong Kong. Sa créativité dérive par la suite vers des genres commerciaux qui ne satisfont ni la critique ni le public. Aujourd’hui, il semble chercher sa voie dans une course à la technologie, dans le domaine très convoité de la 3D.

 

Formation aux Etats-Unis, débuts à la télévision

 

Tsui Hark

 

Tsui Hark est né au Vietnam, à Saigon, le 15 février 1950, et y a grandi dans une famille d’immigrants chinois originaires du Shandong, au milieu de seize frères et sœurs.

 

Ses biographes le décrivent montrant un intérêt précoce pour le cinéma. A l’âge de dix ans, il loue une caméra 8mm avec des amis pour filmer les représentations d’un magicien et projette son film à l’école ; il continue ensuite à tourner des petits courts métrages. Il est aussi passionné de bandes dessinées chinoises, les manhua (漫画), qui influenceront plus tard son style.  

 

La famille émigre à Hong Kong quand il a seize ans, en 1966. Il y termine ses études secondaires, puis, en 1969 part aux Etats-Unis, sous le prétexte de faire des études de pharmacie pour perpétuer la tradition paternelle. Il s’inscrit d’abord à la Southern Methodist University, à Dallas, puis arrête quelques mois pour voyager, et, à son retour, entre à l’université du Texas, à Austin, pour un cursus sur la télévision et le cinéma. Avec des amis, il tourne là un documentaire de 45 minutes sur les Américains d’origine asiatique.

 

Il termine ses études en 1975 et part alors à New York, dans l’espoir de devenir réalisateur de documentaires. C’est ainsi qu’il commence sa carrière comme assistant de Christine Choy pour le tournage de son très beau documentaire sorti en 1976, « From Spikes to Spindless », sur la communauté asiatique du Chinatown de New York dans sa confrontation avec les autorités et la police de la ville pour protester contre des projets de développement immobilier ; au-delà de l’actualité, le film dépeint l’histoire de ces immigrants, depuis les premiers arrivants, embauchés pour la construction du chemin de fer transcontinental, jusqu’aux descendants d’aujourd’hui, toujours en quête d’une intégration problématique, et montre l’émergence d’une conscience communautaire.  

 

 

Bande annonce du film « From Spikes to Spindless »

 

Fort de cette expérience, il revient en 1977 à Hong Kong où il est d’abord embauché par une chaîne de télévision pour tourner  des séries, dont, en 1978, une série en neuf épisodes adaptée  d’un roman de wuxia de Gu Long (古龙).

 

Débuts de réalisateur : le label de la Nouvelle Vague

 

Wu Siyuan/ Ng See-Yuen

 

La fin des années 1970 est la période où se développe à Hong Kong le mouvement connu sous le terme générique de Nouvelle Vague (新浪潮”), qui vit émerger, au sein d’un cinéma de divertissement populaire, en mandarin, des films d’auteur reflétant la réalité contemporaine et l’identité propre de la ville, en cantonais. Tsui Hark devient l’un des représentants du mouvement, constitué par des jeunes formés, comme lui, à l’étranger et à la télévision.

 

En 1978, il attire l’attention de Wu Siyuan (ou Ng See-Yuen 吴思远), ancien des studios des Shaw Brothers, et fondateur en 1975 de la société de production Seasonal Films Corporation. Il produit en 1979 le premier film de Tsui Hark : « The Butterfly Murders » (蝶变). Situé dans une époque historique indéterminée, le film combine des éléments de wuxia, de suspense et de science-fiction et vaut tout de

suite à son auteur une réputation d’iconoclaste. Tout Tsui Hark est déjà là, dans ses bons aspects comme dans ses mauvais.

 

 

Bande annonce du film « The Butterfly Murders »

 

Dans ses deux films suivants, cependant, ce sont les mauvais côtés qui priment : l’un est une sombre fantaisie combinant cannibalisme, humour noir et wuxia ; l’autre, « Dangerous Encounters of the First Kind » (《第一类型危险》), un thriller dépeignant une bande de jeunes délinquants semant la terreur dans la ville. Le film est interdit par les autorités coloniales britanniques ; il reparaît sous une forme plus acceptable, mais guère mieux appréciée du public.

