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Bu Wancang
卜万苍
1903-1974
Présentation
par Brigitte
Duzan, 4 novembre 2013
Bu Wancang
a été l’un des grands réalisateurs du cinéma de
Shanghai du milieu des années 1920 à la fin des
années 1940, et l’une des figures importantes du
cinéma de Hong Kong en mandarin dans les années 1950
et au tout début des années 1960. Sa filmographie
illustre l’évolution qui s’est produite au cours de
cette longue période au niveau tant thématique que
stylistique, dans le cinéma de Shanghai et dans
celui de Hong Kong, et le passage de relais qui est
intervenu d’une ville à l’autre à la fin des années
1940.
Shanghai
Bu Wancang
est né
en 1903 dans le district de Tianchang, dans l’Anhui
(安徽省天长县).
Mais, ses parents ayant déménagé à Yangzhou, dans le
Jiangsu (江苏扬州),
c’est là qu’il a fait ses études. |
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Bu Wancang jeune |
1921-1929 : Da
Zhonghua, Minxin puis Mingxing
Il arrive à
Shanghai en 1921 où il devient l’assistant d’un cameraman
américain sur le tournage d’un film. En 1924, il fait ses
débuts en tant que caméraman à la compagnie Da Zhonghua (大中华影片公司),
puis continue à la Minxin (民新影片公司).
C’est là qu’il
réalise son premier film, en 1926 : « Pure comme le jade,
claire comme la glace » (《玉洁冰清》),
sur un scénario de Ouyang Yuqian (欧阳予倩)
et avec Gong Jianong (龚稼农)
dans son premier rôle. En 1927, il entre à la Mingxing (明星影片公司)
où il tourne huit films jusqu’en 1930, dont, en 1927, « Rêve
de printemps au bord d’un lac » (《湖边春梦》),
sur l’un des premiers scénarios du dramaturge Tian Han (田汉),
et « Mariage blanc » (《挂名的夫妻》)
où il fait débuter
Ruan Lingyu (阮玲玉).
1930-1937 :
Lianhua puis Yihua
En 1930, avec son
mentor
Li
Minwei (黎民伟),
son ami
Ouyang Yuqian et bien d’autres, il entre à la Lianhua (联华影片制片公司),
puis, en 1935, passe à la Yihua (艺华影片公司).
Les films qu’il
réalise au début des années 1930
reflètent les
idées progressistes des débuts de la Lianhua, dans la droite
ligne du mouvement du 4 mai. C’est le cas des quatre films
réalisés avec Ruan
Lingyu : en 1931, « Une fleur de Prunus » (《一剪梅》),
« Les fleurs
de pêchers pleurent des larmes de sang » (《桃花泣血记》),
« Love and Duty » (《恋爱与义务》),
et,
en 1932,
« Rêve de
printemps dans l’antique capitale » (《续故都春梦》).
Ces films furent
attaqués par des critiques de gauche dont le début des
années 1930 voit croître l’influence, exercée à travers des
organes de presse spécialisée de plus en plus nombreux et
populaires. Mais, s’ils furent attaqués, ce ne fut pas
exactement pour les mêmes raisons.
La trilogie de
1931
Autant « Une fleur
de Prunus » que « Les
fleurs de pêchers » sont fortement marqués dans leur
esthétique générale par une volonté d’afficher dès l’entrée
un « look » occidental : les deux films ont un générique et
des intertitres en anglais, alors que presque aucun étranger
n’allait voir les films chinois à Shanghai ; ils traduisent
en fait la mode moderniste qui faisait fureur dans la
métropole à l’époque. Dans le premier film, même, le choix
de situer l’action dans le sud de la Chine a permis de créer
un décor moderniste totalement surréel.
Il y a cependant une évolution
notable dans les scénarios, correspondant à la tendance
générale du cinéma à Shanghai pendant cette période.
« Une fleur de
Prunus » est une adaptation de la comédie de Shakespeare
« The Two Gentlemen of Verona ». La pièce est d’une facture
inhabituelle chez Shakespeare, qui fait penser à une œuvre
de jeunesse, mais comporte bien des éléments d’une histoire
de wuxia. La comédie est l’histoire de deux amis,
Valentin et Proteus, qui est amoureux de Julia ; Valentin
part à Milan où Proteus doit le rejoindre sur injonction
paternelle ; il y tombe amoureux de la même femme que son
ami, qu’il arrive à faire bannir de la cour du duc. Errant
dans la forêt, Valentin rencontre une troupe de brigands,
bannis comme lui, auxquels il se joint. Sur quoi Julia
inquiète se déguise en homme et se fait embaucher comme page
au service … de Proteus. A la fin, les amants sont réunis et
les hors-la-loi graciés.
