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Zhu Shilin 朱石麟

1899-1967

Présentation

par Brigitte Duzan, 13 novembre 2013  

 

Zhu Shilin est l’un des grands réalisateurs de la Lianhua où il a commencé sa carrière, avec – entre autres - Bu Wancang (卜万苍) et Fei Mu (费穆), qu’il a ensuite retrouvés à Hong Kong à la fin des années 1940. Il fait partie de cette communauté de cinéastes de Shanghai qui ont continué leur carrière à Hong Kong en contribuant là au développement du cinéma en mandarin dans les années 1950.

 

On se souvient généralement de lui comme étant l’auteur du célèbre film de 1948  « L’Histoire secrète à la cour des Qing » (《清宫秘史》), à cause de la campagne politique dont il a été l’objet en Chine populaire dès le début des années 1950. Ce film est un chef d’œuvre, mais l’œuvre de Zhu Shilin ne s’arrête pas là et doit être appréciée à sa juste valeur.

 

I. Shanghai

 

Zhu Shilin (朱石麟) est né dans le Guangdong en 1899, d’une

 

Zhu Shilin jeune

famille de hauts fonctionnaires originaire de Taicang dans le Jiangsu (江苏太仓).

 

1921-1930 : la Huabei, de la traduction au scénario 

 

Enfant, Zhu Shilin a reçu une éducation traditionnelle de fils de famille aisée, avec un précepteur particulier. Elève doué et précoce, il était – dit-on - capable d’écrire des poèmes à l’âge de dix ans. Mais la fortune familiale a changé quand son père est mort, alors qu’il était encore tout jeune. Sa mère a dû élever seule ses enfants, en vendant l’héritage familial pour trouver de quoi vivre.

 

Dans ces conditions, Zhu Shilin n’a pu poursuivre ses études comme il l’aurait souhaité. Il a dû entrer au Collège technique de Shanghai (上海工业专门学校), et commencer à travailler dès l’obtention de son diplôme. En 1919, il entre comme stagiaire à la Banque de Chine à Hankou, puis comme employé à la société du chemin de fer Longhai (陇海铁路), à Pékin.

 

C’est alors qu’il fait la connaissance de Luo Mingyou (罗明佑), le propriétaire d’un cinéma proche des bureaux où il travaillait : le cinéma Zhenguang (真光电影), créé en 1921 dans les anciens locaux d’une maison de thé (1). La plupart des films projetés étant des films américains, Zhu Shilin rédige pour Luo Mingyou des annonces publicitaires et traduit des synopsis. C’est en même temps pour lui l’occasion de se familiariser avec des réalisateurs qui auront plus tard une influence sur ses propres films, dont Ernst Lubitsch et Frank Capra.

 

Vieille boîte de film de la Hua bei

 

Quand, en 1927, Luo Mingyou crée la compagnie Huabei (华北电影公司), Zhu Shilin y entre comme traducteur. D’abord société de distribution, la Huabei devient aussi société de production pour alimenter son réseau de cinémas, parce que beaucoup de films américains étaient devenus parlants, et que les salles chinoises n’avaient pas l’équipement pour les projeter. Zhu Shilin devient bientôt scénariste.

 

Il est malheureusement affecté par de graves problèmes de santé. Il souffre d’arthrite depuis

un très jeune âge, mais la maladie s’aggrave à partir de 1926, et le traitement qu’il subit le laisse pratiquement paralysé ; il en gardera une raideur dans la colonne vertébrale toute sa vie. Incapable de travailler et passant par des périodes de profonde dépression, il se fait remplacer par Fei Mu (费穆), entré comme rédacteur à la Huabei, avec lequel, au début de 1930, il crée une revue de cinéma intitulée Hollywood (好莱坞电影杂志). C’est le début d’une longue et fructueuse amitié. 

 

C’est tout naturellement que Zhu Shilin et Fei Mu suivent ensuite Luo Mingyou à la Lianhua (联华影业公司), lorsque celle-ci est créée, en août 1930. C’est à la Lianhua que Zhu Shilin va faire ses premiers pas de réalisateur.

 

1930-1937 : la Lianhua, d’abord  scénariste et producteur…

 

A la fondation de la Lianhua, Luo Mingyou confie la responsabilité de la production à Zhu Shilin. Il va se distinguer par ses scénarios.

