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Trésors
méconnus du cinéma d’animation chinois au Centre culturel de
Chine en septembre
par Brigitte Duzan, 03 septembre 2014
C’est du 17 au 23 septembre prochains que le Centre
culturel de Chine à Paris accueillera un festival de
cinéma d’animation chinois préparé et proposé par sa
spécialiste,
Marie-Claire Kuo-Quiquemelle.
Elle est l’une des premières à s’être intéressée à
cet art aujourd’hui en déshérence, et reste l’une
des seules à défendre et faire connaître les films
produits pendant leur âge d’or par les
Studios d’art de Shanghai (上海美术电影制片厂).
S’ils ont été fondés en tant que structure
indépendante en 1957, on oublie souvent que
l’animation chinoise a |
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La muraille, Lu
Shengzhang, 2006 |
commencé bien plus tôt, dès les années 1920, et que les
artistes chinois ont longtemps été à
Les têtards à la
recherche de leur mère (lavis animé de Te Wei, 1961) |
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l’avant-garde des films d’animation dans le monde
entier.
Malheureusement, au début des années 1990, gagnées
par la fièvre de la modernisation, les autorités
chinoises ont lancé un programme visant à créer des
films d’animation chinois d’un genre nouveau ;
l’idée était de lutter contre la concurrence
américaine et japonaise, mais le résultat fut, au
bout du compte, d’en livrer de faibles imitations.
L’intégration des Studios de Shanghai dans le
Shanghai Media Group en 2001 fut le coup de grâce…
Il est donc utile de rappeler les grands moments
d’un art qui trouvait ses sources profondes dans la
culture traditionnelle chinoise, et dans les formes
artistiques les plus diverses, du dessin et de la
peinture au théâtre de marionnettes et d’ombres, en
passant par les papiers pliés et découpés, les
estampes et tant d’autres. Ces films étaient aussi
ancrés dans la littérature populaire, le fonds
inépuisable des contes, mythes |
et légendes de la Chine millénaire auxquels ils ont donné
une nouvelle vie.
Certains de ces filmssont connus. Le festival
s’attachera à en faire découvrir d’autres, méconnus
ou carrément inconnus, tels ces deux films de
poupées animées,
« Le
Pinceau magique » (《神笔马良》)
et
« Mei
Jianchi » (《眉间尺》),
datant l’un de la période d’or que furent les années
1950, l’autre du tout début des années 1990, à
l’apogée des Studios d’art de Shanghai.
Mais le festival ne s’arrêtera pas là. Marie-Claire
Quiquemelle réalise en effet à longueur d’année un
actif travail de |
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Ma Liang, dans « Le
pinceau magique » (1954) |
recherche d’artistes qui continuent à faire des films d’art,
hors des circuits commerciaux. Ce sont
Mei Jianchi et son ami
l’oiseau (1991) |
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souvent des artistes travaillant seuls, sur un coin
de table, dans leur cuisine ; leurs films finissent
trop souvent, oubliés, dans un tiroir : on leur a
donné le nom d’ « obscure animation ».
Le festival les mettra en lumière, le temps d’une
projection. Le temps de regretter que l’on ait
préféré, en Chine, imiter Disney ou les animes
japonais, en tournant le dos à une tradition capable
de réaliser de si belles choses. Comme partout
ailleurs. Mais ce n’est pas une consolation. |
Le programme du Festival de cinéma
chinois d'animation
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