par Brigitte
Duzan, 28 mai 2013, actualisé 6 février 2023
Zhang Yimou
restera dans les annales du cinéma comme l’une des
figures de proue de ce qu’il est convenu d’appeler
la « cinquième génération » des réalisateurs
chinois.
La
cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques de Pékin,
en août 2008, semble cependant avoir marqué l’apogée
de sa créativité. Passé dans les rangs du cinéma
officiel, tel Faust après son pacte avec le diable,
il semble avoir perdu son âme. Dieu sait pourtant
qu’il avait du talent !
Photographe, à la force du poignet
Zhang Yimou
est né le 14 novembre 1951 à Xi'an, dans le Shaanxi
(陕西西安). Son père avait été officier dans l’armée nationaliste, pendant la
guerre ; un de ses oncles et son frère aîné avaient
fui avec les nationalistes à Taiwan en 1949. Leurs
ancêtres avaient été paysans, mais certains
propriétaires. Rien de tout cela ne lui facilita la
vie.
Zhang Yimou
Son père lui avait
choisi un prénom sophistiqué,
诒谋Yímóu,
par lequel il signifiait l’espoir que son fils saurait, par
ses réalisations, apporter la gloire à ses ancêtres grâce au
talent qu’il avait hérité d’eux (1). Il ne savait pas que ce
serait effectivement le cas, mais, en attendant, tout le
monde écorchant et estropiant ce caractère
诒 que personne ne
connaissait, le fils allait le changer en
艺yì,se mettant
ainsi sous les auspices de l’art. Mais il lui faudrait du
temps pour que ce vœu implicite se réalise.
Zhang Yimou jeune
La fin du
lycée coïncide pour lui avec le début de la
Révolution culturelle. En 1968, dans le cadre du
mouvement d’envoi des jeunes dans les zones rurales
et montagneuses (上山下乡), il est envoyé travailler dans une ferme de l’agglomération de Qianxian
(乾县),
dans le district de Xianyang (咸阳), à l’ouest de Xi’an. Il y reste trois ans, fasciné par la beauté des
paysages et de la nature autour de lui.
En 1971, il
est transféré dans la filature de coton n° 8 de
Xianyang (咸阳市棉纺八厂), comme simple ouvrier. Il dessine, peint, et finit par s’acheter un
appareil photo avec lequel, à ses heures de loisir,
il parcourt la campagne pour prendre des photos, en
noir et blanc, mais superbes. Il en montre à ses
camarades, à l’usine, et devient vite connu ; le
département de propagande de l’usine lui demande, à
l’occasion, d’aider à faire des affiches et des
prospectus.
En 1978 est
annoncée la réouverture des universités ; il voit une
annonce dans le Quotidien du Peuple (《人民日报》)
invitant à poser sa candidature à l’Institut du cinéma de
Pékin. Un de ses amis l’incite à le faire.
Le problème
est qu’il a déjà vingt-sept ans, et que la limite
d’âge est de vingt-deux. Soutenu par ses amis, dont
le peintre Bai Xueshi
(白雪石),
il envoie un dossier, avec des photos et des dessins
de sa main, au ministre de la culture qui a été
nommé l’année précédente, Huang Zhen (黄镇).
Frappé par
la qualité de ces œuvres, Huang Zhen décide de faire
une exception à la règle : Zhang Yimou est admis,
dans le département de photographie.
Zhang Yimou et Xiao
Hua vers 1985
Cette même année
1978, il épouse Xiao Hua (肖华)
avec laquelle il a
fait toutes ses études. Ils auront un enfant en 1983.
De la
photographie à la réalisation
Zhang Yimou
découvre le cinéma à l’Institut du
cinéma de Pékin avec la promotion
qui va bouleverser les schémas classiques et les habitudes
acquises. La Révolution culturelle a laminé les idées
reçues, le cinéma chinois renaît dans une sorte de ferveur
iconoclaste, comme tout le pays.
1979-1981 : La
photographie d’abord, comme art d’avant-garde
Affiche de
l’exposition de photographies d’avril 1979 à Pékin
La
photographie est alors à l’avant-garde de la scène
artistique. En avril 1979, organisée par un groupe
de jeunes passionnés de photo, une exposition d’une
centaine de photographies intitulée « Nature.
Société. Homme » (《自然·社会·人》)
a lieu à Zhongshan Park, à Pékin, sur le thème de la
vie quotidienne des gens ordinaires. Le succès est
immense, reflétant le goût des jeunes artistes pour
le réalisme dans l’expression, et d’un certain
retour à la nature, et à l’homme.
Zhang Yimou
est introduit par un de ses camarades de promotion
auprès de Wang Liping (王立平),
l’un des organisateurs de l’exposition qui est
ensuite reconduite les années suivantes, toujours en
avril : c’est « l’exposition photographique
d’avril » (四月影会).
Zhang Yimou participe à celle de 1980, avec une
série de sept photographies grand format intitulée
« Cette génération » (这代人),
illustrant les relations entre les « jeunes
éduqués » et la campagne où ils ont été envoyés.