 

Le premier qu’il écrit, sur une commande de Luo Mingyou qui avait conçu le projet dès 1929, est celui de « Rêve de printemps dans l’antique capitale » (《故都春梦》) : l’histoire tragique, inspirée de l’actualité, d’un intellectuel devenu haut fonctionnaire sous la République, gagné peu à peu par la corruption ambiante, qui entraîne finalement sa déchéance morale : ses premiers rêves de succès ne sont plus que de dérisoires « rêves de printemps » vite envolés.


Luo Mingyou fait réaliser le film par Sun Yu (孙瑜),

 

Rêve de printemps dans l’antique capitale

avec le cofondateur de la Lianhua, Li Minwei (黎民伟), à la caméra, et, dans les rôles principaux,

 

Li Minwei et Luo Mingyou (1et et 2ème à gauche) à la fondation de la Lianhua, avec les actrices Lin Chuchu et Ruan Lingyu encadrant Mei Lanfang, et Sun Yu à droite de Ruan Lingyu

 

Ruan Lingyu (阮玲玉), Lin Chuchu (林楚楚), et Wang Ruilin (王瑞麟), un jeune acteur de théâtre débutant dont ce sera le seul rôle important au cinéma, mais qui aura ensuite une fonction importante comme formateur de futurs acteurs dans l’école de la Lianhua.

 

Dans un marché en crise, le film a un tel succès à sa sortie qu’il lance la carrière de scénariste de Zhu Shilin, tout en consolidant la position et les finances de la Lianhua. Deux autres studios se joignent à la compagnie, Dazhonghua Baihe (大中华百合) et Tianyi (天一影片公司), ainsi qu’une maison d’édition. 

 

En 1931, Zhu Shilin écrit deux scénarios, pour « Hengniang » (恒娘) de Shi Dongshan (史东山), et « Love and Duty » (恋爱与义务) de Bu Wancang (卜万苍). En 1934 est ouvert à Shanghai le troisième studio de la Lianhua dont il prend la tête. Il va alors pouvoir se lancer lui-même dans la réalisation.

 

… puis réalisateur

 

En 1930, déjà, alors qu’il récupérait de sa crise d’arthrite et marchait encore avec une canne, il avait réalisé un court métrage de trente minutes en montant le filmer sur le toit du cinéma Zhenguang : « Contrat de suicide » (《自杀合同》).

 

Son premier long métrage date de 1934 : « Retour » (《归来》) est une histoire tragique qui se passe pendant la guerre ; un homme part en voyage d’affaire à l’étranger où il tombe amoureux d’une femme ; n’ayant plus de nouvelles de son épouse et la pensant morte, il s’installe avec elle, mais celle-ci est alors confrontée à un dilemme lorsque l’épouse réapparaît.

 

En 1935, son second film, « Le Chant de la nation » (《国风》), coréalisé avec Luo Mingyou, a été critiqué par la suite pour avoir contribué à diffuser les idées du mouvement de la Vie Nouvelle, lancé au même moment par le Guomingdang. Mais les idées sur lesquelles s’appuyait le Guomingdang pour tenter de revitaliser la nation chinoise étaient basées sur les mêmes valeurs confucéennes que Fei Mu et Zhu Shilin avaient déjà défendues dans leurs films précédents et qu’ils continueront à défendre, et en particulier les valeurs de la famille traditionnelle.

 

 

Le Chant de la nation

 

Ses films les plus importants de la période datent de 1937 : « Le chant d’une mère » (《慈母曲》), « Temps anciens, Temps modernes » (《新旧时代》), « La perle perdue  » (人海一珠), et le court métrage « Le fantôme » (), le septième des huit composant la « Symphonie de la Lianhua » (联华交响曲), réalisés par huit réalisateurs différents de la compagnie. Ils marquent l’apogée de la Lianhua.

 

L’année 1936 fut, pour la compagnie, une année très difficile, après une série de films à gros budget qui avaient épuisé les finances. A court de fonds, Luo Mingyou alla chercher de nouveaux investisseurs, et finalement se retira de la compagnie. Li Minwei reprit alors son indépendance, en mai 1936, en recommençant à travailler sous le nom de la Minxin. La Lianhua passa sous le contrôle d’une société fondée pour gérer la production et la distribution de ses films, la Hua’an (华安电影有限公司).

