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L’INALCO fait
son cinéma : reprise du cycle de cinéma chinois
par Brigitte Duzan, 19 septembre 2014
La précédente rentrée avait vu, à l’initiative de Catherine
Capdeville, la création à l’INALCO d’un ciné-club Chine qui
avait présenté dans le cours de l’année 2013-2014 un
programme de six films chinois, trois films de fiction et
trois documentaires.
Pour cette nouvelle année universitaire 2014-2015, le
concept a été étendu pour offrir un cycle de cinéma du
monde, avec une vingtaine de projections de films rares,
présentés et animés par des enseignants ou des spécialistes.
Dans ce cadre, on pourra voir six nouveaux films chinois, à
commencer par trois films de fiction de la fin du mois de
septembre 2014 au début du mois de février 2015, selon un
programme établi comme l’an dernier en collaboration avec le
Centre de documentation sur le cinéma chinois.
Le 30 septembre
San Mao le petit vagabond《三毛流浪记》
de Zhao Ming (赵明)
et Yan Gong (严恭),
film de 1949 adapté de la bande dessinée de Zhang
Leping (张乐平).
Le personnage de San Mao a été créé en 1935 par
Zhang Leping pour dénoncer le triste sort des
enfants victimes de la guerre. Après 1946, il a fait
de San Mao le symbole des orphelins abandonnés à
leur triste sort dans une ville de Shanghai
affichant en même temps un luxe tapageur.
La bande dessinée a connu de multiples adaptations,
mais le film de Zhao Ming et Yan Gong en est la
première adaptation au cinéma. C’est un film
fascinant à de nombreux égards, et d’abord grâce à
l’enfant qui interprète le rôle de San Mao : un
gamin du même âge, plus vrai que nature.
Le film est d’un sombre réalisme, mais éclairé de
scènes |
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San Mao : Affiche pour
la sortie en France |
comiques qui en soutiennent le rythme. C’est un petit chef
d’œuvre de satire sociale, et l’un des derniers grands films
du cinéma de Shanghai avant l’avènement du régime
communiste.
Le 20 octobre
Le Talisman《如意》
de
Huang Jianzhong (黄健中),
film de1982 adapté d’une
nouvelle éponyme de Liu Xinwu
(刘心武).
La nouvelle de
Liu Xinwu
représente un nouveau courant dans la littérature
chinoise du début des années 1980, tout comme le
film de
Huang Jianzhong constitue une
étape importante dans la renaissance stylistique et
thématique du cinéma chinois à la même époque.
La nouvelle fit sensation, le film bien plus encore. Non
seulement il faisait « l’apologie de l’humanisme »,
mais il relatait en outre une tragédie qui finit
mal. C’est un film qui rompt avec les codes formels
des films chinois des trente années précédentes tout
autant qu’avec les principes esthétiques alors en
vigueur. Il conte une histoire simple en privilégiant
l’image et le lyrisme au détriment de la linéarité
narrative, aux confins de l’ellipse.
Réalisé par un metteur en scène en étroite symbiose
avec |
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Ruyi : Edition de la
nouvelle
avec les photos du
film |
l’écrivain et interprété par un duo d’acteurs en état de
grâce,
« Le Talisman » est l’une des œuvres les plus marquantes de
ce qu’on a appelé « la seconde
période des Cent Fleurs », en 1978-1981, en référence
à l’éphémère période d’ouverture que furent les quelques
mois des Cent Fleurs, en 1956-1957.
Le 5 février
Ici, Là-bas 《这里,那里》
de
Lu Sheng (卢晟),
2012.
« Ici, Là-bas » est le premier film de Lu Sheng, qui était
jusqu’alors directeur de la photographie de grands
cinéastes, dont
Wang
Bing (王兵)
pour
« Le
Fossé » (《加边沟》).
Sur un scénario écrit avec deux coscénaristes, dont
l’écrivain Ge Fei (格非),
il propose une réflexion sur la vie moderne en faisant les
portraits contrastés de trois frères vivant dans trois lieux
différents, des montagnes sauvages du nord de la Mongolie
intérieure à Shanghai et Paris.
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Ici, là :
deux points extrêmes d’un trajet, celui dont on part
et celui où l’on aboutit, ou, bien plus souvent, où
l’on a l’intention d’aboutir.
Ici est le
présent. Là est le but, l’idéal, souvent
inaccessible, le rêve, souvent brisé, là illusoire
où s’enferme chacun des personnages des deux
histoires urbaines, comme si la ville était un lieu
de perdition sans échappatoire, et tout espoir de
réussir là voué à l’échec.
« Ici, Là-bas » est la peinture de trois solitudes
dans le monde d’aujourd’hui, celle du frère vivant
dans le Grand Nord n’étant pas la pire. Au moins
est-elle choisie…
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Le film sera précédé d’un court métrage d’animationdes
Studios d’art de Shanghai:
La légende du Nouvel An
《除夕的故事》
Découpage articulé de Qian Jiaxin (钱家骏),
1984, 18 mn.
Un court métrage
aux images très colorées, dans le style des estampes du
Nouvel An, qui raconte comment, le dernier jour de l’année,
le dieu du foyer monte au ciel faire un rapport sur ce qui
se passe sur terre.
A 18 heures dans l’auditorium de l’INALCO
65 rue des Grands Moulins
75013 Paris
Projections présentées et animées par Brigitte Duzan
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