« Sentimental Animal » (《感情动物》)  a été récompensé, selon les termes mêmes du jury NETPAC, pour son style innovant tant dans sa recherche visuelle que dans sa construction narrative.

C’est un film qui peut dérouter au premier abord, par sa narration elliptique, justement. Le scénario part d’une situation banale : un vieux chef de famille va mourir ; c’est un ancien combattant qui a été blessé à la guerre et en est resté handicappé ; il garde malgré tout une grande autorité dans le clan familial où il est respecté. Le film se situe au moment de la fête du Printemps : tout le monde s’affaire pour lui préparer un cadeau et un repas de fête, sachant que ce sera vraisemblablement le dernier.

Mais sous cette apparence de simplicité se cache un ressort narratif bien plus complexe, mystérieux et oppressant, qui fait peu à peu surface sous les images, des

Sentimental animal, affiche internationale

images en noir et blanc qui contribuent à l’atmosphère, bien que le réalisateur ait déclaré que ce noir et blanc n’avait été choisi que pour des raisons budgétaires.

Il faut plutôt le prendre comme une facétie. Le caractère du film tient essentiellement à la photo : elle est signée d’un maitre de l’absurde, Zhang Yuedong (张跃东), lui-même réalisateur qui nous a livré en 2007 un chef-d’oeuvre de minimalisme absurde : « Mid-afternoon barks »  (《下午狗叫》).

Mais derrière la narration et les images émerge un message, un propos plus profond et subtil, qui met en parallèle la situation des personnages et celle de la société chinoise actuelle, caractérisée par des relations humaines très tendues, sous l’apparence du discours prévalent sur l’harmonie sociale.

Affiche chinoise

Wu Quan

Le film est le premier long métrage de Wu Quan (武权), musicien de formation, peintre et artiste multi-media, né à Pékin en 1961. Il montre que, sous des apparences d’uniformisation, le cinéma chinois recèle en réalité des pépites de recherche stylistiques qui sont trop peu mises en valeur.