Le film de Bu
Wancang a été réalisé au moment où la censure nationaliste
venait d’interdire les films de wuxia. En présentant
son film comme une adaptation de la pièce anglaise, mais en
le situant dans la période moderne dans le sud de la Chine,
Bu Wancang tournait l’interdiction, et parodiait le genre
qui avait encore la faveur du public. D’ailleurs, le film
fut à sa sortie un immense succès au box office, surtout
auprès des spectatrices (1).
Cependant, il fut
la cible des critiques de gauche, qui le trouvèrent trop
réactionnaire, si bien que, pour le film suivant, Bu Wancang
adopta une ligne beaucoup
plus conforme aux idées
progressistes des fondateurs de la Lianhua.
« Les
fleurs de pêchers pleurent des larmes de sang »
est l’histoire d’un jeune garçon d’une famille riche
amoureux d’une jeune fille pauvre du village où il l’a
connue enfant. Ils se marient en secret, et elle tombe
enceinte. La mère du garçon refuse de l’accepter, force son
fils à ne pas la revoir et va même jusqu’à faire renvoyer le
père. La jeune femme meurt après avoir donné naissance à une
petite fille. Après sa mort, la mère du garçon revient sur
ses préjugés initiaux, se réconcilie avec son fils, et fait
enterrer le corps dans la propriété familiale.
Le film est ainsi
construit sur une série d’oppositions dont la principale est
celle des riches et des pauvres, avec une nette conscience
de classe. Elle n’apparaît cependant pas au début et
disparaît à la fin : au début car un intertitre nous
explique que cela n’existe pas dans le monde des enfants, et
à la fin parce que riches et pauvres sont réconciliés. Ce
film de Bu Wancang est donc une œuvre qui ne satisfait que
très imparfaitement aux impératifs gauchistes de l’heure, en
se faisant le promoteur de la pureté des sentiments (à
l’exemple des enfants et des gens des campagnes) et de
l’amour romantique (qui finit par triompher à la fin,
au-delà de la mort).

Autre rêve de
printemps dans l’antique capitale |
|
Le succès
du film a certainement incité Bu Wancang à
poursuivre dans cette voie. Toujours produit par la
Lianhua, cette même année 1931,
« Love
and Duty » (ou « Amour et devoir ») a un
scénario qui présente bien des similarités avec
celui des « Fleurs de pêchers ».
Ruan Lingyu y
interprète également le rôle principal, à nouveau
aux côtés de la grande star masculine de la Shanghai
des années 1930,
Jin Yan (金焰).
Le système des séries propre au wuxia
n’existait plus, mais ces trois films de 1931 se
présentent comme une sorte de trilogie, avec des
thèmes et des acteurs communs, à laquelle on peut
ajouter |
le film de
1932 : « Autre rêve de printemps dans l’antique capitale »
(《续故都春梦》), faisant suite à celui réalisé en 1930 par
Sun Yu
(孙瑜) sur un scénario de
Zhu Shilin (朱石麟).
Cette même année
1932, Bu Wancang réalise un film qui bat tous les records au
box office : « Humanité » (《人道》).
Le film est aujourd’hui perdu, mais nous avons une synthèse
du scénario : le film contait l’histoire du fils d’un
fermier envoyé étudier en ville ; il épouse une riche
héritière, mais est corrompu par la vie citadine ; sa femme
l’abandonne, et il est obligé de rentrer chez lui, dans son
village, mais toute sa famille est morte de faim. La
dernière séquence le montre à genoux, implorant le Ciel de
lui pardonner.
Bu Wancang
s’attira les critiques de gauche qui lui reprochèrent d’être
resté à une analyse au niveau individuel sans chercher à
creuser les raisons socio-économiques de la famine qui avait
décimé la famille. La conclusion désespérée du film fut
aussi opposée à celle, heureuse, du roman de Ding Ling (丁玲)
« Eaux » (《水》)
qui
traitait aussi d’un désastre naturel :
il décrit les
souffrances des paysans poussés à la révolte, et même à la
révolution, par les inondations catastrophiques du Yangtse,
en 1931 (2).