Il avait porté une
attention particulière au format, allant jusqu’à imaginer,
en l’absence de bacs assez grands pour développer ses
clichés, d’imprégner du coton de liquide de développement,
et de le passer patiemment sur le papier photo, lui-même
acheté en rouleaux (2). Mais, quand il vit ses photos
exposées au milieu des autres, elles étaient perdues dans la
masse. L’écran de cinéma lui apparut alors comme le support
idéal pour montrer ces images sans les diminuer.
1982-1983 :
Premiers pas avec « One and Eight »
Les assignations à
des studios commencèrent en avril 1982. Le principe retenu
était une application du principe
national général d’assignation des emplois : chacun devait
être envoyé dans le studio le plus proche du lieu où
habitait sa famille, où se trouvait un poste disponible.
Evidemment tout le monde voulait rester à Pékin, comme
Chen
Kaige ou
Tian Zhuangzhuang, mais chacun devait se conformer
aux directives : « Le Parti demande l’obéissance la plus
totale, le héros est volontaire pour aller n’importe où. »
Le studio du
Guangxi (广西电影制片厂)
envoya spécialement un de ses représentants à Pékin pour
recruter une équipe d’une dizaine de personnes. Pénalisé par
sa situation excentrée, à l’extrême sud de la Chine, il
avait besoin de cerveaux sinon de bras. Mais c’était un
choix difficile pour tous les candidats, car, une fois
qu’ils auraient renoncé à leur hukou pékinois, il
leur serait difficile de revenir dans la capitale.
Finalement,
c’est un petit groupe de quatre jeunes cinéastes
solidaires qui partit ainsi à Nanning en septembre
1982, en calculant qu’ils auraient plus de chance de
pouvoir réaliser tout de suite un film dans un
petite entité que dans un gros studio où il leur
faudrait gravir peu à peu tous les échelons de la
hiérarchie : ce sont Zhang Junzhao (张军钊),
Xiao Feng (肖风),
He Qun (何群)
et Zhang Yimou.
C’est leur
décision qui est en grande partie à la base du
renouveau du cinéma chinois. Leur premier film est
en effet le coup d’envoi de la cinquième génération,
un film sur un thème qui les concernait tous, le
conflit entre la loyauté et
Sur le tournage de «
One and Eight », de g à dr :
He Qun, Zhang Yimou,
Xiao Feng et Zhang Junzhao
l’injustice :
« One and Eight »
(《一个和八个》),
sorti en 1983, réalisé par Zhang Junzhao avec Zhang Yimou et
Xiao Feng comme chefs opérateurs et He Qun comme directeur
artistique.
La photographie,
dans ce film, est particulièrement novatrice, avec des
compositions asymétriques où les acteurs sont décentrés et
obscurcis, des photos prises sous des angles inhabituels et
un style se rapprochant du noir et blanc, bien que le film
soit en couleur, pour privilégier l’impact visuel et éviter
l’expression directe des sentiments. Zhang Yimou, en
particulier, résista aux pressions des dirigeants du studio
comme des acteurs qui auraient préféré un style plus
classique, reflétant un caractère endurci par trente ans de
lutte quotidienne qui n’avait plus envie de faire de
compromis.
Le film marque en
outre le début d’une méthode de travail complètement
différente de ce qui existait jusque là, avec une
coopération très étroite entre tous les membres de l’équipe,
et une réflexion commune sur le scénario se prolongeant même
en cours de tournage. Zhang Yimou l’appliqua lui-même à ses
débuts de réalisateur, pour
« le Sorgho rouge » (《红高粱》).
Il reviendra par la
suite au studio du Guangxi : en 1999 et 2000 pour tourner
« Pas un de moins » (《一个都不能少》)
et « Happy Times » (《幸福时光》).
1984 : Yellow Earth
« One and Eight »
fut projeté au Bureau du cinéma à Pékin en novembre 1983.
Zhang Junzhao et ses trois collègues en profitèrent pour le
projeter aussi au studio de Pékin en invitant leurs amis,
anciens professeurs et camarades. Le film n’eut pas tout de
suite le visa de censure, mais il obtint un soutien
enthousiaste des professionnels qui l’avaient vu au studio.
Le Bureau du cinéma
ordonna quelques révisions, mais donna le feu vert à la même
équipe pour se lancer dans un second film. De retour à
Nanning, He Qun proposa alors au studio du Guangxi le
scénario d’un film que lui avait remis Chen Kaige à Pékin.
L’histoire fut jugée trop sombre, mais l’idée de faire venir
Chen Kaige pour tourner un film fut retenue.
Les trois complices
sur le tournage de « La Terre jaune » :
de g à dr Zhang Yimou,
Chen Kaige et He Qun
Le studio
lui fournit un scénario de Zhang Ziliang (张子良),
adapté d’un recueil d’essais de Ke Lan (柯蓝)
intitulé « Echos au-dessus du ravin » (《深谷回声》).