 

Temps anciens, Temps modernes

 

C’est dans ces circonstances que Zhu Shilin réalise ses films de 1937, à commencer par « Le chant d’une mère », dans lequel il fait des expériences techniques et stylistiques poursuivies dans « Temps anciens, Temps modernes » : les deux films sont restés des modèles d’étude, de la forme plus que du fond.

 

« Le chant d’une mère » est un film où chaque séquence est étudiée en termes de plans, mouvements de caméra et angles de prise de vue, en particulier, avec des effets de suspense dans le montage. Mais, en dehors de ses qualités purement stylistiques, le film a en plus un scénario vivant et plein d’humour, et il est remarquablement interprété par ses jeunes acteurs (dont le fils de Li Minwei). Certains pensent que le film aurait été tourné dès 1935 : c’est le premier film parlant de Zhu Shilin.

 

 

Le chant d’une mère

 

Quant à « Temps anciens, Temps modernes », Zhu Shilin y retrace les heurs et malheurs d’une famille « féodale », se terminant par sa désintégration, conflits internes et destin final se voulant symboliques de la situation de la Chine à l’époque. Le film explore les possibilités offertes par les éléments spécifiques de l’architecture chinoise traditionnelle pour souligner son thème, et en particulier la maison construite autour d’une cour centrale. Dans le film, la cour est un élément récurrent suggérant l’enfermement, les fenêtres suggérant un monde carcéral, surtout quand la photo est prise de l’extérieur, à travers elles. 

 

« Temps anciens, Temps modernes » est un film construit selon un principe de symétrie, déterminée par un vase placé au milieu du plan ; cet équilibre est fragilisé au fur et à mesure que le film progresse, pour finir détruit alors que se brise le vase, et que s’effondre la famille.

 

Les principaux rôles sont interprétés par quatre des meilleurs acteurs de la Lianhua à l’époque : les actrices Bai Lu (白璐) et Chen Yanyan (陈燕燕), et les acteurs Shen Fu (沈浮) et Liu Qiong (刘琼), qui deviendra lui-même réalisateur sous l’égide de Zhu Shilin.

 

Quant au court métrage « Le fantôme » (《鬼》), c’est un condensé de 14 minutes de l’art de Zhu Shilin en cette année charnière.

 

Le fantôme, Symphonie de la Lianhua n° 7  http://www.youtube.com/watch?v=d8-EXdHzJLE

 

1938-1946 : réalisateur pendant l’occupation japonaise

 

Après l’incident du pont Marco  Polo, le 7 juillet 1937, les Japonais passent à l’offensive et fondent sur Shanghai dont la résistance ne sera vaincue qu’au bout de quatre mois de combats : la ville est occupée le 26 novembre après d’intenses combats.

 

A la fin de l’année, la Lianhua était moribonde, il ne restait guère que quelques gardiens dans les studios. La plupart des autres compagnies cessèrent aussi leurs activités, la seule exception notoire étant la Xinhua (新华影业公司), qui avait été créée en 1934 par Zhang Shankun (张善琨) ; il réussit à produire deux films en 1937, dont une comédie qui eut beaucoup de succès : le public était là et demandait du divertissement. Mais le tournage de « Diao Chan » ( 貂蝉) par Bu Wancang (卜万苍) fut interrompu… Il fallut attendre la fin des hostilités et la stabilisation de la situation dans la ville pour que le cinéma puisse reprendre.

 

1939-1941 : drames historiques

 

Wen Suchen (3ème episode)

 

En octobre 1938, Zhu Shilin tenta de réorganiser la Hua’an, en la renommant Hualian (华联). Mais il ne put produire de films, les équipes étant passées à la Xinhua.

 

En 1939, il  finit par entrer dans une nouvelle compagnie créée par un homme d’affaires, la compagnie Hezhong (合众影业公司). Il y tourna plusieurs films, surtout dans le genre fantastique et historique, parce que, comme aujourd’hui et comme toujours, c’était une façon d’aborder des thèmes sociaux contemporains sans alerter la censure, et parce que ce genre de films était toujours populaire.

