Accueil Actualités Réalisation
Scénario
Films Acteurs Photo, Montage
Musique
Repères historiques Ressources documentaires
 
     
     
 

Acteurs

 
 
 
     
 

Jet Li 李连杰

Présentation

par Brigitte Duzan, 16 mars 2016

 

Champion de wushu [1], Jet Li (ou Li Lianjie 李连杰) est l’un des grands acteurs de films d’arts martiaux hongkongais, également producteur… et philanthrope.

 

Du wushu au cinéma

 

Jet Li est né à Pékin en avril 1963. Son père est mort quand il avait deux ans, à la veille de la Révolution culturelle. Il avait deux frères et deux sœurs plus âgés, la famille a donc traversé des moments difficiles.

 

Jet Li

  

Champion de wushu

 

Au moment des vacances, pendant l’été 1971 (il avait donc huit ans), les enfants des écoles primaires furent envoyés dans une école sportive pour qu’ils ne traînent pas dans les rues. Les enfants furent divisés en groupes pratiquant diverses disciplines, et il fut assigné au groupe de wushu [2]. A la fin des vacances, sur le millier d’enfants du groupe, une vingtaine des plus doués fut sélectionnée pour continuer, dont Jet Li. Ils devaient revenir tous les jours après l’école pour poursuivre l’entraînement. Jet Li était le plus jeune.

 

Jet Li enfant

 

Au cours des trois mois suivants, d’autres furent à nouveau éliminés, et les quatre restants furent regroupés avec ceux qui avaient commencé pendant les vacances d’hiver précédentes. L’entraînement devint plus rigoureux. Pendant l’hiver, en outre, comme il n’y avait pas de locaux couverts, il se faisait à l’extérieur, dans un froid glacial. L’un de ses maîtres était Wu Bin (吴彬), coach célèbre qui a raconté lui avoir acheté la viande nécessaire à sa condition physique parce que sa famille ne pouvait pas lui en payer.

 

Jet Li fit sa première compétition l’année suivante, à l’âge de neuf ans. C’était la première compétition nationale de wushu en Chine depuis le début de la Révolution culturelle. Elle s’est tenu à Jinan, dans le Shandong, et c’était la première fois que Jet Li quittait Pékin. Il décrocha le seul prix décerné cette année-là : le prix d’excellence. A partir de là, il fut dispensé de

la moitié des cours de la journée, à l’école, pour pouvoir s’entraîner de manière plus intensive.

 

La Chine se préparait à accueillir les Championnats de ping-pong d’Asie, Afrique et Amérique latine, et, voulant donner un grand éclat à cette première manifestation internationale depuis des lustres sur le sol chinois, organisa des parades comme pour l’ouverture des Jeux olympiques, avec, entre autres, représentations d’Opéra de Pékin et de wushu. Jet Li devait participer à trois numéros sur cinq, avec des répétitions épuisantes. L’événement eut lieu dans le grand stade de Pékin, et Jet Li fut ensuite reçu avec son groupe par le premier ministre Zhou Enlai.

 

C’était en 1972. Il participa ensuite à nombre de manifestations officielles, dont la plus mémorable est certainement sa représentation de wushu donnée en 1974 dans la Roseraie de la Maison blanche pour le président Nixon, après le rétablissement des relations diplomatiques entre les Etats-Unis et la Chine. Nixon lui aurait même proposé de devenir son garde du corps.

 

Il est resté champion national de wushu jusqu’en 1979, spécialiste de différents styles, mais surtout du nord, et participant à différents voyages "d’amitié" au Moyen Orient, en Afrique, en Asie et en Europe entre 1976 et 1979. Il s’est alors retiré de la compétition pour faire du cinéma.

 

Débuts au cinéma

 

Il a commencé au cinéma avec le réalisateur Chang Hsin-yen (张鑫炎) qui lui a donné son premier rôle – un jeune moine novice - dans « Le Temple de Shaolin » (《少林寺》) sorti en janvier 1982. Son nom fut changé en Jet Li sur les affiches de la campagne publicitaire aux Philippines, sur la base de son surnom dans l’équipe de wushu, « jet » pour la rapidité de ses mouvements.