Après révision effectuées au terme de recherches
menées sur le terrain, dans le nord du Shaanxi,
c’est ce scénario qui, allait donner
« La terre
jaune » (《黄土地》),
avec, à nouveau, Zhang Yimou comme chef opérateur,
et He Qun comme directeur artistique.
Toute la
cinquième génération était préfigurée par ce film,
la filmographie à venir de Zhang Yimou aussi, à
commencer par
« Le sorgho rouge »
(《红高粱》)
: un film rythmé par la musique - de
Zhao Jiping (赵季平)
- et les percussions, et exprimé en images dont toute la
force réside dans leur symbolisme, ces images étant
elles-mêmes résumées en une seule (selon
Chen Kaige) : le
fleuve Jaune vu de loin, résumant toute la civilisation et
la culture nées sur ses bords…
1986 : Retour à
Xi’an
Après avoir
à nouveau collaboré avec
Chen Kaige pour tourner
« La grande parade » (《大阅兵》), Zhang Yimou revint chez lui en 1986, appelé par
Wu Tianming (吴天明)
qui préparait
« Le vieux puits » (《老井》)au studio
de Xi’an. Mais, cette fois-ci, Zhang Yimou était non
seulement le chef opérateur mais aussi l’acteur
principal, aux côtés de l’actrice Lü Liping (吕丽萍).
C’est
pendant le tournage, au printemps 1986, que Zhang
Yimou commença à songer à réaliser lui-même son
propre film et à chercher un scénario. Connaissant
ses goûts, en particulier
Zhang Yimou dans « Le
vieux puits »
pour Mo Yan (莫言),
son épouse Xiao Hua, qui était bibliothécaire, lui suggéra
la première partie d’un roman qui venait de paraître dans la
revue « Littérature du peuple » (人民文学) :
« Le clan du sorgho » (《红高粱家族》).
La base du scénario
était trouvée, le reste suivit très vite.
« Le
sorgho rouge » (《红高粱》)
sortit en 1987. On trouve dans l’équipe du film les vieux
amis de Zhang Yimou, dont Wu Tianming pour la production,
Zhao Jiping pour la musique, et, pour la photographie, Gu
Changwei que Zhang Yimou avait connu au lycée et qu’il avait
retrouvé à l’Institut du cinéma de Pékin.
« Le sorgho rouge »
obtint l’Ours d’or au 38ème festival de Berlin
en 1988, consacrant Zhang Yimou comme réalisateur chinois
idolâtré des critiques occidentaux.
Il consacrait
aussi, aux côtés de
Jiang Wen (姜文),
une jeune actrice de vingt-deux ans qui n’avait même pas
terminé ses études :
Gong Li (巩俐). C’était le début d’une fabuleuse histoire qui allait durer plus de dix
ans, nourrir des chefs d’œuvre et entraîner au passage le
divorce de Zhang Yimou d’avec Xiao Hua, en 1989.
Une
demi-décennie de chefs d’œuvre
1989-1990 :
Judou
Le premier
des deux films qui suivent n’est pas une réussite.
Sorti en 1989, « Codename Cougar », ou
« Opération Jaguar » (《代号美洲豹》),
est un film policier coréalisé avec Yang Fengliang (杨凤良),
avec
Gong Li (巩俐),
Ge You (葛优)
et Wang Xueqi (王学圻)
dans les rôles principaux,
et Gu Changwei à la photo.
Le scénario
déroule une histoire mal ficelée d’avion
Taipei-Séoul victime d’un détournement vers Pékin,
par des rebelles taïwanais. Financé par un ami, le
film couvrit juste ses frais. Zhang Yimou avait pour
excuse que son scénario avait été sabré par la
censure, mais il l’a désavoué par la suite.
La même
année, il prépare un autre film, également coréalisé
avec Yang Fengliang, qui sort en 1990 et qui est,
lui, un succès :
« Judou » (《菊豆》).
Codename Cougar
Avec Gong Li
Le premier
atout du film est son scénario, signé Liu Heng
(刘恒),
écrivain et excellent scénariste (3), et adapté
d’une de ses nouvelles : « Fuxi, Fuxi » (《伏羲伏羲》).
Liu Heng y
raconte l’histoire de Judou (菊豆),une jeune
femme qui a été achetée par un veuf, riche
propriétaire d’une teinturerie, Yang Jinshan (杨金山).
Comme, malgré tous ses efforts, iln’arrive
pas à concevoir l’héritier désiré, il devient
furieux, et sadique envers Judou. Le neveu que Yang
Jinshan a adopté, Yang Tiangqing (杨天青),
lui, a plus de succès. Judou donne
naissance à un fils, à la grande joie de Jinshan,
qui déchante cependant quand il réalise qu’il n’est
pas le père. Paralysé après un accident, il ne peut
que constater la liaison de plus en plus ouverte et
passionnée de sa femme et de son neveu….
