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Gu
Changwei s’est-il inspiré de Frank Borzage ?
par Brigitte Duzan,
05 septembre
2011
« Love
for Life » (《最爱》), le dernier film de
Gu Changwei (顾长卫), sorti en mai
dernier en Chine, est une chronique de l’amour au
temps du SIDA, à travers l’histoire tragique de deux
victimes du virus, Zhao Deyi (赵得意)
et Qinqin (琴琴),
qui finissent par trouver ensemble un bonheur fugace
dans les derniers moments qui leur restent à vivre.
Etonnant
venant de son réalisateur, le film n’en finit pas de
faire couler de l’encre |
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« Love for Life »
(《最爱》) |
depuis qu’il est
sorti. Une curiosité supplémentaire mérite d’être signalée.
Dans la seconde
partie, la santé des deux amants décline, mais celle de Deyi
plus vite que celle de sa compagne. Dans une scène qui a été
beaucoup commentée, vers la fin du film, il délire, pris
d’une forte fièvre. Qinqin s’active à essayer de le
rafraîchir à l’aide de serviettes humides, s’épuisant à
renouveler l’eau froide qu’elle doit tirer à la pompe.
Finalement, elle se
plonge elle-même dans une grande cuve d’eau (en petite
culotte, décence oblige, les censeurs veillent), et revient
couvrir Deyi de son corps que l’on devine glacé.
Voir cette scène à
la toute fin du film (ci-dessous en streaming, avec
sous-titres anglais) :
http://v.pptv.com/show/tap8ibmLIOHbZV78.html
« The
River » |
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Il se
trouve qu’un célèbre film muet de Frank Borzage
comporte une scène très semblable : il s’agit de son
chef d’œuvre de 1929 « La femme au corbeau »,
en anglais « The River ».
Une jeune
femme dont l'amant est emprisonné pour meurtre,
rencontre un jeune homme vagabond. Isolés par la
nature hostile et les intempéries, ils sympathisent
et peu à peu un sentiment amoureux naît entre eux.
Ici, pour montrer la force de sa volonté à celle
qu’il aime, le héros sort à demi nu par une nuit
d’orage. Il est frappé de congestion, et s’écroule,
inanimé. Ramené dans son |
lit, il délire en
grelottant. La jeune femme s’étend alors sur lui pour tenter
de le réchauffer de sa propre chaleur.
Voir la scène dans
ces extraits du film (à la 7ème mn) :
http://www.youtube.com/watch?v=q7oBS8Dk1pw
La situation est
inversée : l’un a de la fièvre, l’autre grelotte, mais
l’idée est la même, exprimée dans l’intertitre du film de
Borzage : don’t let me die ! C’est aussi ce que dit Deyi à
Qinquin…
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