 

Ces films sont des échecs commerciaux, mais confirment cependant Tsui Hark comme un trublion favori des critiques qui voient en lui l’un des éléments les plus prometteurs de la Nouvelle Vague. En 1981, le jeune réalisateur poursuit sa carrière dans la nouvelle société de production fondée par Raymond Wong, et deux autres comédiens : Cinema City. Tsui Hark y tourne une farce policière et un film d’espionnage, troisième numéro d’une série produite par la société.

 

Le premier des deux, « All The Wrong Clues » (《鬼马智多星》), inaugure une verve comique dans la filmographie de Tsui Hark. Il est couronné en 1981 du prix du meilleur réalisateur au 18ème festival du Golden Horse (金马奖).

 

Mais le tournant de la carrière de Tsui Hark arrive en 1983 avec son entrée au studio Golden Harvest (橙天嘉禾娱乐集团).

 

All The Wrong Clues

 

 

Golden Harvest : le tournant de 1983

 

Zu les guerriers de la montagne magique

 

Fondée en 1970 par deux transfuges du studio des Shaw Brothers, la Golden Harvest avait tout de suite connu un succès international avec le premier film de Bruce Lee,  « Enter the Dragon », co-produit en 1973 avec la Warner. A la fin des années 1970, il était devenu le premier studio de Hong Kong.

 

C’est là que, en 1983, Tsui Hark réalise le film qui marque le renouveau du film de wuxia : « Zu, les Guerriers de la Montagne magique » (《新蜀山剑侠》) - un wuxia explosif, boosté aux nouvelles techniques d’effets spéciaux importées de Hollywood, avec personnages volants, démons et artifices en tous genres qui vont devenir le fond de commerce du genre dans les années suivantes.

 

On peut y voir une réponse à la première trilogie de « La guerre de étoiles », commencée en 1977. Mais il faut bien reconnaître que le scénario est inconsistant, et les effets spéciaux ne suffisent pas à maintenir l’intérêt.

 

 

Bande annonce du film « Zu, les Guerriers de la Montagne magique »

 

Non seulement Tsui Hark déçoit la critique qui n’apprécie pas son retournement vers le cinéma commercial, mais le public ne suit pas non plus. L’année suivante, en 1984, Tsui Hark saute le pas et fonde sa propre société de production : Film Workshop (电影工作室).

 

Film Workshop : atelier de chefs d’œuvre  

 

Il fonde la société avec son épouse, Shi Nansun (施南生), et en fait, en quelques années, un vivier des plus grands talents de Hong Kong. Doté d’un tempérament autoritaire et difficile, Tsui Hark se fâche aussi au passage avec bon nombre d’entre eux, dont John Woo (avec lequel il se brouille en 1990 pour un désaccord sur le scénario de « Bullet in the Head ») ou Jet Li (qui rompt temporairement avec lui après le troisième film de la série « Il était une fois en Chine », ne revenant que pour le sixième et dernier épisode).

 

Tsui Hark et son épouse Shi Nansun

 

Ching Siu-tung

 

Sa plus longue collaboration, et sans doute la plus fructueuse aussi, aura été avec Ching Siu-tung (程小东), directeur de la chorégraphie et de l’action de la plupart des films produits par le Film Workshop ; il a grandement contribué à l’élaboration de ce qu’on peut appeler un « style Tsui Hark » qui se définit, justement, dans ces années 1980 : des effets visuels surprenants, un rythme rapide, une caméra très mobile. Tsui Hark, c’est « l’homme qui filme plus vite que son ombre »…

 

Mais surtout le génie de Tsui Hark est d’avoir su revisiter des genres traditionnels qu’il connaissait bien et leur insuffler une vie nouvelle, en synchronie avec l’air du temps, et les goûts du public : les films qu’il produit sont des succès tant auprès du public que de la critique, et la marque de son amour de la culture chinoise.

