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Pleins
feux sur Sun Yu et Wang Xiaoshuai au Festival du cinéma
chinois de Paris
par Brigitte
Duzan, 15 septembre 2012
La 7ème
édition du Festival du cinéma chinois de Paris se
tiendra cette année du 19 septembre au 4 octobre et
sera éclaté entre quatre cinémas parisiens : le
Publicis Champs-Elysées, la Pagode, le Lincoln, le
Max Linder et les 3 Luxembourg.
Dans le
programme, plus que les films récents qui souffrent
de la pauvre qualité des films qui sortent dans le
circuit officiel en ce moment en Chine, à deux
exceptions près, trois cycles sont particulièrement
intéressants :
1. Une
rétrospective de cinq films de
Wang
Xiaoshuai
(王小帅),
dont le dernier, « Onze fleurs » ou
« 11
Flowers » (《我11》),
sans doute le plus réussi du réalisateur depuis
« Shanghai
Dreams » (《青红》)
(1)
2. Un
programme de films d’animation de la collection
du Centre de documentation du cinéma chinois de
Paris (CDCC) qui seront présentés par Marie-Claire
Quiquemelle: |
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La 7ème édition du
festival |
- deux
films d’animation des Studios
d’art de Shanghai
« Toutes
les prières seront exaucées »
(《有求必应》),
1987
« Le Sieur
Nan Guo »
(《南郭先生》),
1981
- et trois films d’animation artistique
« San Mao,
seul dans la vie »
(《三毛流浪记》)
(1984) de
Ah Da (阿达)
« La
Muraille »
(《
墙–献给母亲》)
(2008)
de Lu Shengzhang (路盛章)
« Un
berceau de fleurs bleues »
(《兰花花》)
(1989) de
Li Geng (李耕)
3. Un
hommage à
Sun Yu
(孙瑜)
comportant six de ses films :
« Le
petit jouet » (《小玩意》) , chef d’œuvre (muet) de 1933 avec les deux actrices fétiches du
réalisateur,
Ruan Lingyu (阮玲玉) et Li Lili (黎莉莉),
« La
rose sauvage » (《野玫瑰》)
qui date de l’année |
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Onze fleurs |
précédente, et « La reine du sport » (《体育皇后》)
de l’année suivante,
« La
route » (《大路》),
sans doute le plus grand chef d’œuvre du
réalisateur, avec
Jin Yan dans le rôle principal, et
à nouveau Li Lili dans l’un des deux rôles féminins,
ou encore
deux films rares des années 1957 et 1958, « Avec
le vent en poupe » (《乘风破浪》)
et
« La
légende de Luban »
(《鲁班的传说》).
4. Parmi les films récents, notons deux films :
- le film d’Ann Hui qui a fait le tour des
festivals
internationaux (dont
celui de
Venise |
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San Mao seul dans la
vie |
4.
Signalons par ailleurs que le festival présentera
une version restaurée du fameux film « La
croisière jaune » prêtée par les Archives du
film et comportant des séquences inédites qui
seront donc projetées pour la première fois. Le film
montre la diversité des paysages, des hommes et des
cultures sur quelque trente mille kilomètres d’un
trajet empruntant en partie l’ancienne Route de la
soie, tout en contant certaines des péripéties du
voyage. Mais d’où viennent ces documents inédits ?
Cela nécessite une petite explication. |
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La Croisière jaune |
Expédition
commanditée par André Citroën à des fins autant
scientifiques que promotionnelles, la célèbre Croisière
jaune fut dirigée par Georges Marie Haardt et Louis
Audouin-Dubreuil. Elle comportait deux équipes, parties
l’une de Beyrouth, l’autre de Pékin, en véhicules
autochenilles, qui allaient se rejoindre entre mars 1931 et
février 1932. Mais un désaccord intervint entre André
Sauvage, auteur des images et d’un premier montage, et le
sponsor, André Citroën, qui se trouvait insuffisamment mis
en valeur ; le matériau filmé fut alors confié à Léon
Poirier qui effectua le montage connu jusqu’ici.
André Sauvage
abandonna le cinéma, mais conserva des images qui
n’apparaissent pas dans la version diffusée par Citroën ;
elles furent déposées aux Archives françaises du film qui
les ont restaurées, comme témoignage brut d'un tournage
aussi mouvementé que tragique (2). Les Archives travaillent
à la restauration de la version du film la plus proche de
son auteur. En attendant celle-ci, prévue pour 2013, « la
présentation de ces images inédites est une découverte
exceptionnelle de l'œuvre d'André Sauvage », comme l’a
expliqué monsieur Eric Le Roy, directeur des Archives.
Programme
complet sur le site du festival et détails des horaires en
cliquant sur les cinémas concernés :
http://www.festivalducinemachinoisdeparis.com/spip.php?article370
Notes
(1) On regrettera
au passage une propension extrême à traduire en français les
titres anglais des films. Parmi les films de la
rétrospective Wang Xiaoshuai,
« Beijing
Bicycle », par
exemple, est un grand classique universellement connu sous
ce titre qui apparaît pourtant sous la traduction « La
bicyclette de Pékin », mais c’est surtout la traduction de
« So Close to Paradise » qui est regrettable. Dans un
premier temps, le festival avait annoncé ce film sous le
titre « La jeune fille du Vietnam », c’était déjà aller à
l’encontre de la logique historique du film ; maintenant le
film apparaît sous le titre « La chanteuse vietnamienne »,
qui n’a plus rien à voir avec aucun titre prééxistant. Mais
revenons-en à « La jeune fille du Vietnam ».
Après « The
Days » et « Frozen »,
Wang
Xiaoshuai a effectivement réalisé en 1996 un film intitulé « The Girl from Vietnam » (《越南来的姑娘》),
qui devait être produit avec le soutien de
Tian Zhuangzhuang ;
mais, le film n’ayant pas passé la censure, il a été
révisé et remanié pendant trois ans, et finalement
remonté pour donner « So Close to Paradise », en
chinois ‘la jeune fille et le porteur’ (《扁担·姑娘》) ;
c’est donc un film totalement différent, et qui plus
est produit par Han Sanping et le studio de Pékin :
c’est le premier film de Wang Xiaoshuai à être
produit par un studio officiel.
La logique
voudrait que l’on n’indique un titre français que si
le film est sorti en France sous un titre français.
Or, pour citer les deux films précédents, « So Close
to Paradise » est sorti en France, en décembre 1999,
sous son titre anglais, et « Beijing Bicycle »
également… Si l’on commence à traduire des titres,
chacun va donner sa traduction personnelle et l’on
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So Close to Paradise,
l’affiche française |
ne saura plus de
quel film on parle. Témoin « So Close to Paradise » devenu
« La chanteuse vietnamienne ».
(2) Sur la
Croisière jaune, son organisation et ses péripéties :
http://francehongkong.blogspot.fr/2009/01/la-dernire-tape-de-la-croisire-jaune.html.
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