 
 

Dans Le Temple de Shaolin, 1982

 

Les Enfants de Shaolin, 1984

 

Premier film de Hong Kong à avoir été tourné en Chine populaire, au lendemain de la Révolution culturelle, le film a été suivi de deux séquelles : la comédie kungfu « Les Enfants de Shaolin » (《少林小子》) réalisée par le même réalisateur et sortie en 1984, et, deux ans plus tard, « Les Arts martiaux de Shaolin » (《南北少林》) réalisé par Lau Kar-leung (刘家良) avec une équipe de la Shaw Brothers.

 

Ces films ont eu un impact considérable. Ils

ont entraîné la renaissance du temple de Shaolin, à Denfeng (登封), dans la préfecture de Zhangzhou (郑州市), au Henan, et ont relancé la mode des films dits « de kungfu », dont Jet Li est devenu une nouvelle star, après Bruce Lee.  

 

Les années d’or des films d’arts martiaux

 

Once Upon a Time in China 

 

Après « Dragon Fight » (《龙在天涯》), en 1989, où il joue aux côtés de sa seconde épouse, Nina Li Chi (利智), épousée en 1999, mais qui n’a pas par ailleurs grand intérêt, Jet Li enchaîne avec l’un de ses grands rôles : celui du héros national Wong Fei-hung dans « Once Upona Time in China » (《黄飞鸿》), le grand classique de 1991 de Tsui Hark coproduit par son Film Workshop et la Golden Harvest.

 

Once Upon a Time in China

 

Once Upon a Time in China, trailer

 

Mêlant l’imaginaire des arts martiaux, avec des combats plus aériens que violents, et la satire historique et sociale, avec une narration sans guère de cohérence mais le tirant vers la comédie, le film rencontre un tel succès qu’il déclenche une véritable folie des arts martiaux à Hong Kong, jusqu’au milieu des années 1990. Il est suivi d’une série de quatre autres films, autour du même personnage légendaire de Wong Fei-hung.

 

Mais Jet Li ne joue que dans les trois premiers : outre celui de 1991, « Once Upona Time in China 2 » (《黄飞鸿之二 :男儿当自强》) sorti en 1992 et « Once Upon a Time in China 3 » (《黄飞鸿之三 :狮王争霸》) en 1993. Les deux premiers films de la série sont parmi les plus populaires de ce qui est considéré comme l’âge d’or du cinéma de Hong Kong, la période de 1986 à 1993.

 

Jet Li jouera encore dans une pseudo-parodie de la série, toujours autour du personnage de Wong Fei-hung: « Last Hero in China » (《黄飞鸿之铁鸡斗蜈蚣》), réalisé par Wong Jing (王晶) et sorti également en 1993. On sent l’exploitation d’un filon, avec des effets beaucoup plus appuyés, tant pour ce qui concerne la violence que la comédie, Wong Fei-hung déménageant dans des locaux plus spacieux, mais situés à côté d’un hôtel de passe…

 

Jet Li reprendra le rôle de Wong Fei-hung, enfin, dans le 6ème et dernier film de la série, « Once Upona Time in China and America » (《黄飞鸿之西域雄狮》), sorti à Hong Kong en février 1997 – un film coréalisé par Lau Kar-wing (刘家荣) et Sammo Hung (洪金宝) également auteur de la chorégraphie des scènes de combats.

 

D’une légende à l’autre

 

Entre temps, Jet Li a tourné un film (vaguement) adapté du roman de Jin Yong (金庸) « The Smiling Proud Wanderer » (《笑傲江湖》) [3] : « Swordsman 2 » (《笑傲江湖之东方不敗》), second film de la trilogie de Ching Siu-tung (程小东) sorti en 1993, où c’est cependant Brigitte Lin (林青霞), dans le rôle de Dongfang Bubai (东方不败), qui a la vedette.

 

Taichi Master, 1993

 

Cette même année 1993, Jet Li joue aussi, aux côtés de Michelle Yeoh, dans le « Tai Chi Master » (《太极张三丰》) réalisé par l’autre grand chorégraphe d’arts martiaux de Hong Kong, Yuen Woo-ping (袁和平), film également produit par l’acteur qui s’engage de plus en plus dans la production des films où il joue.

 

Après un film sur un sujet contemporain de Corey Yuen (元奎), il tourne un nouveau film dans la lignée des Shaolin,

sorti en mars 1994 : « The New Legend of Shaolin » (《洪熙官之少林五祖》), coréalisé par Corey Yuen et Wong Jing. Le film raconte les exploits de Hung Hei-gun, ou Hung Hsi-kuan (洪熙官), un marchand de théqui s’est révolté contre le gouvernement des Qing, à la fin de la dynastie, et qui a rejoint le temple de Shaolin du sud, dans le Fujian.  