 

Années 1980 : réalisations…

 

Il réalise le premier film produit par le Film Workshop, dès 1984 : c’est « Shanghai Blues » (上海之夜), qui est classé par le festival de Shanghai parmi les dix meilleurs films de l’année. Le film raconte une histoire d'amour à Shanghai pendant la guerre, en 1934, celle d'une chanteuse et d'un violoniste qui, rapprochés le temps d’un bombardement, se promettent de se retrouver une fois la guerre gagnée ; ils se croisent à nouveau quelques années plus tard, mais sans se reconnaître. Contrairement à ce qu’on pourrait penser, c’est une comédie, où les scènes poétiques alternent avec les scènes comiques, voire délirantes, qui viennent rompre l’émotion quand celle-ci risquerait de faire tourner le film au mélo.

 

Deux ans plus tard, en 1986, Tsui Hark reprend la principale interprète du film, Sally Yeh, lui adjoint Brigitte Lin et Cherie Cheung, et réalise le superbe « Peking Opera Blues » (

 

Shanghai Blues

马旦) qui est à la fois comédie, film d’action et drame historique, et joue en outre sur certaines conventions de l’opéra chinois dont il intègre quelques scènes dans le scénario.

 

Peking Opera Blues

 

Le film se passe à Pékin en 1913 et l’intrigue centrale est de la vraie politique : arrivé au pouvoir, Yuan Shikai a besoin d’un prêt des puissances occidentales ; le général Cao lui en arrange un, mais sa fille, patriote rebelle (Brigitte Lin, habillée en homme), essaie de lui voler le document en faisant foi ; ce faisant, cependant, elle tombe sur deux autres femmes : une à la recherche d’une cassette de bijoux (Cherie Cheung) et la fille d’une troupe d’opéra de Pékin (Sally Yeh), le théâtre devenant alors le lieu de rencontre de toutes ces comploteurs improbables.

 

Jamais autant de genres différents n’auront été combinés en un seul film, et le pastiche est réussi. Le film respire l’inventivité débridée. C’est l’un des sommets de l’art de Tsui Hark et de sa filmographie. C’est aussi un hommage à l’opéra de Pékin auquel le cinéma de Hong Kong doit tant, comme le

cinéma chinois en général, et un rappel ému des souvenirs d’enfance du réalisateur à Saigon, quand sa mère l’emmenait à des représentations d’opéra.

 

 

Bande annonce du film « Peking Opera Blues »

 

et productions

 

En 1986, Tsui Hark produit aussi un film policier réalisé par John Woo (吴宇森) : « A Better Tomorrow » (英雄本色) avec Chow Yun-fat et Leslie Cheung. Réalisé avec un budget minime, le film bat les records au box office, et génère une vague de films de triades du même genre. Le thème musical du film, chanté par Leslie Cheung, devient instantanément le tube à la mode, et les lunettes Alain Delon que porte Chow Yun-fat sont dévalisées dans les magasins. C’est l’essence du film culte.

 

L’année suivante, c’est un film de son ami Ching Siu-tung qu’il produit, un film « en costumes », « A Chinese Ghost Story » (《倩女幽魂》), inspiré de Pu Songling, qui suscite un engouement pour les films de fantômes. Le film aura deux suites, un remake en 2011 et inspirera aussi un dessin animé, sorti en 1997.

 

A Chinese Ghost Story

 

Années 1990

 

En 1990, Tsui Hark revient vers le wuxia en produisant « The Swordsman » (笑傲江湖), un film adapté d’un récit du maître du roman de wuxia, Louis Cha (ou Jin Yong 金庸) , contant une histoire d’ancien parchemin volé dans la bibliothèque impériale, et censé contenir les bases d'un art de combat surnaturel.