Liu Heng a
donné à son histoire violente d’amours illites des
références mythologiques qui plongent jusqu’aux
mythes de création
chinois, les désirs et instincts primaires revêtant
dans le film une importance primordiale comme force
créatrice. Zhang Yimou
s’est donc placé là dans la continuité directe de
son premier film,
« Le sorgho rouge », dont
« Judou » retrouve la force quasi tellurique.
Avec ce
film, Zhang Yimou amorce ses grandes fresques
historiques de la première moitié de la décennie
1990 qui ont deux points essentiels en commun : ce
sont, comme lui, des films adaptés d’œuvres
littéraires, et centrés sur un personnage féminin
rebelle aux normes de la société de son temps,
interprété par une Gong Li touchée par la grâce.
En même
temps,
« Judou » est l’un des derniers films tournés
en Technicolor : nous sommes au tournant d’une
époque.
Judou
1990-1994 : trois
chefs d’œuvre coup sur coup
1. La
décennie 1990 s’ouvre avec le film qui vaut à Zhang
Yimou tous les honneurs de la communauté
cinématographique et cinéphile internationale :
« Épouses
et concubines » (《大红灯笼高高挂》),
adapté d’une nouvelle de Su Tong (苏童)
dont le titre a donné la traduction française de
celui du film (《妻妾成群》)
(4).
Sorti en
première mondiale en septembre 1991 à la Biennale de
Venise, il y décroche le Lion d’argent. Le scénario
avait été approuvé par les censeurs chinois, mais la
version finale du film fut interdite. L’interdiction
joua autant, sans doute, que les critiques
unanimement enthousiastes pour porter Zhang Yimou au
pinacle, et Su Tong avec lui. Pourtant, il n’avait
participé ni à l’adaptation du roman ni au tournage,
le réalisateur lui avait juste acheté les droits. Ce
sera une constante par la suite, Zhang Yimou
travaillant sur un fil narratif qu’il traduit en
images, selon son propre imaginaire.
Épouses et concubines
2. Avec le
film suivant,
« Qiu Ju, une femme chinoise »
(《秋菊打官司》),
adapté par Liu Heng d’un roman de Chen Yuanbin (陈源斌),Zhang Yimou
délaisse la Chine ancienne pour aborder la critique
de la société chinoise moderne.
Le mari de
Qiu Ju, modeste paysanne, ayant été humilié
publiquement par le chef du village qui l'a roué de
coups, elle refuse l'argent offert en dédommagement
et, enceinte mais obstinée, se met en tête d’obtenir
des excuses pour que son mari retrouve son honneur,
et la famille sa « face ». C’est évidemment un
hommage à l’esprit de résilience de la population
chinoise, et au désir de chacun de faire reconnaître
et respecter ses droits.
C’est le
Lion d’or que décrocha cette fois le film à la
Biennale de Venise de 1992. On peut cependant lui
reprocher un dénouement bien plus positif que ce que
l’on constate
Qiu Ju, une femme
chinoise
souvent, les dénis
de justice étant chose courante dans les villages et se
traduisant parfois par des mouvements de colère pouvant
aller jusqu’à l’émeute, voire au crime.
« Qiu Ju » marque
néanmoins une tentative intéressante de docu-fiction de la
part d’un réalisateur qui ne poursuivra cependant pas dans
ce genre. Certaines des scènes ont été filmées à la
sauvette, avec une caméra cachée, ce qui donne effectivement
un aspect plus ou moins documentaire au film. C’est l’un des
aspects du film qui a enthousiasmé les critiques.
3. Sorti en
1994,
« Vivre !
» (《活着》)est
sans doute le meilleur film de Zhang Yimou. Il
apparaît, avec le recul, comme l’apogée de sa
filmographie, un véritable chef d’œuvre.
Adapté,
cette fois, d’un roman éponyme de Yu Hua (余华)
(5), le film suit le personnage de Xu Fugui (徐福贵),
héritier ruiné d’une riche famille, de la fin des
années 1940 à la période d’ouverture à la fin des
années 1970, en passant par le grand Bond en avant
et la Révolution culturelle.
Le film
dénonce les pires abus de ces trente années
douloureuses, mais sans tomber dans le pessimisme,
car il montre en même temps l’extraordinaire
capacité de surmonter les épreuves de son
personnage, comme emblème de la population chinoise
dans son ensemble – capacité de survie symbolisée
par le titre.
Vivre !
« Vivre ! » a
remporté le Grand prix du jury au festival de Cannes en
1994, et Ge You (葛优),
dans le rôle de Fugui, le prix – bien mérité –
d’interprétation masculine.
1995-1999 :
transition
Le tournant de 1995
Avec « Shanghai
Triad » (《摇啊摇,摇到外婆桥》),
en 1995, Zhang Yimou tente une intrusion dans un genre qu’il
traite de façon originale. Mal reçu, le film mériterait
d’être mieux considéré, son défaut principal venant du
scénario.