 

Le film est basé sur une relation père-fils entre l’abbé du monastère et l’ex-marchand, relation que l’on retrouve dans un film de 1995 de Corey Yuen : « My Father is a Hero » (《给爸爸的信》), histoire d’un officier de police - interprété par Jet Li - et de son fils, la mère étant interprétée par Anita Mui (梅艳芳). C’est une parenthèse dans les films d’arts martiaux.

 

Jet Li est cependant revenu en 1994 vers les grands rôles de maîtres d’art martiaux légendaires, avec « Fist of Legend » (《精武英雄》) de Gordon Chan (陈嘉上), un remake du « Fist of Fury » (精武门) de 1972 de Lo Wei (罗維) avec Bruce Lee dans son second grand rôle, celui de Chen Zhen (陈真), l’élève (fictif) de Huo Yuanjia (霍元甲).

 

Films américains

 

Fist of Legend, 1994

 

A partir de 1998, Jet Li est appelé à Hollywood où il joue dans cinq films entre « Lethal Weapon 4 » de Richard Donner en 1998 et « The One », un film d’arts martiaux traité en science-fiction, en 2001.

 

Pendant cette période, il a refusé de jouer dans « Tigre et dragon » (《卧虎藏龙》), parce que, dit-on, sa femme lui avait fait promettre de ne pas jouer pendant qu’elle était enceinte, mais il a aussi refusé le rôle de Seraph dans « The Matrix ».

 

De Hero à Fearless

 

Hero, 2002

 

Son grand rôle du début des années 2000 est à nouveau dans un film chinois, un blockbuster qui a battu des records historiques de recettes lors de sa sortie à Hong Kong et en Chine en 2002 : c’est le rôle de Sans nom (无名), aux côtés de Tony Leung Chiu-wai et Donnie Yen, dans « Hero » (《英雄》) de Zhang Yimou, réalisé dans la foulée de « Tigre et dragon » - une sorte de revanche pour Jet Li qui avait dû renoncer au rôle finalement tenu par Chow Yun-fat.

 

Après un retour aux Etats-Unis pour quelques films, il revient en Chine pour interpréter une autre légende des arts martiaux, Huo Yuanjia (霍元甲). Cette fois le film est réalisé par Ronny Yu (于仁泰), c’est l’un des succès de l’année 2006 à Hong Kong : « Fearless » (《霍元甲》).

 

Le film a connu un succès d’autant plus grand que Jet Li avait annoncé que ce serait son dernier film d’arts martiaux ; le public s’est donc précipité pour le voir. Il a pourtant continué à tourner, et dès l’année suivante,

 

Fearless (Huo Yuanjia), 2006

mais, après « War », thriller américain chorégraphié par Corey Yuen, sorti aux Etats-Unis en juillet 2007, ce sont des films et des rôles différents, loin des démonstrations de wushu.

 

The Warlord et après

 

Le général Pang dans The Warlords, 2007

 

Fin 2007, il est en Chine pour interpréter le rôle du général Pang (庞将) dans « The Warlords » (《投名状》) – ou « Les Seigneurs de guerre » - de Peter Chan (陈可辛), aux côtés d’Andy Lau et de Takeshi Kaneshiro ; c’est un film qui met l’accent sur la ligne narrative plutôt que sur les arts martiaux, et qui vaut à Jet Li un prix d’interprétation aux Hong Kong Film Awards en 2008 : il est dans ce film un combattant tragique, aux qualités martiales à peine esquissées, muré dans ses dilemmes et son sentiment de culpabilité.

  

En 2008, il joue dans deux films américains : le rôle de Sun Wukong (the Silent Monk) dans « The Forbidden Kingdom » (《功夫之王》) de Rob Minkoff avec Jackie Chan, sur un scénario de John Fusco et avec des séquences de combat chorégraphiées par Yuen Woo-ping. Et le rôle de l’empereur dans un film d’horreur américain qui se passe en Chine sous la dynastie des Han, « The Mummy : Tomb of the Dragon Emperor ».