 

La réalisation en fut d’abord confiée à King Hu (胡金铨), mais, celui-ci étant parti en claquant la porte au milieu du tournage (1), elle fut terminée par une équipe dirigée par Tsui Hark, et comprenant Ching Siu-tung et… Ann Hui. Le film a reçu le prix de la meilleure chorégraphie (signée Ching Siu-tung) aux 10èmes Hong Kong Film awards et celui du meilleur thème musical pour la chanson « A single laughter in the sea » (沧海一声笑…).

 

The Swordsman

 

King Hu et Tsui Hark au moment

du tournage de Swordsman

   

 

En 1991 sort ensuite le premier film, réalisé par Tsui Hark, de la fameuse série de six : « Il était une fois en Chine » (en chinois simplement Wong Fei Hung《黄飞鸿》), l’histoire du légendaire médecin Wong Fei Hung (ou Huang Feihong), grand maître d’arts martiaux mort en 1924, descendant de la lignée des moines de Shaolin, en lutte non seulement contre les brigands mais aussi contre les Occidentaux qui s’introduisent en Chine. Il est interprété par Jet Li (sauf pour les volets 4 et 5 de la série), qui est cependant doublé dans 80 % de ses scènes de combat. On retrouve là, comme le souligne l’affiche, le culte du héros, ou plutôt du sauveur des films de wuxia, mais dans sa version modernisée, plus terrestre, de maître de kungfu.

 

Les films suivants de la série sortent à raison d’un par an,

 

Once upon a time in China

dont « La secte du Lotus blanc » (黄飞鸿之二:男儿当自强), chorégraphié par Yuen Woo-ping, en 1992, puis, en 1993, « Le tournoi du lion » (《黄飞鸿之三:狮王争霸》)... Mais le dernier est réalisé par Sammo Hung et ne sort qu’en 1997.

 

Green Snake

 

Cette série est l’expression la plus nette, la plus vivante, du fond de nationalisme en Tsui Hark, de sa passion pour l’histoire et la culture chinoises, de son engagement passionné en leur faveur, pour les défendre et les illustrer, même s’il doit en passer par les techniques étrangères. C’est quand on sent vibrer cette fibre en lui dans ses films qu’il est le meilleur.

 

Après « New Dragon Gate Inn » (《新龙门客栈》), produit en 1992, qui revisite le grand classique de King Hu, le diptyque qu’il tourne en 1993/94 en est aussi un exemple typique : « Green Snake » (青蛇), en 1993, vision personnelle de la légende du serpent blanc, avec Maggie Cheung dans le rôle du serpent vert, et « The Lovers » (梁祝) en 1994, d’après la légende des amants papillons (2).

 

En 1995, il signe encore un film de wuxia : « The Blade » (), remake plus ou moins avoué du classique de la Shaw Brothers de 1967 « The One-Armed Swordsman » (《独臂刀》) réalisé par Chang Cheh (张彻). L’histoire elle-même n’a guère d’intérêt, mais ce qui frappe, c’est la réalisation : les gels de couleurs, la frénésie de la caméra, les close-ups dramatiques et le ton sombre de l’ensemble.

 

Encore plus caractéristique est le film suivant, moins connu mais non moins intéressant : « Love in the Time of Twilight » (《花月佳期》; le film dépeint, dans les années 1920, les efforts de la fille d’un directeur de troupe d’opéra cantonais pour trouver l’amour, qu’elle ne trouve qu’en la personne d’un petit employé de banque ; assassiné, il revient sous forme de fantôme pour la hanter… Là encore, ce n’est pas tant l’histoire elle-même qui importe, mais l’atmosphère du film.

