Illustrateur, graffeur, rappeur, auteur de films d’animation
originaux, Lei Lei est né en 1985 à Nanchang dans le Jiangxi
(江西南昌),
au sud de la Chine. En 2009, il sort avec un master en
animation de l’université Tsinghua (Qinghua daxue
清华大学)
de Pékin et vit aujourd’hui en alternance à Pékin et Los
Angeles. Depuis 2017, il enseigne en effet au
département d’Animation expérimentale de l’Université
CalArts à Los Angeles, en Californie.
Son logo
Courts métrages expérimentaux
Ses courts métrages d’animation expérimentaux ont été
sélectionnés, remarqués et primés par divers festivals
internationaux à partir de 2010 :
-2010
: « Magic Cube and Ping Pong » (《彩色魔方与乒乓球》)
[4’] est sélectionné aux festivals d’animation de Stuttgart
et de Melbourne.
-2013
: « Big Hands O Big Hands, Let it be bigger and bigger » (《
大手啊大手,越大越好 》)
[6’] est sélectionné aux festivals d’animation de Stuttgart
et de Séoul.
-2015 :
« Missing One Player » [4’32] est un film d’animation
montrant trois joueurs de mahjong attendant désespérément le
quatrième, tel Godot, pour pouvoir commencer à jouer.
Ces
films d’animation sont fondés sur une collaboration musicale
de Lei Lei avecson ami Li Xingyu (李星宇),
collectionneur de sons comme Lei Lei collectionne les
vieilles images.
Li Xingyu,
collectionneur de sons
Exemple : Hu lulu, Hong longlong, Hua lala
《呼噜噜,轰隆隆,哗啦啦》2012
Le tournant de 2013 : travail sur l’image et la mémoire
2013 apparaît entre-temps comme une année charnière, marquée
par le début de la collaboration avec Thomas Sauvin,
collectionneur de photos et négatifs photos anonymes
regroupés dans la collection « Beijing
Silvermine » (北京银矿).
Digital Archive,
numéro spécial sur Lei Lei
« Recycled » (《照片回收》)
est le premier résultat leur collaboration. Le film est
présenté aux festivals d’Annecy et d’Utrecht ; il obtient le
Grand prix du court métrage non narratif en Hollande.
La même année, « Hand-Coloured » (《照片手工上色》)
est une colorisation à la main de vieilles photos en noir et
blanc de Thomas Sauvin, créant un passé virtuel et
imaginaire à partir de fragments lacunaires.
À partir de ce moment-là, le travail de Lei Lei s’est
orienté vers la photo et le collage/animation d’images,
poursuivant son travail de brouillage des genres et des
frontières artistiques.
En 2018, Lei Lei est lauréat du prix Jimei x Arles Discovery
[1]
pour « Weekend » (《周末》),
un collage vidéo de photos tirées de vieux albums et
magazines. Il collectionne depuis longtemps vieux livres et
journaux : son père était graphiste et avait souvent des
livres et revues d’art chez lui, qu’il complétait par des
recherches dans des vieilles librairies, à quoi se sont
rajoutés les vieux albums photos après son travail avec
Thomas Sauvin.
Weekend (photo Doors)
« Weekend » est le résultat volontairement un peu anarchique
de cette accumulation d’images – le titre évoquant un moment
de vide dans la semaine propice aux projets et à la
réflexion, mais renvoyant aussi au film de 1967 de Jean-Luc
Godard. C’est aussi un travail sur l’histoire et la mémoire,
telle qu’elle peut être transmise de génération en
génération, dans une volonté introspective.
Le prix a étonné certains car l’œuvre n’était pas à
proprement parler photographique, mais l’œuvre a quand même
été sélectionnée à l’unanimité. Le collage a fait l’objet
d’une exposition montée par le commissaire Dong Bingfeng ()
qui a souligné le rapport aujourd’hui ambigu entre
photographie et images, vu la manière dont elles sont
perçues et produites.
En 2019, il réalise « Ciné Romance à Lushan » (《庐山恋影院》)
en partant d’une vieille
photo de lui à trois ans
avec sa mère au volant d’une vieille voiture dans un décor
de studio. Il tente de reconstituer l’atmosphère de
l’époque, c’est-à-dire les années 1980, par collage de
photos anonymes, d’affiches de propagande, mais aussi
d’images du film « Romance on Lushan Mountain » (《庐山恋》)
réalisé par Huang Zumo (黄祖模)
au studio de Shanghai en 1980, l’un des grands mélodrames du
cinéma chinois de cette époque, et immense succès au
box-office.
Ciné Romance à Lushan
Cet été-là, il est revenu pour la première fois depuis plus
de vingt ans dans ces monts Lushan où il allait souvent en
été avec sa mère, ses grands-parents ou des amis pour
échapper à la chaleur. Il en a tiré un
court métrage expérimental d’animation terminé en 2020 : « A
Bright Summer Diary » [38’],
Entre-temps, cette même année 2019, son moyen métrage « Breathless
Animals » (《动物方言》) [68’]
a été
sélectionné dans la section Forum de la Berlinale et au
festival FIRST de Xining, puis en 2020 au
Festival du cinéma d’auteur chinois
à Paris. C’est un documentaire
expérimental sous forme de montage d’images anonymes passant
à un rythme rapide et venant scander le récit d’une femme
qui se souvient de sa jeunesse, dans la Chine des années
1970. Le récit personnel retrace ainsi l’histoire d’une
génération :
à quoi ressemblait ta vie quand tu étais adolescente ?
semble être la question.
Breathless Animals
Bande
annonce
Premier long métrage
En
2021, son film d’animation-montage « Silver Bird and
Rainbow Fish » (《第二个和第三个妈妈》)
est sélectionné au festival de Rotterdam. Le film a été
réalisé en utilisant prises de vue réelles, collages
surréalistes et affiches de propagande pour retracer
l’histoire de sa famille pendant les années 1950 et 1960 sur
fond de culte de la personnalité rendu à Mao. Il figure dans
la sélection de la
cinquième édition du Festival du cinéma chinois d’auteur
de Paris en février 2023.