Né à Wuhan en 1947, Yonfan a commencé sa carrière
cinématographique à Hong Kong dans les années 1980.
C’est l’un des grands réalisateurs hongkongais de la
génération d’Ann
Hui (许鞍华).
Naissance en Chine, études aux Etats-Unis
Yonfan est né en octobre 1947 à Wuhan (ou plutôt
Hankou), deux ans avant la fondation de la
République populaire… qui fait fuir ses parents à
Hong Kong. Ils y restent trois ans avant de partir à
Taiwan. Yonfan avait alors cinq ans. Il a passé son
enfance et son adolescence à Taichung (臺中市),
au centre de Taiwan comme son nom l’indique.
Il revient à Hong Kong en 1964, à l’âge de 17 ans,
et commence une carrière de photographe. Mais,
quatre ans plus
Yonfan en 2009 (au
festival de Toronto)
tard, en 1968, il part aux Etats-Unis, pour faire des études
de cinéma. Il passe plusieurs années à voyager, aux
Etats-Unis, mais aussi en France et en Angleterre, et ne
revient à Hong Kong qu’en 1973. Il devient alors un
photographe réputé pour ses portraits de célébrités.
Après la photographie, le cinéma
Maggie Cheung et Chow
Yun-fat dans « Lost Romance »
Il fait ses débuts de réalisateur en 1984 avec « A
Certain Romance » (《少女日记》)
puis, deux ans plus tard, adapte le roman
« L’histoire de la rose » (《玫瑰的故事》)
de l’écrivaine également hongkongaise Yi Shu (亦舒),
sœur de l’écrivain et scénariste Ni Kuang (倪匡)
[1] ;
intitulé « Lost Romance », avec Maggie Cheung et
Chow Yun-fat à leurs débuts, le film est un succès
commercial.
Yonfan poursuit dans ce style romantique, jusqu’à « In
Between » (《新同居时代》),
sorti
en 1994. Également intitulé « Affaires conjugales », le film
est en fait constitué de trois courts métrages
de trois réalisateurs différents, dont lui-même pour
le second, « Lonely Hearts Club » (《怨妇俱乐部》) ;
le troisième volet, « Unwed Mother » (《未婚妈妈》)
est de
Sylvia Chang (张艾嘉),
amie de Yonfan qui a coproduit le film. Yonfan
s’intéresse alors plutôt à la peinture de
personnages issus de classes défavorisées ou
marginalisées de la société hongkongaise.
1998 est un tournant dans sa filmographie et sa
carrière : il réalise « Bishonen » (《美少年之恋》),
aussitôt célèbre pour son sujet et ses scènes
d’amours homosexuelles. En fait le film est inspiré
d’un fait divers qui avait fait scandale : un
playboy avait été trouvé en possession d’un millier
de photographies de policiers nus. Yonfan a fait de
cette histoire une sorte de fable tragique autour du
thème des amours interdites et de la rédemption. Si
la critique locale a été partagée, le film a été
très bien accueilli dans les festivals un peu
partout. C’est aussi le film qui a lancé l’acteur
Daniel Wu. C’est devenu un film culte LGBT.
Bishonen
L’un des thèmes musicaux du film : ma vie, mon amour
我的生命我的愛
(montage de scènes avec Daniel Wu et Stephen Fung)
Le Pavillon aux
pivoines
En 2001, Yonfan réalise un autre succès :
« Le
Pavillon aux pivoines » (《游园惊梦》),
librement adapté du grand classique le Mudanting
(《牡丹亭》)
du dramaturge Tang Xianzu (汤显祖),
dans une adaptation en opéra kunqu, avec deux
actrices dans les rôles titres, la Taïwanaise Joey
Wong et la Japonaise Rie Miyazawa. Le film a été
sélectionné au 23ème festival du cinéma
international de Moscou où l’actrice Rie Miyazawa a
obtenu le prix de la meilleure actrice. Brigitte Lin
est la narratrice et Yonfan interprète le rôle du
professeur de danse. Le film a été produit par
Ann Hui (许鞍华).
C’était le premier volet d’une trilogie adaptée du
« Pavillon aux pivoines ». Le deuxième volet –
« Breaking the Willow » (《凤冠情事》)
– est sorti à la Biennale de Venise en 2003, et le
troisième, « Colour Blossoms » (《桃色》)
en 2004, ce dernier film avec des acteurs de Hong
Kong, Japon et
Corée, et une équipe technique de Chine
continentale, dont le chef opérateur Wang Yu (). Le
film a été en grande partie financé par Yonfan
lui-même, faute de mieux ; il a suscité une vive
controverse à Hong Kong à sa sortie en raison de son
sujet (annoncé dans le titre qui signifie « fleurs
de pêchers », symbole du désir) et de ses scènes de
sexe, et la critique a été partagée.
Il faudra cinq ans à Yonfan pour réaliser un nouveau
film. C’est « Prince of Tears » (《泪王子》),
sorti en 2009, où il revient sur l’histoire de
Taiwan telle qu’il l’a vécue, dans les années 1950.
Le film relate l’histoire d’une famille taïwanaise
prise dans la répression sanglante de la Terreur
blanche qui a suivi l’instauration de la loi
martiale le 19 mai 1949. Produit par
Fruit Chan (陳果),
le film est sorti à la 66ème Biennale de
Venise en 2009.
Prince of Tears
Prince of Tears, trailer
En 2011, Yonfan a été le président du jury du festival de
Busan qui a programmé en même temps une rétrospective de
sept de ses films restaurés, dont « Colour Blossoms ».
Il revient ensuite vers son amour « inconditionnel », selon
ses propres termes, de l’opéra kunqu pour réaliser
« Law » (《律》),
sorti en 2013 au festival de Rome, avec le grand artiste Lin
Weilin (林为林),
directeur de la troupe d’opéra kunqu du Zhejiang.
N°7 Cherry Lane
Yonfan et Lin Weilin
présentant « Law » au festival de Rome en 2013
Un nouveau film est sorti à la
76ème Biennale de Veniseen septembre 2019, dix ans après « Prince of
Tears ». Yonfan surprend : c’est un film
d’animation, « N° 7 Cherry Lane » (《继园台七号》).
Il a obtenu le prix du meilleur scénario.