 

The Blade

 

A travers l’évocation des années 1920, on y ressent l’atmosphère d’angoisse et de déprime qui s’est emparée de Hong Kong, comme de Tsui Hark, en ce milieu des années 1990, à la veille de la rétrocession du territoire à la Chine, en 1997 : une ville hantée par ses souvenirs et son passé et qui ne sait trop ce qui va advenir. Hong Kong est en crise, son cinéma aussi…

 

Années 2000 : entrée en force sur le marché du film commercial

 

Tsui Hark croit trouver une solution en partant à Hollywood. Il ne réussit qu’à y tourner deux films mineurs, avec Jean-Claude Van Damme, et une suite américanisée à l’un de ses films ave Jet Li. Hollywood est un leurre, pour lui comme pour bien d’autres, mais pour lui plus que d’autres. Il rentre à Hong Kong pour en revenir à son sujet de prédilection : la culture chinoise.

 

Love in the Time of Twilight

 

Seven Swords, le film

 

En 2000, « Time and Tide » (《顺流逆流》), film d’action contemporain avec deux figures emblématiques, la star de la chanson cantonaise, Nicholas Tse, et Wu Bai, pop star taiwanaise vieillissante, n’est qu’un film de transition qui a un faux air de John Woo, et où la cantopop remplace l’opéra et la guérilla urbaine les combats à l’épée.

 

Mais Tsui Hark renoue avec le wuxia l’année suivante, avec « The Legend of Zu » (蜀山传), qui lorgne évidemment vers le film de ses débuts, ces guerriers de la montagne magique de 1983. Le film marque cependant le début de la dérive du cinéaste vers la technique pour la technique : les scènes d’action extravagantes sont accompagnées de toute une imagerie générée sur ordinateur qui suscite l’enthousiasme de certains fans, mais pas plus. Legend of Zu  est tout aussi frénétique que les films passés du réalisateur, mais il tend vers une esthétique de carton pâte.

 

« Seven Swords » (《七), en 2005, est une adaptation d’un roman de Liang Yusheng (梁羽生), pionnier de la nouvelle vague du roman de wuxia au 20ème siècle : « Seven Swords of the Celestial Mountain » (《七下天山》), écrit entre 1956 et 1957, suite d’un autre roman dont l’action se situe au début de la dynastie des Qing. Les sept héros du film sont chacun porteur d’une épée aux noms symboliques et partent de leur montagne céleste délivrer un village aux prises avec un seigneur tyrannique et cruel.

 

Seven Swords, le jeu video

 

L’un des guerriers du jeu

 

C’est un pauvre avatar des Sept Samourai, une quête du Graal très prosaïque, où le symbolisme est celui d’une bande dessinée. D’ailleurs deux auteurs chinois de manhua en ont sorti une bande dessinée en 2006. Le film marque l’entrée de Tsui Hark sur le marché du film commercial à l’américaine, avec série télévisée conjointe et produits dérivés dont ligne de vêtements et jeu vidéo en ligne. Une suite était prévue mais n’a finalement jamais vu le jour.

 

Après sa participation à « Triangle » (铁三角) en 2007, Tsui Hark est revenu en 2008 au genre polar avec « Missing » (深海寻人(谜尸)) dont même ses fans reconnaissent que c’est un raté, malgré Angelica Lee.

 

 

Bien plus intéressant, cette même année 2008, est  « All about women » (《女人不坏》), produit par la société de production chinoise nouvellement créée JA Media, dont Shi Nan Sun (施南生) est conseillère artistique. Tourné à Pékin, le film est sorti à Hong Kong et en Chine continentale le 11 décembre 2008, avec en plus une version coréenne. Il a le caractère d’un film de fin d’année, mais original et déjanté, un peu à la manière de Peter Chan.

 

C’est le type de la comédie dramatique revisitée par un passionné de bande dessinée : l’histoire de trois femmes modernes, libérées ou se voulant telles dans une société qui accepte encore mal ce genre de personnage. A l’origine, de façon assez caractéristique, Tsui Hark avait pensé à un remake de « Peking Opera Blues ». Il n’en est resté que l’atmosphère de douce folie et les trois personnages féminins, remarquablement interprétés, en particulier par une Zhou Xun (周迅) à contre emploi, totalement méconnaissable.