1933-1935 :
Films de gauche sur des scénarios de Tian Han
Critiqué, Bu
Wancang se tourne alors pour ses scénarios vers
Tian Han (田汉),
l’un des fondateurs de la Ligue des dramaturges de gauche au
début de 1931, et entame avec lui une collaboration marquée
par quatre films, de 1933 à 1935 : « Trois femmes modernes »
(《三个摩登女性》),
« Lumière
maternelle » (《母性之光》),
« L’âge
d’or » (《黄金时代》)
et « Chant
de victoire » (《凯歌》).
« Trois
femmes modernes » est donc sur un scénario de
Tian Han, mais signé d’un pseudonyme (Chen Yu) ; il
représente une œuvre charnière dans sa carrière, de
dramaturge romantique influencé par le mouvement du
4 Mai, à socialiste engagé dans la mouvance des
écrivains et cinéastes de gauche.
L’histoire
est celle de Zhang Yu (张榆),
un acteur de cinéma devenu célèbre après être venu à
Shanghai pour fuir un mariage arrangé, et de trois
femmes qu’il |
|

Trois femmes modernes |
courtise, ou qui le
courtisent, et qui représentent trois archétypes de la femme
« moderne » de la Shanghai des années 1930. L’une, Yu Yu (虞玉),
est une coquette qui court bals et réceptions. L’autre, Ruo
Ying (若英),
est une jeune aspirante actrice, follement éprise de
l’acteur, qui se suicide en confondant le monde du cinéma et
la vie réelle. La troisième est une femme, Zhou Shuren (周淑贞),
qui a fui le nord-est envahi par l’armée japonaise, et qui
est entrée dans une troupe de théâtre pour gagner sa vie.
Après la mort de Yu Yu, Zhang Yu part sur le front pour
participer aux équipes de secours d’urgence aux blessés. Il
rencontre là Zhou Shuren qui exerce sur lui une profonde
influence. A la fin, elle est renvoyée pour avoir participé
à une grève, mais elle garde confiance et espoir dans
l’avenir.
Les deux rôles
principaux sont à nouveau interprétés par Jin Yan et Ruan
Lingyu, qui est ici entourée de Chen Yanyan (陈燕燕)
qui venait de jouer dans
« Love and
Duty » et Li Zhuozhuo (黎灼灼)
dont c’était le premier rôle au cinéma. Le personnage de
Zhou Shuren est la première incarnation à l’écran de la révolutionnaire
militante, premier modèle idéologique féminin au cinéma qui
préfigure les héroïnes « rouges ».
« Trois femmes
modernes » eut non seulement un grand succès auprès du
public, mais aussi auprès des critiques de gauche. Bu
Wancang tourna dans la foulée « « Lumière
maternelle »
qui connut un engouement similaire, et marque une
progression supplémentaire en termes idéologiques dans la
filmographie du réalisateur. Il a d’ailleurs déclaré dans
une interview à la sortie du film qu’il avait pris son rôle
de cinéaste au sérieux après « Humanité » : « Le film a eu
du succès et la compagnie a trouvé que le film était bon,
mais, après une analyse sincère des commentaires des
critiques, j’ai trouvé qu’il y avait pas mal d’erreurs
dedans. Alors j’ai changé mon approche et j’ai fait « Trois
femmes modernes ». Maintenant, chaque fois que je fais un
film, je gagne de nouveaux spectateurs. » (3)
En fait, cette
période marque non seulement la montée des idées de gauche
au cinéma, mais en outre l’influence croissante de la
critique de gauche sur le travail des réalisateurs.
1937-1947 : Sujets
historiques
A partir de 1937
et jusqu’à son départ pour Hong Kong en 1947, dans le
contexte de l’occupation de Shanghai par les Japonais (hors
concessions étrangères, puis en totalité à partir de 1941),
Bu Wancang change d’orientation en privilégiant les sujets
historiques à thèmes patriotiques qui permettent de traiter
de l’actualité nationale à mots couverts, en glissant
quelques allusions antijaponaises.

Violette Koo dans Diao
Chan |
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C’est le
cas par exemple, en 1938, de « Sable Cicada
», ou Diao Chan (《
貂蝉》),
produit par la compagnie Xinhua (新华影业公司),
l’un des principaux studios restés actifs à Shanghai
pendant la période de l’ « Île orpheline ». Adaptée
d’un épisode du grand classique « L’histoire des
trois Royaumes », l’histoire se passe sous la
dynastie de Han de l’Est (25-220).