Adapté d’une
nouvelle de Bi Feiyu (毕飞宇)
dont le titre - le même que le titre chinois du film - est
une chanson d’enfant qui donne la plus belle séquence du
film, le scénario a en effet coupé toute une partie de la
nouvelle, ce qui entraîne un hiatus dans la narration et
rend l’histoire difficile à suivre. C’est très dommage, car
le film est une histoire de femme très attachante : c’est le
dernier grand rôle de Gong Li, et la tristesse de son
personnage semble être celle de l’actrice sur le point de
rompre avec son mentor.
La rupture
était consommée à la fin de l’année, et
Gong Li
s’est mariée l’année suivante avec un industriel de
Singapour. Fin d’une belle histoire, mais fin aussi
d’une collaboration qui nous a donné six des plus
beaux films chinois.
Zhang Weiping
En même
temps que Zhang Yimou se séparait de Gong Li, il se
rapprochait d’un homme d’affaires qu’il avait connu
dès 1989 et qui, à la tête de sa société de
production Beijing New Pictures Film Co. (北京新画面影业公司)
fondée en 1996, va devenir son producteur et
financier à partir de là : Zhang Weiping (张伟平).
C’est le
début d’une nouvelle phase créatrice pour Zhang
Yimou, marquée par une tendance croissante à la
production commerciale. Le tandem des « deux Zhang »
(“二张”) semble désormais embarqué sur « la route de l’or » (“黄金之旅”), chaque film
devenant une nouvelle pépite.
Trois films de
transition
1. En 1997, « Keep
Cool » (《有话好好说》)
est le premier film produit par Zhang Weiping, et c’est une
comédie, toujours adaptée d’une œuvre littéraire, mais d’un
auteur - Shu Ping (述平)-
beaucoup moins connu que les précédents.
Tourné au studio
du Guangxi, comme les deux films suivants, « Keep Cool »
est assez
drôle. Il vaut cependant surtout par son interprétation ; on
y trouve les meilleurs comédiens chinois du moment, et
acteurs fétiches du réalisateur qui s’est même réservé un
petit rôle :
Jiang Wen (姜文),
Li Baotian (李保田),
Ge You (葛优),
auxquels vient s’ajouter
Zhao Benshan (赵本山).
Cela semble une
pause divertissante, mais le film annonce aussi une nouvelle
thématique, ancrée dans la réalité, urbaine ici, rurale
ensuite, qui va se concrétiser dans les deux films suivants,
sortis en 1999.
2. Adapté
d’un récit de Shi Xiansheng (施祥生),
« Pas
un de moins »
(《一个都不能少》)
est une peinture des conditions d’enseignement dans
les zones rurales reculées du pays, où l’éducation
reste la voie royale, mais aussi une voie impossible
pour beaucoup, les enfants étant souvent appelés à
apporter leur contribution à l’économie familiale,
surtout dans les cas d’accident de l’un des parents.
Tous les
acteurs sont non professionnels, et le rôle de
certains reflète exactement leur statut ou
occupations dans la vie, le chef de village par
exemple. Le souci de réalisme est allé jusqu’à
filmer en caméra cachée, et en lumière naturelle. Le
montage accuse cependant un rythme saccadé et des
hiatus reflétant les coupures rendues sans doute
nécessaires par le jeu défaillant des interprètes.
Retiré du
festival de Cannes en 1999 sous prétexte de
discrimination contre les films chinois, le film a
ensuite été
Pas un de moins
présenté à
la Biennale de Venise où il a remporté le Lion d’or.
C’est le premier film de Zhang Yimou à avoir obtenu
un visa de censure ; il se ressent des contraintes
imposées par les autorités, la « réalité » étant
passablement édulcorée, et la fin aussi rose que
souhaitable dans ces conditions. On est loin de
« Vivre ! ».
3.
« The
Road Home » (《我的父亲母亲》)
est un film beaucoup plus attachant malgré ses
défauts, non pour son histoire d’amour tout aussi
édulcorée, mais pour la chaleur avec laquelle Zhang
Yimou prend la défense de coutumes ancestrales dont
il explique les raisons d’être, enracinées dans la
culture locale et la vie quotidienne.
Le film est
– faut-il encore le rappeler – celui qui a fait
découvrir une jeune actrice de dix-huit ans du nom
de Zhang Ziyi (章子怡)
dont on a
tout de suite fait la nouvelle égérie de
Zhang Ziyi dans “The
Road Home”
Zhang Yimou. Ce
n’était peut-être pas le cas, mais sa carrière était lancée.
Années 2000 :
or en barre et déceptions
Les années 2000
sont ensuite une longue série de succès commerciaux plus ou
moins décevants du point de vue artistique.
1. Le millénaire
débute avec un film mineur, mais bien fait, « Happy Times »
(《幸福时光》),
présenté au festival de Berlin début 2002. C’est une autre
comédie, avec
Zhao Benshan (赵本山)dans le rôle
titre, cette fois adaptée d’une nouvelle de Mo Yan (莫言), « Le maître a de plus en plus d'humour » (《师傅愈来愈幽默》)
(6).
2. Cette
année 2002 est celle d’un succès éclatant au box
office :
« Hero » (《英雄》),
film qui va lancer Zhang Yimou dans une carrière
ouvertement axée sur les grandes réalisations
commerciales, tournées autant vers le public chinois
que le public étranger. Le premier suivra, le second
de plus en plus difficilement.