 

All About Women

 

Le film est de toute évidence une tentative de diversification thématique et esthétique. Il n’est malheureusement pas totalement convaincant, car s’appuyant trop sur des gags visuels parfois un peu lourds et la performance des trois actrices, qui s’en donnent à cœur joie mais souvent à l’excès. Ni la critique ni le public n’a suivi.

 

Années 2010 : la 3D comme solution miracle

 

En 2010, ouvrant une nouvelle phase de sa filmographie, Tsui Hark est revenu à l’un de ses thèmes de prédilection avec « Le détective Dee et le mystère de la flamme fantôme » (狄仁杰之通天帝国) qui a fait le tour des grand festivals internationaux sans gagner les prix attendus, et pour cause. Tsui Hark n’a pas réussi à dépasser une imagerie artificielle et creuse dépendante des effets spéciaux, et un scénario d’un simplisme affligeant qui frise la caricature.

 

Detective Dee

 

Flying swords of Dragon Inn

 

Un critique gêné, quittant la salle après une projection lors d’un festival, s’excusait en disant que, pour apprécier maintenant Tsui Hark, il fallait avoir gardé une âme d’enfant. Non seulement une âme d’enfant, mais une âme d’enfant nourri aux jeux vidéo sur internet.

 

Tout entier tourné vers les prodiges de la technologie comme ultime bouée de sauvetage, Tsui Hark a maintenant investi la 3D, avec sa réalisation de 2011 : « Flying Swords of Dragon Gate » (龙门飞甲). Avec son clin d’œil appuyé aux films d’anthologie que sont « Dragon Gate Inn » (《龙门客栈》) et « New Dragon Gate Inn »  (《新龙门客栈》) et les retrouvailles avec Jet Li, « Flying Swords » est une autre manière de revisiter une nouvelle fois le film de wuxia et de revenir aux origines comme source inépuisable d’inspiration.

 

Là encore, cependant, la 3D peut être un piège autant

qu’une solution. C’est en tout cas un choix artistique.

 

Après, en 2013, « Young Detective Dee : Rise of the Sea Dragon » (《狄仁杰之神都龙王》)  qui poursuivait dans la même ligne que le film précédent, avec les mêmes défauts, Tsui Hark a décidé de revisiter un grand classique avec « La prise de la montagne du tigre » (《智取威虎山3D) sorti en décembre 2014.

 

Adapté de l’un des grands classiques de la littérature des années 1950, « Patrouilles dans la forêt enneigée » (《林海雪原》) de Qu Bo (曲波) (3), déjà adapté en opéra modèle (样板戏), le film pèche par l’accent mis sur les combats : le scénario a supprimé tout ce qui fait l’intérêt du roman, et il est difficile à comprendre pour quiconque ne l’a pas lu.

 

La seule séquence qui restera sans doute dans les annales, et le mériterait, est la dernière, totalement loufoque, où l’on retrouve l’imagination délirante du Tsui Hark des débuts, celui qui nous manque aujourd’hui.

 

La prise de la montagne du tigre

 

On ne le retrouvera malheureusement pas non plus, a priori, dans le prochain film qu’il prépare pour fin 2015 ou 2016 : « The Famen Temple Code » (《法门寺密码》). 

 

 

 

Notes

(1) Il semble qu’il y ait eu incompatibilité d’humeur et de style entre le réalisateur et son producteur, celui-ci lui reprochant de se noyer dans les détails et de ralentir ainsi inutilement le tournage. Tsui Hark aimait la rapidité de l’action, alors que King Hu était beaucoup plus introspectif. Il conserve cependant le crédit du film.

(2) Le titre reprend les deux premiers caractères des noms des deux célèbres personnages, Liang Shanbo et Zhu Yingtai (梁山伯与祝英台), dont on a fait les avatars chinois de Roméo et Juliette. Pour leur histoire, voir le film de Sang Hu sur le même sujet. La référence de Tsui Hark est cependant, bien évidemment, le film de Li Han Hsiang (ou Li Hanxiang 李翰祥) de 1963 : « The Love Eterne » (même titre chinois), réalisé à partir de l’opéra huangmei adapté de la même légende.