Femme d’une
grande beauté (l’une des Quatre beautés de la Chine
ancienne) (4), Diao Chan est une orpheline qui a été
élevée par Wang Yun (王允),
un ministre de l’empereur Xiandi (汉献帝)
qui |
ne supporte plus les
intrigues de la cour ; il l’utilise pour qu’elle joue de ses
charmes et de ses caprices pour dresser l’un contre l’autre,
en suscitant leur jalousie, le tout puissant Premier
ministre
Dong Zhuo (董卓)
qui règne
en despote et son fils adoptif le général Lü Bu (呂布).
Le stratagème réussi, et Lü Bu tue son père adoptif.
Une fois Dong Zhuo éliminé, Diao Chan devient la
concubine de Lü Bu, et Wang Yun prend l’empire en
mains, mais pas pour longtemps…
Le tournage
du film a commencé à Shanghai en 1937, mais a dû
être suspendu quand, à cause de l’invasion de la
ville, les acteurs se sont joints au flot de
cinéastes et personnels des studios qui ont alors
fui vers les provinces de l’intérieur. Bu Wancang a
cependant réussi à terminer le tournage, à Hong
Kong ! C’est là que le film a récemment été
restauré. Diao Chan est interprétée par Gu Lanjun,
dite Violet Koo (顾兰君),
surtout connue pour son interprétation de
l’impératrice Wu Zetian l’année suivante, dans un
autre film de la Xinhua ; Lü Bu est interprété par
Jin Shan et Wang Yun par Wei Heling (魏鹤龄),
qui venait de jouer son premier grand rôle, celui du
|
|

Chen Yunchang dans le
rôle de Mulan |
vendeur de
journaux, dans
« Les Anges du boulevard » (《马路天使》).

Mulan au début du film |
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Le film fut
un immense succès, à Shanghai comme à Hong Kong ; il
fut même projeté au Grand Théâtre de Shanghai, qui
ne projetait normalement que des films américains,
et exporté aux Etats-Unis. Cela permit à la Xinhua
de renflouer ses caisses. C’est ce succès qui permit
ensuite de tourner « Hua Mulan rejoint l’armée »
(《木兰从军》),
énième avatar de la célèbre héroïne, cette fois sur
un scénario de Ouyang Yuqian (欧阳予倩). Légende type wuxia, mais avec une conclusion atypique : Mulan
refuse les honneurs après avoir repoussé les
envahisseurs, et revient vivre dans son village
après avoir épousé le compagnon d’armes dont elle
était tombée amoureuse…
Avec sa
thématique nationaliste et patriotique, le film
enthousiasma les foules quand il sortit, en février
1939. Les grandes stars de Shanghai avaient fui
Shanghai, y compris Jin Yan. Faute de Hu Die, comme
initialement prévu, c’est l’actrice
|
cantonaise Chen
Yunchang (陈云裳)
que le studio engagea pour interpréter Mulan pendant qu’ils
étaient à Hong Kong pour finir le tournage de « Diao Chan ».
Ce sera le principal rôle de sa carrière.
Pendant la
guerre, Bu Wancang met en scène des pièces de
théâtre à Chongqing et Chengdu et, en 1941, réalise
« Famille », adapté du roman de Ba Jin (巴金).
Après 1941 et l’occupation de tout Shanghai par les
Japonais, il tourne entre autres une adaptation du
« Rêve dans le pavillon rouge » (Hongloumeng
《红楼梦》),
en 1945. Mais il est critiqué pour avoir réalisé des
films pro-japonais.
En 1947,
il part à Hong Kong où il poursuit sa carrière en
contribuant activement au développement du cinéma en
mandarin, comme |
|

Une renommée qui
traverse les siècles |
les nombreux autres
cinéastes qui quittent Shanghai à la même époque.
Hong Kong
Le cinéma
en mandarin est alors dominé par quelques grosses
compagnies de production qui disposent de moyens
financiers bien plus importants que les studios du
cinéma cantonais. Bu Wancang entre dans l’une
d’elles, la Yonghua (永华影片公司),
fondée par un businessman de Shanghai en 1948, et y
tourne un premier film qui correspond aux attentes
du public d’émigrés : un film nationaliste, exaltant
l’amour de la mère patrie.
