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9ème édition du
Festival du cinéma chinois de Paris : les points forts
par Brigitte Duzan, 31 octobre
2014
Comme tous les ans, le Festival du cinéma chinois se
partage entre plusieurs cinémas : Les 7 Parnassiens
du 4 au 11 novembre, suivi du Lincoln du 10 au 18,
avec quelques séances aux 5 Caumartin et aux 3
Luxembourg.
Le coup d’envoi sera donné le 4 novembre à 20
heures, aux 7 Parnassiens, avec une comédie de Chen
Gang (陈刚) :
« Une jeune fille au pair à Pékin » (《洋妞到我家》),
un film tout récent, sorti en août 2014, avec Xu Fan
(徐帆),
l’épouse de
Feng Xiaogang (冯小刚),
dans l’un des rôles principaux, aux côtés de Chen
Jianbin (陈建斌)
et une pléiade d’acteurs connus.
Une étudiante colombienne débarque dans une famille
pékinoise pour s’occuper de leur fille, entraînant
quiproquos et bévues de toutes sortes dus au
décalage culturel. |
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Une jeune fille au
pair à Pékin |

Xu Fan et Chen Gang
lors de la première de
« Une jeune fille au
pair à Pékin » |
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Bande annonce
Le festival alternera ensuite une quinzaine de films
récents, plusieurs documentaires rares, quelques films
d’animation et deux courts métrages.
Films récents
Ceux qui l’ont raté l’année dernière lors de son passage à
Paris pourront voir le dernier film de
Ning
Ying (宁瀛)
« Vivre
et mourir à Ordos » (《警察日记》).
Deux films taïwanais
Le festival présente cette année deux films
taïwanais, de 2012 et 2014, du réalisateur et
scénariste
Ho Wei-ding
/ He Weiting
(何蔚庭),
celui-là même qui a signé le réjouissant
« Pinoy
Sunday » (《台北星期天》)
en 2010, que l’on aurait d’ailleurs revu avec
plaisir. Les deux films présentés permettent de
mesurer l’évolution du style du réalisateur.
Le film de 2012, sa seconde réalisation, est une
comédie également située à Taipei : « Mon
Frère de Taiwan »
(《酒是故乡浓》) |
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My Eldest Brother in
Taiwan |
est l’histoire d’une jeune Taïwanaise établie aux Etats-Unis
qui revient à Taipei pour un congrès, et y retrouve son
frère qu’elle n’a pas vu depuis une cinquantaine d’années ;
celui-ci se charge de la recevoir sans perdre la face alors
qu’il n’est qu’un modeste employé dans un hôtel. La comédie
est déjà plus amère que « Pinoy Sunday.

The Biggest Toad in
the Puddle |
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Quant à l’autre film présenté, sorti sous le titre
anglais de « The
Biggest Toad in the Puddle»
(《水煮金蟾》),
mais traduit ici par « Le rêve du village »,
c’est le dernier en date réalisé par Ho
Wei-ding ; il a été cette fois tourné en Chine
continentale, et le scénario est une satire
douce-amère du désir effréné d’enrichissement bien
connu aujourd’hui en Chine : l’histoire désopilante
d’un brave villageois qui découvre une source d’eau
chaude sur un terrain qui lui est échu par tirage au
sort, car sa maison doit disparaître dans les
travaux de |
construction d’une route ; il y perd sa tranquillité car
tout le monde veut jouir du pactole…
Autres films récents
Les autres films sélectionnés réservent quelques
surprises de réalisateurs peu connus. Ainsi « Soleil
de plomb » (《太阳开花》),
film de 2012
de
Qiao Liang
(乔梁),
adapté d’un récitde He Jingtao (贺敬涛)
« Le professeur remplaçant Su l’Infirme » (《代课老师苏瘸子》)
publié en septembre 2009. Le Su en question est un
chanteur d’opéra déclaré contre-révolutionnaire et
droitier en 1968, et envoyé se faire rééduquer dans
un village perdu loin de tout où un accident le rend
paraplégique ; c’est la chanson d’un enfant qui lui
rend l’espoir, et il se consacre désormais à lui
apprendre à chanter.
Signalons encore « La Gamine » (ou « Fake Fiction »
《摩登时代》),
un film de Shao Xiaoli (邵晓黎)
sorti en 2013, dont le scénario a été co-écrit par
Shao Xiaoli avec, entre autres, Ning Dai
(宁岱),
la sœur et scénariste
de
Ning Ying :
l’histoire originale d’un magicien et d’une petite
fille… avec, dans le rôle principal, Xu Zheng (徐峥),
l’acteur en vogue qui a démarré |
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Soleil de plomb |
avec
« Crazy
Stone » (《疯狂的石头》),
est soudain devenu célèbre avec
« Lost
on Journey » (《人在囧途》)
et vogue depuis de succès en succès, toujours dans
le mode burlesque.
