par
Brigitte Duzan, 12 septembre 2021, actualisé 15 janvier 2025
Scénariste, réalisatrice, productrice et actrice, Li
Dongmei est née dans la municipalité de Chongqing (重庆)
pendant l’hiver 1979.
Etudes et premiers films
Elle a étudié la littérature anglo-américaine à
l’université d’études internationales du Sichuan (四川外国语学院英美文学专业专科)
puis est allée étudier la réalisation
cinématographique à l’université de Melbourne (墨尔本大学导演系).
En 2015, pour son film de fin d’études, elle a écrit
et réalisé un premier court métrage de 13 minutes :
« Sunshine on the Grass » (《阳光照在草上》).
Encore appelé en anglais « The Corn is Flowering »,
le film dépeint, du point de vue d’une petite fille
de huit ans, la vie d’une famille pauvre dont le
grand-père est en train de mourir sans que la
famille puisse
Li Dongmei
Wind of Change
lui payer les soins médicaux dont il aurait besoin.
Le film a été tourné dans la bourgade où Li Dongmei
a passé son enfance, et elle l’a conçu comme une
allégorie du déclin irréversible de cette région
rurale aujourd’hui désertée par les jeunes.
De retour en Chine, elle a été admise en classe de
perfectionnement dans le département de littérature
de l’Institut du cinéma de Pékin (北京电影学院文学系第18期进修班学生).
Elle a alors été la scénariste du film « A
Mysterious Tribe in China » (《落绕》)
sorti en mars 2018
[1].
Puis, en 2020, elle a participé au documentaire
« Wind of Change » (《山间风疾》)
réalisé par Chen Huaxiang (陈华翔) ;
tourné dans la petite bourgade de Futian (福田),
dans la municipalité de Chongqing, le film est né de
la préparation par Li Dongmei de son premier long
métrage.
2020 : MaMa
C’est cette même année, en effet, qu’elle a écrit et
réalisé son premier long métrage, « MaMa » (《妈妈和七天的时间》).
Ce premier film, autobiographique, qu’elle a conçu
comme un hommage à sa mère, décédée quand elle avait
douze ans en donnant naissance à sa quatrième sœur,
a été remarqué, et souvent primé, dans tous les
festivals où il est passé en 2020 : festival de
Busan, festival de Pingyao où il a obtenu le prix
Fei Mu, festival de Hong Kong, Biennale de cinéma de
Venise dans la section Giornate degli autori,
etc. En 2021, il a été sélectionné en France au
festival du cinéma d’auteur chinois.
Li Dongmei voulait faire un documentaire sur
l’événement traumatisant de son passé que fut la
mort de sa mère. Mais elle se heurta à une
impossibilité car la majorité de ses voisins étaient
morts ou avaient déménagé. Elle a alors décidé de
réaliser un film de fiction qui est à la fois retour
sur le passé et méditation sur la vie et la mort.
MaMa
Le
film se passe durant l’été 1992, pendant sept jours comme
l’indique le titre chinois. Xiao Xian (小咸)
a douze ans et vit avec ses parents et ses sœurs dans une
maison dilapidée d’un vieux village. La vie est rythmée par
les repas familiaux et les travaux des champs. La mort d’un
voisin vient rompre la routine quotidienne. Puis la santé de
la mère commence à se détériorer.
« MaMa », a-t-on pu dire, est un film minimaliste (极简主义)
[2]
où transparaissent les influences de Bresson et d’Ozu dont
se réclame la réalisatrice. C’est un film cathartique, filmé
en longues séquences méditatives qui ont la qualité de
photographies capturant le moment qui s’éternise. Tout est
long et lent, quasiment statique, dans des paysages qui
semblent immuables, et où soudain survient la mort.
Li Dongmei a ensuite poursuivi avec le cinéaste
Zhang Yalong (张亚龙)
une collaboration commencée pour la réalisation du
documentaire « Wind of Change ». Il s’agit d’un
autre documentaire dont la sortie est prévue pour
2022 : « Ashore » ou « The Island » (《岛》).
Le film a trait à un événement qui s’est passé
pendant l’épidémie de covid en 2020 : l’initiative
d’un groupe d’artistes qui ont préparé une série
d’expositions et performances dans une île, au large
du Shandong.
2025 : Guo Ran
En janvier 2025, un nouveau film de Li Dongmei est
annoncé dans la sélection de la « Tiger
Competition » du
festival de Rotterdam.
Intitulé « Guo Ran » (《果然》),
il est qualifié par le festival de « chamber
drama » : il retrace la dissolution progressive d’un
jeune couple qui vit dans un petit appartement ; la
jeune femme est au début d’une première grossesse,
tandis que son mari est de plus en plus obsédé par
son travail, ou volontiers distrait par tout autre
événement lui permettant d’échapper à la crise qui
couve. La jeune femme fait une fausse couche ; elle
doit apprendre à surmonter le choc et la perte, mais
son malaise rejoint celui de toute la société qui
l’entoure.
C’est une exploration de l’identité féminine et des
relations humaines dans le monde contemporain, un
film méditatif, dans la lignée de « MaMa ». La
photographie est signée Matthias Delvaux, le chef
opérateur, entre autres,