« Hero »
est l’application commerciale directe du succès
phénoménal mais inattendu qu’a été
« Tigre et
Dragon » (卧虎藏龙)
d’Ang Lee (李安)
en 2000 ; tous les ingrédients sont là : tentative
d’assassinat du Premier Empereur, grands noms
hongkongais du wuxia, plus Zhang Ziyi reprise
du film d’Ang Lee, photographie de Christopher Doyle
emprunté à
Wong Kar-wai
et musique de Tan Dun, avec des thèmes musicaux
chantés par Faye Wong et Tony Leung.
Le film est
certainement une fête visuelle : Christopher Doyle
Hero
a
d’ailleurs été récompensé plusieurs fois pour sa
photographie. On en oublie que le film fait au
passage l’apologie du régime, justifie la répression
pour assurer la paix intérieure et la stabilité.
Mais il a rapporté six fois son budget ; on n’a pas
souvent de tels retours sur investissement.
« Hero » a
donc été suivi aussitôt d’un autre film du même
genre, sorti en 2004 : « Le Secret des poignards
volants » (《十面埋伏》),
pour lequel Zhang Yimou est allé jusqu’à embaucher,
pour la musique, le compositeur
Shigeru
Umebayashi, auteur de la valse qui est le thème
musical de « In the Mood for Love » !
3. Zhang
Yimou a eu du mal à rebondir et le film suivant, « Riding
Alonefor Thousands of Miles»(《千里走单骑》),
est un échec ; c’est même sans doute le plus mauvais
film de sa carrière (si l’on exclut « Opération
Jaguar »).
Le Secret des
poignards volants
4. Sorti en
décembre 2006 et inspiré de la pièce de théâtre « L’orage »
(《雷雨》)du
grand dramaturge Cao Yu (曹禺),
« Curse of the Golden Flower » - ou « La Cité
interdite » en français - (《满城尽带黄金甲》)
est une tentative de revenir aux grandes fresques
historiques qui ont fait la notoriété de Zhang Yimou à ses
débuts, mais avec un budget de 45 millions de dollars, ce
qui en faisait alors le film le plus cher de l’histoire du
cinéma.
Il devait aussi
marquer les retrouvailles avec Gong Li, qui était, de son
côté, en panne dans sa carrière. Il marque surtout un point
mort dans la carrière du réalisateur qui va, à partir de ce
moment-là, s’orienter plutôt vers les grandes mises en
scène, d’opéras et d’événements.
Les grandes
mises en scène
Opéra et ballet
Turandot, mise en
scène Zhang Yimou
C’est à la
fin des années 1990 que Zhang Yimou s’est lancé dans
la mise en scène d’opéra, parallèlement à son
travail de réalisation au cinéma. Le premier opéra
qu’il a ainsi mis en scène est « Turandot » (《图兰朵》),
d’abord au Mai musical
de Florence en 1997 puis dans la Cité interdite, à
Pékin, en août 1998, avec Zubin Mehta dirigeant l’orchestre.
Ce sont en fait deux
mises en scène totalement différentes, l’une dans un
espace scénique réduit, privilégiant les jeux de
couleur, l’autre, au
contraire, dans l’immense espace devant le Palais de
la Pureté céleste, privilégiant le mouvement avec
des foules de figurants et un immense chœur à
l’arrière de la scène.
Cette dernière version
de « Turandot » a été reprise en octobre 2009 dans
le cadre du Nid d’oiseau à Pékin, puis la première
en tournée mondiale en 2010, en Europe, Asie et
Australie.
En 2001, Zhang
Yimou a aussi mis en scène une version ballet de son film de
1991 « Epouses et concubines ».
Série Impression
A partir de
2003, il a aussi mis en scène une série de
spectacles musicaux en extérieur, dans des cadres
naturels prestigieux : la série « Impression » (“印象”系列), réalisée avec deux collaborateurs partageant la direction artistique,
Wang Chaoge (王潮歌)
et Fan Yue (樊跃)
– surnommés « le triangle de fer » (“铁三角”).
Le premier
de ces spectacles a eu lieu en août 2003 sur la
rivière Li, dans le Guangxi -
Impression Liu Sanjie
Zhang Yimou avec Wang
Chaoge (à g.) et Fan Yue
(《印象·刘三姐》)
- et a été suivi d’une dizaine d’autres, tous produits par
la société fondée par Zhang Yimou et ses deux collaborateurs
- China Impression Wonders Art Development - et cofinancés
par des sociétés, en particulier de tourisme, et les
autorités locales chinoises des lieux concernés. Il s’agit
d’une politique de prestige, le retour sur investissement
restant problématique.
2/ Mai 2006 :
Impression Lijiang (印象·丽江), au pied de la montagne "de la neige du dragon de jade" (玉龙雪山) à
Lijiang – avec une conception et mise en scène qui renvoie
aux premiers films de Zhang Yimou. Il en a fait une vidéo
avec insertion d’intertitres qui en font une sorte d’opéra.