1948 :
L’âme de la Chine
Adapté
d’une pièce de théâtre de Wu Zuguang (吴祖光)
mise en scène à Chongqing pendant la guerre,
intitulée « Ode à la loyauté » (《正气歌》),
« L’âme
de la Chine » (《国魂》)
exalte l’amour du pays à travers l’histoire de Wen
Tanxiang (文天祥),
héros de la dynastie des Song, et en ce sens se
place |
|

L’âme de la Chine |
dans la continuité
des films historiques filmés à Shanghai pendant la guerre.

Seven Sisters |
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Wen
Tianxiang fut le
dernier
Premier ministre de la dynastie des Song du Sud.
Après avoir résisté aux Mongols, il a été capturé
par Kubilai Khan, mais a toujours refusé de se
rallier à la nouvelle dynastie des Yuan. Au bout de
trois ans de prison, il a été exécuté, en 1283.
C’est donc un symbole de patriotisme et de loyauté
indéfectible à l’empereur. Le titre de la pièce est
celui d’un poème qu’il a écrit en prison. Les deux
principaux rôles sont interprétés par Liu Qiong (刘琼)
et l’actrice Yuan Meiyun (袁美云)
qui avait déjà joué dans « Fraternité » (《博爱》)
en 1942. |
Le studio Taishan
En 1951, Bu
Wancang fonde la compagnie Taishan (泰山影片公司)
et, tout au long des
années 1950, dirige toute une série de films en
mandarin, sur des sujets de société typiques de
l’époque, avec des affiches tout autant typées.
En 1954,
il revient cependant vers le film historique en
tournant pour la Xinhua « Bloodstained Flowers »
(《碧血黄花》),
un film en noir et blanc dont le scénario est basé
sur la célèbre histoire des 72 martyrs
|
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Bloodstained Flowers |
de Canton, à la
veille de la révolution de 1911.

Fishing Song |
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En 1960,
signalons aussi « Nobody ‘s Child » (《苦儿流浪记》)
qui a récemment été retrouvé à Taiwan et restauré,
et a été présenté au
Hong Kong
International Film Festival en 2013. Il s’agit d’un
petit mélodrame sans prétention, comme on en
tournait beaucoup au tournant des années 1960 à Hong
Kong, mais avec une originalité : inspiré d’une
histoire d’Hector Malot, c’est une sorte de fable
dont l’action est illustrée par des images en
parallèle du monde animal, dès la première séquence. |
Le film
conte l’histoire d’une petite orpheline qui vit chez
un couple dont le mari a un petit cirque ambulant.
Elle passe à deux doigts d’être vendue – mais c’est
une vache qui est vendue à sa place. Ensuite elle
est à deux doigts de se faire dévorer par des loups,
mais ce sont deux chiens qui sont mangés à la
place… Et enfin, quand l’artiste ambulant meurt, il
n’y a qu’un chien pour veiller sur sa tombe. Et
c’est ce même chien, à la fin, qui accompagne la
petite fille vers un futur incertain… le chien est
en laisse, mais c’est lui qui ouvre le chemin. |
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Nobody’s Child |
La petite fille est
jouée par Josephine Siao, qui avait alors onze ans
mais jouait déjà depuis l’âge de cinq ans. Chen Yanyan (陈燕燕)
interprète le rôle de la mère, et Hu Die (胡蝶)
a également un rôle secondaire.
Films à Taiwan

La dame au luth |
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A partir de
1960, Bu Wancang réalise également quelques films à
Taiwan : en particulier le premier film en
cinémascope couleur réalisé dans l’île, et le
premier film d’opéra de Pékin (4).
Il réalise
son dernier film en 1964 : « La dame au luth »
(ou Zhao Wuniang 《赵五娘》).
Il meurt
d’une crise cardiaque à Hong Kong en 1974.
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Notes
(1) Citée par
Pang Laikwan dans son ouvrage Building a new China in
cinema, The Chinese Left-wing Cinema Movement, 1932-1937,
Rowman and Littlefield 2002, p. 26.
(2) Sur Ding Ling,
voir :
www.chinese-shortstories.com/Auteurs_de_a_z_DingLing.htm
(3) Cité par
Pang Laikwan, Building a new China in cinema, id., p.
47.
(4) Bu Wancang
avait envisage des faire des films sur les trois autres
aussi,, mais le projet tomba à l’eau.