 

Un exemple est sa série de quatre films inspirés de la vie d’un lettré, « Wen Suchen » (文素臣), dont la réalisation s’étage sur les années 1939-1940. Héros d’un roman du dix-huitième siècle, « Humbles propos d’un vieux rustre » (Yesou puyan 《野叟曝言》), Wen Suchen est un symbole de résistance à un pouvoir aveugle, dont Zhu Shilin fait un xia

moderne luttant pour la justice (正直侠义). Le film fut reçu par un article élogieux paru dans le Shenbao (《申报》) le 31 décembre 1939 : « Le film le plus populaire de cette année à Shanghai » (《本年度上海最红的戏》), où le journaliste notait bien les aspects de wuxia camouflés dans le propos du réalisateur (2).

 

En 1940, il tourne un autre film important de la période, dans le même genre : « Xiang Fei » (《香妃》). Xiang Fei est, cette fois une héroïne populaire, tirée d’un récit du début de la dynastie des Qing adapté de nombreuses fois au théâtre et à l’opéra ; elle aussi est en lutte contre le pouvoir, en l’occurrence l’empereur Qianlong (乾隆皇帝) qui l’a fait enlever pour en faire sa concubine, et elle luttera jusqu’à la mort.

 

Dans l’un des rares articles qu’il ait écrit ces années-là, publié dans l’Asia Film Bulletin, le 3 avril 1940 (3), Zhu Shilin défend le choix de tels sujets par la situation historique : « Le courant actuel [dans le cinéma] est en faveur du drame historique. Je n’ai rien contre ce genre de films ; ce que je récuse, ce sont les films de ce genre qui n’ont ni queue ni tête. En ce sens, les cinéastes sont en accord avec le public…. Quand une nation est menacée, il est important de

 

Xiang Fei

faire face à l’adversité et d’être fier de défendre sa juste cause. C’est le sens de « Xiang Fei » et j’espère que son esprit se répandra dans le monde. »

 

« Xiang Fei » contient deux chants, dont l’un sur des paroles écrites par Zhu Shilin lui-même, que l’on pourrait traduire ainsi (4) :

Où sont passés les montagnes et les fleuves de mon vieux pays ?

….

Mon corps peut se lever non se coucher,

Le héros peut verser son sang, non des larmes,

Je refuserai à jamais d’être prisonnière de Chu,

                      et de pleurer de honte dans l’irrésolution.

 

Pendant la même période, Zhu Shilin a aussi rédigé les livrets de deux opéras sur des sujets analogues, pour le grand chanteur et acteur Zhou Xinfang (周信芳) : « Les deux empereurs Hui et Qin » (《徽钦二) et « Wen Tianxiang » (文天祥) ; les représentations seront d’ailleurs interdites par les autorités japonaises.

 

 Les conditions de travail étaient cependant très tendues, d’autant plus qu’une vingtaine de compagnies avaient surgi comme des champignons des décombres de la ville et se faisaient une concurrence acharnée. Ainsi, en juillet 1940, Zhu Shilin tourna un nouveau film, « Meng Lijun » (孟丽君), en travaillant jour et nuit : le tournage de la première partie fut achevé en sept jours, celui de la seconde en treize, et la post-production dans les deux cas en quarante huit heures. Sa performance fut saluée comme un miracle. Mais une autre compagnie réussit à boucler un scénario sur le même sujet en une nuit, et à terminer le film en une semaine...

 

« Meng Lijun » est une histoire à la Mulan, d’une jeune fille très belle en lutte contre un mariage imposé et la société toute entière – elle est toujours célèbre, on en a fait en 2009 une série télévisée avec Li Bingbing dans le rôle titre. Donc encore une histoire de rébellion.

 

Mentor

 

Période tendue, c’est cependant aussi une période fructueuse où Zhu Shilin commence à former de jeunes cinéastes. Il commence avec Tu Guangqi (屠光启) qui avait joué dans ses films précédents, et auquel il fait tourner quelques scènes de « Meng Lijun » selon ses instructions. Mais c’est alors, aussi, qu’il découvre les futurs réalisateurs Cen Fan (岑范) et Sang Hu (桑弧).

 

C’est Zhou Xinfang qui fit connaître Sang Hu à Zhu Shilin ; ils avaient quelques points communs, dont, tous les deux, des débuts comme employés de banque avant de s’intéresser  au cinéma. Zhu Shilin invita Sang Hu à lui écrire un scénario : ce fut celui de « Chair » (《肉》) tourné en 1941 -  l’histoire d’une servante violée par son maître, dont le fils tombe amoureux.

