Le gotha du cinéma indépendant chinois est réuni à Nankin pour la 8ème édition du Festival du cinéma chinois indépendant (第八届CIFF中国独立影像年度展) qui a débuté avant-hier 28 octobre dans la capitale du Jiangsu et durera jusqu’au 1^er novembre.

C’est très court, mais c’est déjà un miracle, dans le climat actuel, que ce festival ait lieu. Il faut dire que les organisateurs sont des professionnels aguerris et que les sujets politiques épineux ont été soigneusement évités, en particulier dans les documentaires.

Petite histoire

Le festival a été créé en 2003, pendant une période de relative ouverture, par le grand maître du cinéma indépendant chinois, Zhang Xianmin (张献民), qui est toujours président du comité d’organisation. En 2007 a été ajoutée une section compétition décernant trois prix - grand prix, prix du jury et prix du meilleur premier film –complétés cette année par un prix récompensant les meilleurs professionnels dans une branche particulière (scénario, direction, interprétation, etc…).

Le sigle du festival

Affiche de la 8ème édition du festival

Le festival comporte plusieurs sections : longs et courts métrages de fiction, documentaires (les dix meilleurs de l’année), animation, films expérimentaux et films étrangers. Il a lieu chaque année à Nankin, dans les lieux les plus divers mais surtout les universités, et il est accompagné de débats et discussions avec le public. C’est un lieu d’échange et de célébration, qui cultive une culture spécifique faite d’énergie créatrice et de ferment intellectuel.

Toléré plus qu’autorisé, toujours dans le radar des autorités, il est cependant tenu d’observer une certaine prudence et d’afficher profil bas. La promotion est limitée au strict minimum, et nombre d’étudiants de l’université de Nankin qui en est l’un des centres les plus importants en découvrent l’existence dans les quelques jours qui précèdent, avec l’apparition de quelques banderoles sur le campus.  Mais, avec quelque 12 000 participants l’an dernier, il est en train de dépasser le simple cercle d’initiés.  

Il conserve pourtant la passion des défricheurs qui faisait l’ambiance des débuts, il la cultive même, témoin le descriptif du cours de formation à la critique cinématographique offert cette année aux jeunes amateurs : les moyens sont modestes… les participants seront assis sur des bancs en bois et mangeront des

Zhang Xianmin

Le festival s’est cependant peu à peu étoffé, et a même créé l’an dernier, en 2010, un fond de soutien au cinéma indépendant chinois qui a dévoilé en fin d’année ses quatre premiers lauréats, deux documentaires et deux films de fiction, dont « Lost in Mountain » (《空山轶》) de Gao Zipeng (高子鹏), sélectionné pour la compétition 2011.

L’édition 2011

Cette huitième édition est organisée en collaboration avec le PeeXie Studio (辟邪工作室) de Nankin (1), et sponsorisée, entre autres, par le musée d’Art moderne RCM de Nankin (l’un des promoteurs initiaux). Les séances ont lieu dans des galeries, universités et autres institutions académiques de Nankin, mais des projections sont également programmées dans d’autres villes du sud du Jiangsu.

Cao Kai

Outre son vaste programme de courts métrages et de films expérimentaux/d’animation, le festival est particulièrement intéressant parce qu’il permet de déceler le meilleur des nouveaux films et talents qui ont émergé dans l’année hors circuits officiels.

Documentaires

L’un des premiers films projetés était un nouveau documentaire de Cong Feng (丛峰) « The Unfinished History of Life » (《未完成生活史》) , sur les soucis et petits événements quotidiens d’un groupe de copains dans la province du Gansu.

Autres documentaires en compétition :

常河《1350km》       Chang He « 1350 km »

李栋《八宝粥》          Li Dong « Eight-Ingredient Porridge »

李淼《上苍保佑》       Li Miao « God Bless you »

Affiche du film « Lost in Mountain »

林鑫《瓦斯》            Lin Xin « Gas »

孙浩然《归去来》       Sun Haoran « Waiting at the Door »

汪浩《一年中的七天》  Wang Hao « Seven Days in a Year »

薛鉴羌《一次等于没有》 Xue Jianqiang « 1 = 0 »

叶雨青/杨云乔《小小相望》 Ye Yuqing/ Yang Yunqiao

                             « Glance »

郑阔《798站》           Zheng Kuo « 798 Station »

Le festival a en outre une section spéciale, rétrospective des « dix meilleurs documentaires de l’année ».

Films de fiction

Parmi les neuf films en compétition, on remarque le dernier Wang Chao (王超), « Celestial Kingdom » (《天国》), qui a été présenté début octobre au festival de Pusan en première mondiale, ainsi qu’un nouveau film de Zhao Ye (赵晔), « Last Chestnut » (《光男的栗子》).

Cong Feng

Autres films en compétition :

« Lost in Mountain » (《空山轶》) de Gao Zipeng (高子鹏)

« Cockfighters » (《斗鸡人》) de Jin Rui (金瑞)

« Sun Spots » (《光斑》) de Yang Heng (杨恒)

« Tiger » (《老虎》) de Bi Gan (毕赣)

« Huan Huan » (《欢欢》) de Song Chuan (宋川)

« N° 89, Shimen Rd » (《黑白照片》)  de Shu Haolun (舒浩仑)

« Pear » (《梨》) de Zhang Ziyu (张次禹)

Le jury

Le jury est représentatif de l’éclectisme et de la qualité du festival : présidé par Li Xianting (栗宪庭), critique d’art et président-fondateur du musée des Beaux-Arts de Songzhuang (宋庄美术馆) ainsi que du fond pour le cinéma

Li Xianting