Teng Congcong
滕丛丛
Présentation
par
Brigitte Duzan, 4 juin 2025
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Teng Congcong |
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Née en
1985, Teng Congcong (滕丛丛)
est scénariste et réalisatrice, diplômée de l’Institut du
cinéma de Pékin où elle a été l’élève de
Xie Fei (谢飞).
Il a d’ailleurs été le directeur artistique du premier long
métrage de Teng Congcong,
« Send
Me to the Clouds » (《送我上青云》),
sélectionné au festival international de cinéma de Shanghai
en juin 2019, projeté en
séance spéciale au festival FIRST
de Xining en juillet, puis sorti sur les écrans chinois le
16 août suivant.
2019 : Send Me to the Clouds
Sur un
scénario de Teng Congcong elle-même, le film a pour
principale protagoniste une journaliste de 27 ans, Shengnan
(盛男),
qui vit sans se laisser obséder par le fait qu’elle n’est
pas mariée et que, dans la Chine d’aujourd’hui, elle est
considérée comme une shengnü (剩女),
une laissée-pour-compte du marché au mariage ; mais elle
doit lutter contre les préjugés ambiants. Sa situation est
d’autant plus difficile qu’on lui diagnostique un cancer aux
ovaires et que l’opération dépasse largement ses
possibilités financières.
Pour
tenter de réunir les fonds, elle tente d’en emprunter autour
d’elle, mais sans succès.
Finalement, elle accepte donc de travailler pour un homme
d’affaire enrichi qui veut publier l’autobiographie de son
père et qui est prêt à payer grassement pour ce faire. Voilà
donc Shengnan partie dans les montagnes du Guizhou noyées
dans la brume pour rencontrer le vieil homme qui s’y est
retiré….
Le
scénario est plein de rebondissements subtils et de
dialogues savoureux, et le film a été tourné dans le décor
pittoresque des montagnes du Guizhou, dans un brouillard
quasiment omniprésent qui ajoute sa part de mystère aux
personnages, en particulier le vieil homme qui fait figure
de sage retiré du monde. Mais le brouillard même est comme
un élément satirique car le film est bâti sur des apparences
qui sont peu à peu retournées et dévoilées, comme dans un
jeu montrant une société où chacun joue un rôle et vit
d’esbroufe.
« Send
Me to the Clouds » (《送我上青云》)
propose une vision très personnelle d’une femme de trente
ans qui, dans la Chine du 21e siècle, vit sa vie
selon ses propres critères en essayant de ne pas tomber dans
les rails de la génération précédente. En ce sens, le film
est encore un ovni dans la production cinématographique
chinoise actuelle où les réalisatrices ont encore du mal à
s’affirmer.
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Send Me to the Clouds |
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2024 : To the Wonder
Teng
Congcong a poursuivi avec une série télévisée diffusée en
avril-mai 2024 en Chine continentale : « To the Wonder » (Wo
de Aletai《我的阿勒泰》)
– c’est-à-dire « Mon Altai ».
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To the Wonder Wo de
Aletai |
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Il
s’agit d’une adaptation d’un recueil de récits
autobiographiques de l’écrivaine
Li Juan (李娟) -
« Mon Altai » (《我的阿勒泰》)
- publié en juillet 2010. Une jeune fille Han qui a grandi
dans l’Altaï (comme Li Juan) part en ville pour tenter de
réaliser son rêve de devenir écrivaine. Mais elle n’y
parvient pas et doit revenir dans sa région natale pour
vivre avec sa mère qui tient un petit magasin. Finalement sa
rencontre avec un jeune Kazakh lui fait découvrir la beauté
de la région.
En
huit épisodes de 45 minutes, donc relativement courte par
rapport aux séries télévisées usuelles, la série a eu un
grand succès (elle est notée 8.9
sur douban).
On peut se demander si cela ne va pas dans le sens de la
promotion actuelle du Xinjiang par les autorités chinoises à
des fins touristiques. Mais cela aura contribué à mieux
faire connaître Teng Congcong auprès du grand public, et on
ne peut qu’ espérer que cela lui permettra de rebondir avec
un autre film personnel.
Le film faisait partie de la rétrospective « Le
cinéma chinois au féminin »
proposée par la Cinémathèque française du 29 mai au
2 juin 2025.
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