3/ Mars 2007 :
Impression West Lake (《印象·西湖》),
sur le lac de l’Ouest à Hangzhou,
4/ Avril 2009 :
Impression Hainan (《印象·海南島》), sur l’île de Hainan,
5/ Mars 2010 :
Impression Dahongpao (《印象·大红袍》),
sur le mont Wuyi (武夷山),
dans le Fujian ; le da hong pao est une célèbre
variété de thé produite dans la région.
6/ 31 décembre
2010 : Impression Putuo (《印象·普陀》),
sur le mont Putuo (普陀山), dans l’île du même nom au sud-est de Shanghai – l’une des quatre
montagnes sacrées du bouddhisme chinois, consacrée à
Guanyin.
7/ 1er
octobre 2011 : Impression Wulong (《印象·武隆》),
dans le canyon de Taoyuan (桃园大峡谷),
près de Chongqing ; l’élément central du spectacle est
constitué par les chants traditionnels haozi propres
à cette région du Sichuan – dont le chuanjiang haozi,
(川江号子),
entre chants de bateleur et chants de porteurs de palanquin
auxquels répond une triste mélopée de mariage. On ne peut
s’empêcher de faire un parallèle avec le chant des porteurs
de palanquins au début du
Sorgho rouge (《红高粱》) :
8/ Décembre 2011 :
Impression Wutaishan (《印象·五台山》),
autre montagne sacrée du bouddhisme, dans le Shanxi.
9/
Impression Melaka (《印象·马六甲》),
ou Malacca, l’ancienne colonie portugaise sur la
côte occidentale de Malaisie. Annoncé officiellement
en mai 2013, le spectacle devait être le premier à
être représenté hors de Chine, mais le projet a été
retardé à cause des répercussions diplomatiques du
dramatique accident du vol 370 de la compagnie
Malaysia Airlines, disparu en mars 2014, avec près
de deux cents Chinois à bord. Le groupe malaisien
PTS Properties était co-investisseur dans le projet,
avec la société de Zhang Yimou. Le
La maquette du théâtre
projeté pour Impression Melaka
projet a été
repris en mars 2016 par la société Yong Tai de Kuala Lumpur
– un producteur de vêtements diversifié dans l’immobilier
qui a conçu un vaste montage financier pour financer le
projet, dont la construction d’un théâtre spécial.
10/ Février 2013 :
Revoir Pingyao (《又见平遙》)
peut être considéré comme un produit dérivé de la série
Impression. Véritable mise en scène de la ville.
Revoir Pingyao
(extraits)
Jeux olympiques et
gala du G20
Affiche publicitaire
pour la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques
C’est la
mise en scène des cérémonies d’ouverture et de
clôture des Jeux olympiques de Pékin, en août 2008,
qui restera sans doute la plus mémorable, surtout la
première. C’est un exemple du prodigieux talent de
Zhang Yimou, et de sa capacité à mettre en œuvre des
projets démesurés, et ce d’autant plus que les
répétitions ont dû en outre se passer dans le plus
grand secret pour ne pas gâcher la surprise au
moment de la cérémonie.
C’est aussi
le spectacle « Impression West Lake » (《印象·西湖》)
de 2007 qui, en septembre 2016, a été le modèle du
gala spectaculaire donné à l’occasion de la réunion
du G20 à Hangzhou.
La cérémonie d’ouverture des Jeux
olympiques de Pékin, le 8 août 2008
Le gala du G20 à
Hangzhou, le 4 septembre 2016
Le cinéma
quand même
Au cinéma, par
ailleurs, Zhang Yimou ne parvient plus à intéresser, et
encore moins à convaincre.
En 2011,
« Flowers
of War » (《金陵十三釵》)
apparaît comme un essai de renouer avec les grandes
adaptations littéraires, cette fois sur fond de
guerre sino-japonaise, au moment de la prise de
Nankin par les Japonais. C’est un film qui laisse
perplexe quant à l’avenir de la filmographie de son
auteur.
En mai
2014, il a présenté au festival de Cannes (hors
compétition) un nouveau film qui est sorti aussitôt
après sur les écrans chinois, mais sans rencontrer
beaucoup d’intérêt ni de succès, dans un cas comme
dans l’autre : Coming
Home (《归来》).
Film adapté d’un autre roman de Yan Geling, le film
semblait renouer avec un cinéma plus introspectif,
et
Flowers of War
tenter une évocation de la tragédie des droitiers. Il ne
vaut
guère, finalement, que par son interprétation, par Chen Daoming (陈道明)
et Gong Li (巩俐)
dans les rôles principaux.
Pour la fin
2016 est annoncée la sortie en Chine de la méga-production
« The
Great Wall » (《长城》), coproduite côté chinois par China Film
et Le Vision Pictures, avec Matt Damon dans le rôle-titre.