En
revanche, « L’amour
interdit », ou « Young Style »
(《青春派》),
film de
Liu
Jie (刘杰)
sorti sans éclat en 2013, montre
sans ambiguïté la
direction décevante prise par ce réalisateur, dans
un style proche d’un
Guo Jingming (郭敬明).
Hommage à Wu
Tianming
Pour rendre hommage
à
Wu
Tianming (吴天明),
disparu en mars dernier, le festival a programmé une
rétrospective de quatre de ses films, dont un très peu
connu, « La
Vie » (《人生》),
réalisé avant
« Le Vieux puits » et
l’annonçant (1). C’est ce film qui sera projeté lors de la
séance d’ouverture de la rétrospective, le 7 novembre, en
présence de la fille de
Wu Tianming.
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Fake Fiction |
Les quatre films :
- La Rivière sans
balise
《没有航标的河流》
-
La Vie
《人生》
-
Le Vieux puits
《老井》
-
Le Roi des masques
《变脸》
Documentaires
1. Cette année étant marquée par les anniversaires
de deux monstres sacrés de l’opéra chinois, le 120ème
anniversaire de la naissance de Mei Lanfang (梅兰芳)
et le 110ème anniversaire de celle de
Cheng Yanqiu (程砚秋),
le festival projettera des documentaires rares sur
leur vie et leur art – dont deux des films réalisés
par
Wu Zuguang
(吴祖光)
en 1955 et 1956. Ce sera l’occasion de découvrir
Cheng Yanqiu, bien moins connu à l’étranger que le
premier, mais qui fut pourtant lui aussi l’un des
« quatre grands dan » (四大名旦)
de l’opéra de Pékin.
Hommage à
MeiLanfang
- Mei
Lanfang (《梅兰芳》)
(85'),
documentaire en noir et blanc de Wang Yingdong
王映东,
1962
- L’Art
de la scène de Mei Lanfang
(《梅兰芳舞台艺 |
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L’art de Mei Lanfang |
术》),coréalisé
en 1955 par
Wu
Zuguang
(吴祖光) et
Cen Fan (岑范),
un long film en deux parties avec
des extraits de ses interprétations les plus célèbres (un
opéra kunqu et
trois opéras de Pékin).
Hommage à
Cheng Yanqiu
- Larmes
dans la montagne déserte (《荒山泪》)(105'),
opéra de Pékin interprété par Cheng Yanqiu et filmé
par
Wu Zuguang (吴祖光),
1956
- Cheng
Yanqiu《程砚秋》(59’), 2004
+ Musique
céleste《仙乐飘飘》
(24') de An Qiu
安秋,
2013
2. A voir
et revoir :
Comment
Yukong déplaça les montagnes (《愚公移山》)
(73'), quatre parties du grand classique de Joris
Ivens et Marceline Loridan tourné à la fin de la
Révolution culturelle et sorti en mars 1976 :
1. Les
Artisans (14') 手工艺艺人
2. Une
Histoire de ballon (20')
球的故事
3. Le
Professeur Tsien (11')
秦教授
4.
Répétition à l'Opéra de Pékin (28')
京剧排练
3. Le 11
novembre, en
commémoration du centenaire de la |
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Larmes dans la
montagne déserte |
guerre de 1914, le festival présentera, en première mondiale
et en présence du réalisateur, un documentaire sur un sujet
peu abordé : « Les Travailleurs chinois dans la Grande
Guerre » (《一次大战中的华工》) (52') de Karim Houfaïd, 2014.
Ciné-concert
Films d’animation
Autre tradition,
quatre films d’animation sont au programme :
- L’Histoire du
panda (《熊猫故事》)
de Tian Rong (田荣),
2013.
- le Mont Dingjun (《定军山》),
un court métrage (tourné en 3D)de 2010 de Zhao Songqiao(赵松樵)
qui revisite le mythe des origines du cinéma chinois.
- Le piège de la ville vide (空城计),
autre court métrage de 2010 de Zhao Songqiao (赵松樵).
- et en première
mondiale :
Le Roi des antilopes du Tibet (《藏羚王》).
Enfin, un forum de
courts métrages aura lieu le 6 novembre aux 5 Caumartin.
La programmation :
http://www.festivalducinemachinoisdeparis.com/IMG/pdf/Programme_2014.pdf
Le site du
festival :
http://www.festivalducinemachinoisdeparis.com/
Note
(1)
Adapté d’une nouvelle d’un écrivain également peu connu, Lu
Yao (路遥),
« La Vie » sera présenté parallèlement, dans le cadre du
cycle « De l’écrit à l’écran » à l’Institut Confucius de
Paris Diderot, le jeudi 27 novembre, et « Le Roi des
masques » le 11 décembre.
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