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« Kaili
Blues », nouvelle variante de l’univers poétique, en noir et
blanc, de Bi Gan
par Brigitte Duzan, 15 août 2015
« Kaili
Blues » (《路边野餐》)
est sorti le 11 août 2015, en première mondiale, au
festival de Locarno. C’est une reconnaissance bien
méritée pour un jeune cinéaste qui s’est peu à peu
bâti un univers mouvant, aux confins de la poésie et
du cinéma.
Le nom de
Bi Gan (毕赣)
rappelle certainement quelque chose aux habitués du
festival Shadows : le festival a programmé en 2012
son second film, un court métrage en noir et blanc
intitulé « The Poet and Singer » (《金刚经》)
qui, comme l’indique le titre chinois, est inspiré
par la pensée du Sutra du diamant.
C’est également le point de départ de « Kaili
Blues » dont la séquence introductive commence par
en citer une phrase soulignant l’inanité des efforts
visant à revisiter le passé ou imaginer l’avenir,
mais tout aussi bien à appréhender le présent.
C’est dans cet esprit que le film déroule ensuite
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Kaili Blues, affiche
du festival de Locarno |
une sorte de road movie à la recherche d’un enfant, qui
devient occasion de rencontres multiples avec des fantômes
du passé. Un film, donc, forcément, énigmatique et onirique,
poétique aussi, car Bi Gan l’a construit sur une trame de
poèmes récités par le personnage principal, alter ego du
réalisateur.
Ce qui est intéressant, au-delà du film lui-même, c’est que
« Kaili Blues » est à considérer dans la continuation des
films précédents de Bi Gan : comme un maillon supplémentaire
d’une chaîne qui construit peu à peu un univers très
personnel peuplé de personnages récurrents, mais jamais
exactement « tout à fait les mêmes ni tout à fait autres »
pour paraphraser Verlaine rêvant.
Car il s’agit de rêve, ou peut-être pas, mais illusion
certainement, selon le sutra.
On espère ne pas avoir à attendre le prochain festival
Shadows pour voir « Kaili Blues », et, pourquoi pas, les
deux films précédents dont il est un développement, ou
plutôt une variation sur le même thème.
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