(3) Sur Qu Bo et son roman, voir : www.chinese-shortstories.com/Auteurs_de_a_z_Qu_Bo.htm

 


 

Principale filmographie

 

en tant que réalisateur

 

1979 The Butterfly Murders 蝶变

1980 We’re going to Eat You 地狱无门

1980 Dangerous Encounters First Kind 第一类型危险

1981 All the Wrong Clues 鬼马智多星

1982 Aces Go Places 最佳拍档 (et suites en 1983 et 1984)

1983 Zu Warriors from the Magic Mountain 新蜀山剑侠

1984 Shanghai Blues 上海之夜

1985 Working Class 打工皇帝

1986 Peking Opera Blues刀马旦

1988 The Big Heat 城市特警

1989 The Master 龙行天下

1989 A Better Tomorrow 3 英雄本色3之夕阳之歌

1990 The Swordsman 笑傲江湖

1991 Once Upon a Time in China 黄飞鸿

1991 The Banquet 豪门夜宴

1991 The King of Chess (partly) 棋王

1992 Once Upon a Time in China 2 黄飞鸿2之男儿当自强

1993 Once Upon a Time in China 3 黄飞鸿3之狮王争霸

1993 Green Snake 青蛇

1994 Once Upon a Time in China 5 黄飞鸿5之龙城歼霸

1994 The Lovers 梁祝

1995 The Chinese Feast 金玉满堂

1995 Love in the Time of Twilight 花月佳期

1995 The Blade 

1996 Tristar 大三元

1997 Double Team 小倩

1998 Knock Off K.O.雷霆一击

2000 Time and Tide 顺流逆流

2001 Legend of Zu 蜀山传

2002 Black Mask 2 黑侠2

2005 Seven Swords 七剑

2007 Triangle 铁三角  

2008 Missing 深海寻人

2008 All About Woman 女人不坏

2010 Detective Dee and the Mystery of the Fantom Flame狄仁杰之通天帝国

2011 The Flying Swords of Dragon Gate 龙门飞甲

2013 Young Detective Dee : Rise of the Sea Dragon 《狄仁杰之神都龙王》

2014 The Taking of Tiger Mountain (3D) 《智取威虎山3D》
2015 The Famen Temple Code 《法门寺密码》

2017 Journey to the West: The Demons Strike Back 《西遊伏妖篇》
2018 Detective Dee 3 : The Four Heavenly Kings《狄仁杰之四大天王》
2021 The Battle at Lake Changjin 《长津湖》
 

en tant que producteur

 

1986 A Better Tomorrow 英雄本色John Woo 吴宇森

1987 A Better Tomorrow 2 英雄本色IIJohn Woo 吴宇森

1987 A Chinese Ghost Story 倩女幽魂Ching Siu-tung 程小东)

1990 The Swordsman 笑傲江湖King Hu 胡金铨 / Tsui Hark

1990 A Chinese Ghost Story 2 倩女幽魂Ⅱ:人间道Ching Siu-tung 程小东)

1991 A Chinese Ghost Story 3 倩女幽魂Ⅲ:道道道Ching Siu-tung 程小东)

1992 New Dragon Gate Inn 新龙门客栈Raymond Lee 李惠民)

1992 The Wicked City 妖兽都市Peter Mak 麦大杰)

1993 The Magic Crane 新仙鹤神针Benny Chan 陈木胜)

1996 Shanghai Grand 新上海滩 Poon Man-kit 潘文杰)

1996 Black Mask 黑侠 (Daniel Lee 李仁港)

2013 Christmas Rose 圣诞玫瑰Charlie Young 杨采妮) 

 


 

A lire en complément

Hong Kong New Wave Cinema, 1978-2000, by Pak Tong Cheuk, Intellect Books, Bristol/Chicago 2008, chap 4 Tsui Hark, 83-117

 

 

 

 

 
     
     
     
     
     
     
     
     

 

   

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 



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