(5) Selon
Marie-Claire Quiquemelle, Dictionnaire du cinéma asiatique,
éditions Nouveau Monde, 2008, article Bu Wancang, p. 56.
Filmographie :
Années 1920
* Pure comme le jade, claire comme la glace Yujie
bingqing
《玉洁冰清》
(1926)
* Weihun qi 《未婚妻》
(1926)
* Liangxin fuhuo
《良心的复活》
(1926)
* Rêve de printemps au bord du lac Hubian chunmeng 《湖边春梦》
(1927)
* Mariage blanc《挂名的夫妻》
(1927)
* Le petit détective Xiao zhentan
《小侦探》
(1928)
* Meiren guan
《美人关》
(1928)
* Tongxin jie
《同心劫》
(1929)
* Nüling fuchou ji
《女伶复仇记》
(1929)
* Liang’ai zhengfeng
《两爱争锋》
(1929)
* Ai qin jia 《矮亲家》
(1929)
1930-1935
* Haitian qingchou
《
海天情仇》
(1930)
* Genü hen
《歌女恨》
(1930)
* Fuzi yingxiong
《父子英雄》
(1930)
* Une fleur de prunus《一剪梅》
(1931)
*
Les fleurs de pêchers pleurent des larmes de sang《桃花泣血记》
(1931)
*
Love and Duty 《恋爱与义务》
(1931)
* Rêve de
printemps dans l’antique capitale 《续故都春梦》
(1932)
* L’humanité
《人道》
(1932)
* Trois femmes modernes《三个摩登女性》
(1933)
* Lumière maternelle《母性之光》
(1933)
* L’âge d’or《黄金时代》
(1934)
* Chant de victoire
《凯歌》
(1935)
1937-1947
* Humanité nouvelle
《新人道》
(1937)
* Qigai qianjin
《乞丐千金》
(1938)
* Sable Cicada
《
貂蝉》
(1938)
* Mulan Joins the Army
《木兰从军》
(1939)
* Xiaoxiang yeyu, xishi 潇湘夜雨
,西施
(1940)
* Biyu zan
碧玉簪
(1940)
* Ningwu Pass 宁武关
(1941)
* Famille
家
(1941)
* Eternity, ou Une renommée qui traverse les siècles 万世流芳
(1942)
* Fraternité Bo’ai
博爱
(1942)
* Biaozhun furen
标准夫人
(1942)
* Yujia nü
渔家女
(1943)
* Le rêve dans le pavillon rouge (Honglou meng) 红楼梦
(1945)
1947-1963
* L’âme de la Chine 国魂
(1948)
* The Sins of our Father Daliang shan’en chouji 大凉山恩仇记
(1949)
* The Affair of Diana Nuren yu laohu 女人与老虎
(1951)
* Hui mie
毁灭
(1952)
* Woman’s Heart Furen xin
妇人心
(1952)
* Garden in Spring Manyuan chunse
满园春色
(1952)
* Beauty in Disguise Huashen yanying
化身艳影
(1953)
* Seven Sisters Qi zimei
七姊妹
(1953)
* Bloodstained Flowers Bixue huanghua
碧血黄花
(1954)
* Zai chunhua
载春华
(1954)
* Fishing Song Yuge 渔歌
(1956)
* The Long Lane Chang xiang 长巷
(1956)
* Three Sisters San zimei 三姊妹
(1957)
* Miss Evening Sweet Ye lai xiang 夜来香
(1957)
* The Unforgettable Night Yiye fengliu 一夜风流
(1958)
* Beancurd Queen Doufu xishi 豆腐西施
(1959)
* Stolen Love Touqing ji 偷情记
(1959)
* Eve of the Wedding Daijia chunxin
待嫁春心
(1960)
* Nobody’s Child Ku’er liulang ji 苦儿流浪记
(1960)
* The Bedside Story Tongchuang yimeng 同床异梦
(1960)
* My Daughter, my Daughter Liangdai nüxing
两代女性
(1960)
* Dreams Come True Xi xiangfeng 喜相逢
(1960)
* Swindler’s Delight Hongnan lunü 红男绿女
(1960)
* Kiss Me Again Di er wen
第二吻
(1960)
* Lost Love Mangmu de aiqing
盲目的爱情
(1961)
* La dame au luth - Zhao Wuniang
赵五娘
(1963)
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