 

Sang Hu écrivit ensuite les scénarios de deux films tournés en 1942 : « Nuit de noce » (《洞房花烛夜》), adapté de « Tess d’Uberville » de Thomas Hardy, et « Rendez-vous tard dans l’après-midi » (《人约黄昏后》), une comédie d’un style original dont Sang Hu s’inspirera par la suite.

 

Quant à Cen Fan, il avait seize ans, habitait Nankin, et fut tellement enthousiasmé en voyant ces deux films qu’il écrivit un scénario pour Zhu Shilin et le lui envoya. Quand Zhu Shilin tourna « Indépendance » (《不求人》), en 1943, il l’invita à assister au tournage. Ils devinrent amis et Zhu Shilin l’invita ensuite à le rejoindre à Hong Kong où il devint son assistant, jusqu’en 1951.

 

Films pour la Zhonglian

 

Après l’attaque de Pearl Harbour, les Japonais envahirent les concessions internationales de Shanghai, le 8 décembre 1941, occupant ainsi la totalité de la ville. En 1942, les autorités japonaises englobèrent la Xinhua et onze autres studios dans une nouvelle compagnie sous leur contrôle : la Zhonglian (中联, acronyme de  中国联合制片公司). Les réalisateurs chinois furent soumis à des pressions très fortes, et à des directives strictes visant à lutter contre les sentiments anti-japonais de la population.

 

Renommée éternelle

 

Zhu Shilin réalisa quatre films produits par cette compagnie en 1942. Le cas typique est « Renommée éternelle » (《万世流芳》), qui répondait à l’une des directives, demandant aux réalisateurs de détourner la haine de la population à l’encontre des envahisseurs japonais vers d’autres nations ; le film est une grosse production ; coréalisé par cinq des meilleurs réalisateurs de Shanghai, dont Zhu Shilin, Bu Wancang (卜万苍), et Maxu Weibang (马徐维邦), il traite des guerres de l’Opium.

 

De la même manière, « Love for humanity »  est constitué de onze courts métrages réalisés par onze réalisateurs différents, glorifiant l’amour de l’humanité, celui des enfants, etc… La partie réalisée par Zhu Shilin a trait à l’amour conjugal. En 1943, il fera encore un film sur l’amour entre frères.

 

En 1944, il refuse de coréaliser avec un réalisateur japonais un film sur la rébellion des Boxers. Mais le mal est fait : il est critiqué, taxé de collaborateur, ostracisé par ses pairs et doit vendre ses biens pour faire vivre sa famille. Quand, en 1946, il est invité à rejoindre la Dazhonghua (大中华) à 

 

L’équipe de Renommée éternelle : Bu Wancang,

Zhu Shilin et Maxu Weibang (2è, 3è et 4è

à partir de la gauche), avec l’actrice Li Xianglan

Hong Kong, il part aussitôt, mais sans penser qu’il ne reviendra jamais à Shanghai.

 

II. Hong Kong

 

A Hong Kong, il écrit des scénarios et commence à tourner des comédies, comme, en 1946, « Two Persons in Trouble Unsympathetic to Each Other » (《同病不相怜》), dans laquelle il fait jouer Cen Fan. Mais c’est pour lui une période difficile, marquée par l’incertitude et l’angoisse ; il souffre de dépression.

 

Mais il est invité à entrer à la Yonghua (永华影业公司), et son esprit créatif et novateur va pouvoir s’épanouir à nouveau. C’est alors qu’il décide de rester à Hong Kong.

 

La Yonghua

 

A la Yonghua, Zhu Shilin se retrouve en terrain de connaissance. Il y arrive à sa fondation, en 1947,  par un transfuge de Shanghai, Li Zuyong (李祖永) – d’où le nom de la compagnie -, aidé et conseillé par l’ancien grand maître de la Xinhua, Zhang Shankun. Le but est de produire des films en mandarin, avec les meilleurs scénaristes, réalisateurs et acteurs, eux aussi venus de Shanghai.

 

L’histoire secrète de la cour des Qing

 

Le premier film que réalise là Zhu Shilin est sans doute son chef d’œuvre : « L’histoire secrète de la cour des Qing » (《清宫秘史》), qui sort en 1948. Le film est une œuvre magistrale qui peut se lire à la fois comme une relecture d’une période dramatique de l’histoire chinoise, mais aussi comme un de ces mélodrames familiaux où Zhu Shilin excelle, mais où les conflits internes entre l’impératrice et la concubine de l’empereur sous-tendent et exacerbent les conflits politiques.