 

Ocean Heaven

 

En 2010, « Ocean Heaven » ou « Océan Paradis » (《海洋天堂》) de Xue Xiaolu (薛晓路) est une agréable surprise, avec un Jet Li dans un rôle inattendu et très bien interprété de père d’un enfant autiste se sachant condamné par un cancer du foie, et tentant l’impossible pour rendre son fils autonome avant de disparaître.

 

Océan Paradis, 2010

 

Le moine Fahai dans The Sorcerer and the White Snake

 

On sait que Jet Li a défendu et promu le film et s’y est beaucoup investi, comme il l’avait d’ailleurs également fait pour « Fearless ». On retrouve dans les deux cas un reflet de ses convictions de bouddhiste. Mais, dans le second, on ressent une empathie profonde avec le sujet.

 

En 2011, il a retrouvé Ching Siu-tung pour le rôle du moine Fahai (法海) dans « The Sorcerer and the White Snake » (《白蛇传说之法海》), film en 3D basé sur la légende du serpent blanc, sorti en septembre à la Biennale de Venise.

 

Et la même année, il a joué l’un des rôles principaux dans « Flying Swords of Dragon Gate » (《龙门飞甲》) réalisé par Tsui Hark, également en 3D, comme une suite, plutôt qu’un remake, de son propre « New Dragon Gate Inn » (《新龙门客栈》) de 1992, lui-même remake du « Dragon Gate Inn » (《龙门客栈》) de King Hu.

 

Flying Swords of Dragon Gate

 

Cependant, l’acteur a révélé en 2013 qu’il souffrait d’hyperthyroïdie, et ne pouvait plus faire d’exercices trop violents. Mais il a continué à tourner.

 

En 2016, l’acteur Vin Diesel avec lequel il devait jouer dans « xXx: The Return of Xander Cage » a révélé qu’il avait dû être remplacé par Donnie Yen. Mais c’est peut-être tout simplement parce qu’il devait tourner un autre film, « Feng Shen Bang 3D » (《封神榜》), adapté du roman du 16ème siècle « L’Investiture des dieux » ou Fengshen Yanyi (《封神演义》) qui raconte la chute du roi Zhou, dernier souverain de la dynastie des Shang. Jet Li interprète le rôle du stratège Jiang Ziya (姜子牙), conseiller du futur fondateur de la dynastie des Zhou.

 

Philanthropie

 

Après des années de travail aux Etats-Unis, il avait obtenu la citoyenneté américaine, mais il y a renoncé en 2009 pour adopter la nationalité singapourienne, semble-t-il pour ses deux filles.

 

Depuis 2006, il est par ailleurs ambassadeur de la Croix rouge de Chine. En 2007, il était aux Maldives lors du tsunami qui a frappé la côte. Il a ensuite créé une fondation pour venir en aide aux victimes de catastrophes naturelles. Il a ainsi apporté de l’aide en 2008 aux victimes du Typhon Morakot à Taiwan et à celles du tremblement de terre du Sichuan, et en 2013 à celles du tremblement de terre de Lushan, à Yan’an.

 

En 2011, il a fondé la société Taiji Zen avec Jack Ma dans le but de promouvoir le bien-être physique et moral à travers des exercices de taijiquan, en particulier.

 

 

Filmographie

https://en.wikipedia.org/wiki/Jet_Li_filmography

 

 

A lire en complément

 

Les détails de ses premières années (jusqu’en 1979) sur son site officiel (en anglais et chinois)

https://web.archive.org/web/20080825151218/http://www.jetli.com/jet/index.php?s=life&l=en&ss=essays&p=0

 


 


[1] Wushu (武术), autrement dit les arts martiaux.

[2] Détail qui permet au passage de relativiser l’interdiction officielle des arts martiaux en Chine à partir de 1949, interdiction officiellement levée en 1989. La pratique des arts martiaux fut donc réintroduite dans les écoles dès le début des années 1970, dans un climat de relative ouverture qui a vu aussi la timide reprise des tournages aux studios de Shanghai. Mais elle était tournée vers la représentation, et non considérée comme sport de combat.

 

 

 

 

 

 

 
     
     
     
     
     
     
     
     

 

   

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 



Qui sommes-nous ? - Objectifs et mode d’emploi - Contactez-nous - Liens

 

© ChineseMovies.com.fr. Tous droits réservés.

Conception et réalisation : ZHANG Xiaoqiu