Un film en anglais réalisé par un réalisateur qui ne parle
pas la langue, sur un scénario affligeant rédigé par une
équipe américaine…
L’ère des grosses
productions et des effets spéciaux
Avec « La Grande
Muraille » (The Great Wall
《长城》),
superproduction sino-américaine sur un scénario américain
imaginant des monstres extra-terrestres menaçant de franchir
la grande Muraille, avec Matt Damon dans le rôle principal
et une débauche d’effets spéciaux, Zhang Yimou a réalisé le
film le plus cher jamais jamais tourné sur le sol chinois
(il a été tourné en partie à Qingdao). C’est là le côté le
plus hyperbolique du film. L’accueil l’a été beaucoup moins.
En France, le film a fait plus de 800 000 entrées parce que
le public est allé voir « le réalisateur d’"Epouses et
concubines" » comme l’annonçait la publicité. Nul besoin de
dire l’étonnement général.
Shadow
En 2018, le film
suivant – « Shadow » (《影》) - est à replacer dans la vogue
actuelle en Chine des pseudo-films de wuxia sur fond
historique, investis par les techniques les plus modernes.
Inspiré du classique des « Trois Royaumes », Shadow raconte
l’histoire d’un roi et de son peuple, exilés de leur patrie,
qui aspirent à la reconquérir. Zhang Yimou revient à la
veine de la couleur et du chatoiement de l’image où il est
le meilleur : le film est annoncé comme étant « dans le
style d’une aquarelle chinoise ».
Le tournage a
commencé en mars 2017, et le film sort en première mondiale
à la Biennale de Venise début septembre 2018, puis en
première nord-américaine au festival de Toronto une semaine
plus tard. Il sortira en Chine le 30 septembre.
Trailer du festival
de Toronto
En novembre 2018,
« Shadow » a valu à Zhang Yimou le prix du meilleur
réalisateur au 55ème festival du Golden Horse à
Taipei ; le film y a également obtenu les prix des meilleurs
effets visuels (signés Samson Wong), de la meilleure
direction artistique (Ma Kwong Wing) et des meilleurs
costumes et maquillages (signés Chen Mingzheng).
Retour à la
nostalgie des années 1970
En 2019, un
nouveau film de Zhang Yimou est sélectionné à la Berlinale :
« One Second » (《一秒钟》). Le film se passe dans les années
1970 et raconte l’histoire d’un prisonnier qui s’échappe
d’un camp de travail à la campagne, pour tenter de voir une
seconde d’un film dont une orpheline a volé la bobine…
Sujet éminemment délicat, traitant d’une période qui reste
difficile à aborder, surtout à un moment de resserrement de
la censure, à trente ans des événements de Tian’anmen :
résultat, le film a été retiré de la sélection de la
Biennale, pour des « raisons techniques ».
Films patriotiques
Les deux films suivants sont sortis coup sur coup en
2021 et 2022 : le premier – « Cliff Walkers » ou
« Impasse » (《悬崖之上》)
– est un film d’espionnage dans le Manchukuo
pendant la guerre ; le deuxième – « Sniper » (《狙击手》)
– un film patriotique se passant pendant la guerre
de Corée que Zhang Yimou a coréalisé avec sa fille
Zhang Mo (张末).
Sorti en janvier 2023, « Full River Red » (《满江红》)
déclenche une controverse sur la réalité des
chiffres de recettes annoncés, mais le
sujet du film et son message patriotique sont
bien plus sujets à polémique.
One Second (affiche de
la Berlinale)
Cliff Walkers
Note sur les
biographies
Une
biographie de Zhang Yimou, par un journaliste du nom
de Huang Xiaoyang (黄晓阳),
est parue en août 2008 sous le titre « La Chine en
images : biographie de Zhang Yimou » (《印象中国:张艺谋传》).
Comportant de nombreuses indiscrétions sur sa vie
intime (en particulier ses relations avec sa
première épouse et avec Gong Li), elle a été
contestée par le réalisateur qui a demandé qu’elle
soit retirée du commerce. Mais elle comporte aussi
nombre d’indications intéressantes sur la
préparation des films et les tournages.
En
décembre 2011, Zhang Yimou a lui-même publié son
autobiographie (《张艺谋的作业》),
illustrée d’une centaine de photos et de dessins, et
éditée par l’université Beida de Pékin (北京大学出版社). Dans la préface, il explique : « Ce livre ne peut être considéré comme
une autobiographie au sens propre, je n’y ai pas
raconté tous les détails de ma vie depuis ma
naissance ; disons que ce sont plutôt des souvenirs
en
L’autobiographie
images… » - souvenirs d’un jeune ouvrier de Weiyang qui s’est un jour
acheté un appareil photo et a commencé à photographier tout
seul la campagne autour de lui….
(1) Le sens en est
donné par l’expression
诒者勋也诒 où
诒 yí est un caractère
ancien signifiant « laisser en héritage aux générations
futures », et
勋xūn veut
dire « mérite, réalisation ».
(2) Memoirs
from the Beijing Film Academy, de Ni Zhen, trad. Chris
Berry, Duke University Press 2002, p 93.