 

De manière éminemment confucéenne, le film analyse les problèmes du pays en terme de problèmes familiaux, la famille étant le microcosme de base de la nation. En ce sens, le film s’inscrit parfaitement dans la continuité de la thématique propre à Zhu Shilin.

 

Projeté en Chine continentale en 1950, le film est aussitôt retiré de l’affiche. C’est au moment de la campagne idéologique menée contre le film de Sun Yu « La vie de Wu Xun » (《武训传》) : les premières campagnes menées contre les intellectuels par Mao pour affermir son pouvoir. Le film sera à nouveau critiqué en 1954, puis, en 1967, une nouvelle attaque servira à lancer la campagne contre Liu Shaoqi. Contrairement à Sun Yu, cependant, la carrière de Zhu Shilin n’en fut pas affectée.

 

La Longma

 

En 1950, Zhu Shilin crée une nouvelle compagnie avec son ami Fei Mu : la Longma (龙马影片公司), longma c’est-à-dire la compagnie du dragon-cheval, parce qu’ils étaient nés l’un l’année du dragon, l’autre l’année du cheval.

……………………

à suivre

……………………

 

Il a réalisé son dernier film en 1964.

 

Le 5 janvier 1967, le Wenhui bao (文汇报) publia un article écrit par Yao Wenyuan (姚文元) annonçant que « le président Mao avait dénoncé le film « L’histoire secrète de la cour des Qing » comme étant un film anti-patriotique et devant être critiqué comme tel. » Après l’avoir lu, Zhu Shilin demanda à sa fille qui était Yao Wenyuan ; elle ne le savait pas plus et lui dit qu’il s’agissait d’un rédacteur du journal (5).

 

Zhu Shilin mourut ce soir-là à l’hôpital après avoir eu une crise cardiaque. Huit mois plus tard se déchaînait la campagne menée contre Liu Shaoqi….

 

 

Notes

(1) Devenu aujourd’hui le Théâtre pour enfants de Pékin (中国儿童剧场), sur Dong’anmenwai dajie (东安门外大街).

(2) Voir : www.chinanews.com/cul/news/2010/02-25/2139389.shtml

(3) Cité par Shu Kei dans son article sur Zhu Shilin publié dans le catalogue du 7ème festival du cinéma de Hong Kong (voir Bibliographie ci-dessous), p. 26.

(4) Voir Shu Kei, article cité, le poème en chinois p. 30.

(5) C’était l’un des idéologues de la Bande des Quatre.

 


 

Principaux films réalisés

 

1930 Contrat de suicide  《自杀合同》

1934 Retour 《归来》

1935 Le Chant de la nation《国风》 (coréalisé avec Luo Mingyou)

1937 Le Chant d'une mère 《慈母曲》

     Temps anciens, Temps modernes  《新旧时代》 

1939-1940 Wen Suchen  文素臣

1940 Xiang Fei《香妃》

     Meng Lijun 孟丽君

1941 Chair 《肉》(又名《灵与肉》)

1942 Nuit de noce 《洞房花烛夜》

     Rendez-vous tard dans l’après-midi《人约黄昏后》

1942 Renommée éternelle《万世流芳》

     (coréalisé avec Bu Wancang, Maxu Weibang, Yang Xiaozhong)

1943  Indépendance 《不求人》

1948 Histoire secrète à la cour des Qing《清宫秘史》

1950 Hua Guniang《花姑娘》

……………………

 


 

Bibliographie

- Zhu Shilin et le cinéma, par Zhu Feng et Zhu Yan (son fils et sa fille), Hong Kong: Cosmos Books Ltd, 1999 (en chinois).

朱枫、朱岩编著《朱石麟与电影》,香港:天地图书有限公司,1999

 

- Zhu Shilin, in : A Comparative Study of Post-War Mandarin and Cantonese Cinema, catalogue du 7ème festival international de cinéma de Hong Kong (anglais/chinois), The Urban Council, 1983, Section I, pp 15-93.

Par Shen Ji (沉寂), Lin Nien-tung (林年同), Shu Kei (舒琪), Li Cheuk-to  (李焯桃), et Lo King-wah  (劉成 /)

 

 

 

 

 

 

 
     
     
     
     
     
     
     
     

 

   

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 



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