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6ème
édition du Festival du cinéma chinois en France : à partir
du 24 mai 2016
par Brigitte Duzan, 18 mai 2016
Créé en 2011 par ce qui était alors le SARFT (Administration
d’Etat en charge de la radio, de la télévision et du cinéma)
et par le ministère de la Culture chinois, le Festival du
cinéma chinois en France (FCCF)
se veut une vitrine du « meilleur » cinéma chinois actuel,
mais le cinéma officiel, celui sorti en salles et dûment
approuvé, meilleur étant en l’occurrence à prendre au sens
où l’entendent aujourd’hui les autorités chinoises : les
films qui ont fait le plus d’entrées en salles
.
Le Festival a en effet aussi (et sans doute surtout) pour
vocation de développer les partenariats et les échanges,
dans un contexte professionnel, et la vitrine doit servir
d’exemple de ce que l’industrie cinématographique chinoise
est capable d’apporter à un partenaire : l’accent est mis
sur le fameux box-office.
Ce « best of » qu’annonce le dossier de presse n’est donc
pas forcément celui qu’attend un amateur de cinéma, et il
convient de faire la part des choses, dans une optique
strictement cinéphile.
Le film choisi pour la soirée d’ouverture est la séquelle de
« Tigre
et dragon » (《卧虎藏龙》)
réalisée par
Yuen Woo-ping (袁和平),
qui s’annonce malheureusement, malgré tout le respect que
l’on doit à ce très grand chorégraphe d’arts martiaux, comme
un superbe raté : quelle idée de vouloir donner une suite à
un film devenu quasiment mythique - même si ce n’en est pas
vraiment une? A la limite, on aurait pu imaginer
Ang Lee le faire,
mais justement il a décliné la proposition.
Que voir parmi les dix autres films ?
Dans le genre animation, « Monkey King, Herois
Back » (《西游记之大圣归来》)
a été une surprise, et surtout pour son scénario :
il fait intervenir un jeune enfant qui se réfugie
dans les montagnes après que son village a été
attaqué par des monstres, et qui y délivre le Roi
des singes emprisonné dans sa cage de glace. C’est
un film rafraîchissant ; même la grande spécialiste
du cinéma chinois d’animation, Marie-Claire
Quiquemelle, s’est déclarée conquise. |
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Monkey King, Hero is
back |
Monster Hunt |
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Ironie du sort : le film avait été boudé par les
salles qui n’y avaient vu qu’un Roi des singes de
plus, il a été repêché par les internautes qui lui
ont fait sa pub sur les forums. Un exemple de plus
de l’ineptie des choix officiels actuels en matière
de cinéma.
Dans le style comico-néo-fantastique, « Monster
Hunt » (《捉妖记》)
de Raman Hui (许诚毅),
pourra animer un après-midi en famille un jour de
pluie ; petit monstre mis à part, on le verra autant
pour Tang Wei (湯唯)
que pour Bai Baihe (白百何)
qui figure en tête d’affiche – c’est l’actrice
découverte dans le film-surprise de 2011,
« Love
is not Blind » (《失恋33天》).
Ces deux films ont battu des records
statistiques en juillet dernier, mois, il est vrai,
traditionnellement réservé aux sorties de films
chinois. |
The Master |
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Dans le genre wuxia, le spécialiste
Xu Haofeng (徐浩峰)
nous arrive avec un troisième film : « The Master »
(《师父》).
Xu Haofeng
est d’abord un littéraire, auteur de romans de
wuxia d’une érudition sans borne. Il a contribué
par ailleurs à renouveler le genre au cinéma avec
ses deux premiers films, et surtout le premier
« The
Sword Identity » (《倭寇的踪迹》).
Superbe film, mais un tantinet ésotérique, qui n’a
pas établi de records au box-office. Xu Haofeng
revient donc avec un film beaucoup plus grand public
(chinois), avec en particulier comme interprète
principal l’acteur à la mode depuis
«
Black Coal, Thin Ice »
(《白日焰火》),
Liao Fan (廖凡).
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Mojin the Lost Legend |
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Signalons
« Mojin the Lost Legend » (《鬼吹灯之寻龙诀》)
de
Wu Ershan (乌尔善),
parce qu’il inaugure un nouveau genre, adapté de
séries de romans à succès : les histoires de
pilleurs de tombes
.
Mais surtout parce que Wu Ershan a montré avec ses
films précédents qu’il était un réalisateur,
imaginatif, original et plein d’humour. Il s’est en
outre entouré pour ce film d’excellents interprètes,
dont Chen Kun (陈坤),
Huang Bo (黄渤)
et
Shu Qi (舒淇).
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I’m Somebody |
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Le film de
Derek Yee (尔冬升),
« I’m Somebody » (《我是路人甲》),
est sans doute une comédie originale, sur le milieu
des figurants de cinéma, leurs histoires en coulisse
et leurs rêves. « I’m Somebody » a été le film
d’ouverture du
Festival de Shanghai, en juin 2015.
Mais il faut s’armer de patience car, comme la
plupart des films chinois qui sortent en ce moment,
c’est très long (plus de deux heures). C’est le type
de film d’un réalisateur hongkongais fait et formaté
aujourd’hui pour le public de Chine continentale.
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The Dead End |
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S’il est un film qui semble sortir quelque peu du
lot, dans le programme de cette édition du FCCF,
c’est celui de
Cao Baoping (曹保平)
qui fait presque figure de film d’art et d’essai
dans le contexte : « The Dead End » (《烈日灼心》).
Un film qui a été l’un des quatorze films de la
sélection internationale du
Festival de Shanghai en juin 2015,
où le trio d’acteurs a remporté le prix
d’interprétation tandis que le réalisateur était
également récompensé.
C’est un film policier, mais qui se sert de
l’intrigue pour développer une peinture sociale
décapante, comme le roman dont il est adapté,
« Taches solaires » (《太阳黑子》),
premier roman, publié en 2010, de la romancière Xu
Yigua (须一瓜)
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Twelve Citizens |
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Enfin, on ne peut passer sous silence le premier
film d’un jeune surdoué nommé
Xu Ang (徐昂)
qui a commencé au théâtre et qui, pour son premier
film, a signé un remake du film célèbre de Sydney
Lumet « Douze hommes en colère ». Son film, « Twelve
Citizens » (《十二公民》),
a été primé au festival de Rome en octobre 2014.
Le festival tournera en province après Paris.
Le programme complet sur le site du festival :
http://www.festivalducinemachinois.com |
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