|
« Stray Dogs » : magistral adieu au cinéma de Tsai
Ming-liang
par Brigitte
Duzan, 12 septembre 2013
Le 7
septembre dernier, la Mostra de Venise a décerné son
Grand Prix du Jury à « Stray
Dogs » (《郊遊》)
de
Tsai Ming-liang (蔡明亮)
qui avait été présenté trois jours auparavant en
première mondiale.
« Stray
Dogs » a été l’un des films les plus marquants de
cette
70ème édition du
festival de Venise. Il a frappé les
esprits même si beaucoup sont sortis avant la fin de
la projection, sans pouvoir supporter jusqu’au bout
la lenteur étudiée du film. |
|
Tsai Ming-liang
recevant son prix à Venise (photo Taipei Times) |
Stray Dogs |
|
Avec
« Stray Dogs »,
Tsai Ming-liang
poursuit en effet dans le style initié en
2012 avec
« Walker »
(《行者》),
superbe éloge elliptique de la lenteur dans le monde
moderne. Dans son nouveau film, cependant, la
lenteur est poussée beaucoup plus loin : elle
devient parti pris cinématographique, pour intégrer
le temps dans l’image, et en interaction avec le
son. L’image ne peut être appréhendée que dans la
durée, car c’est dans la persistance du regard que
l’œil découvre des détails autrement imperceptibles
quand il ne fait que passer rapidement.
C’est donc un film qui réfléchit à la fois sur la vie – à
travers la narration – et sur le cinéma – à travers
la manière dont elle est filmée. Mais, finalement,
la forme prend le pas sur le contenu et le
détermine. C’est donc un film à la limite de
l’expérimental. |
On n’a donc guère été étonné d’entendre le réalisateur,
après avoir remercié le jury de sa patience,
déclarer que ce serait probablement son dernier
film. Il a annoncé quelques jours plus tard qu’il
renonçait effectivement à réaliser des films dans la
conception traditionnelle du terme.
Tsai Ming-liang
va maintenant se consacrer à des formes d’art différentes,
peinture et installations, mais aussi courts
métrages expérimentaux, ce qui est une autre
|
|
Dérive sous la pluie |
manière de poursuivre dans la voie de « Walker » et « Stray
Dogs ».
Tsai
Ming-liang
tourne une page, et
l’on peut se demander s’il n’y a pas quelque chose
d’emblématique dans sa démarche…
|
|