Light Chaser Animation Studios a été fondé au début
de 2013 par Gary Wang, ou Wang Wei (王微),
fondateur en janvier 2005 du site de partage vidéos
Tudou (土豆网),
dont il a été le directeur général jusqu’en août
2012, après la fusion avec Youku
[1].
Light Chaser Animation avait pour ambition de
produire des films d’animation après l’annonce d’une
croissance de près de 30 % du marché chinois de
l’animation en 2012. Or, autant le marché était en
pleine croissance, autant la qualité des films
stagnait. Gary Wang annonçait vouloir créer « des
films d’animation de classe mondiale », en 3D, et en
améliorer la diffusion en dépassant le cadre
national, un œil sur le marché
Light Chaser
Animation, le logo
Little Door Gods
américain. Gary Wang a écrit et réalisé les trois
premiers films.
1. Le premier film,
« Little Door Dogs » ou « The Guardian
Brothers » (《小门神》),
est sorti sur les écrans chinois le 1er
janvier 2016, puis en première mondiale aux
États-Unis le 20 mai 2017 dans le cadre du Festival
international de cinéma de Seattle. Le film était
coproduit avec la compagnie Weinstein et distribué
par Alibaba Pictures. La promotion soulignait la
qualité des effets spéciaux.
Trailer printemps 2015
2. Le deuxième film, « Tea Pets » (《阿唐奇遇》),
est sorti en Chine le 21 juillet 2017, avec une
sortie aux États-Unis sous le titre « Toys & Pets ».
Une vidéo de sécurité a été réalisée pour Hainan
Airlines avec les personnages de l’histoire. Ce film
marquait la volonté de renouveler la thématique en
s’éloignant des histoires légendaires ou mythiques.
Mais le box-office a diminué de moitié par rapport
au film précédent (5 million de $).
3. Le troisième film,
« Cats
and Peachtopia » (《猫与桃花源》),
sorti en Chine en avril 2018, a eu de meilleurs
résultats financiers car il a été diffusé fin 2019
sur la chaîne en vod Direct TV. Le titre chinois
renvoie à l’utopie de la « Source aux fleurs de
pêchers » (《桃花源记》)
de Tao Yuanming (陶渊明),
mais le style reste imité de Disney. L’idée est
toujours de concurrencer les Américains sur leur
propre terrain tout en offrant un fond de légende
ancienne au public chinois.
Cats and Peachtopia
White Snake : The
Origin
4. Le quatrième film est une adaptation d’une des
grandes légendes chinoises, celle du Serpent blanc :
« White Snake : The
Origin » (《白蛇:缘起》).
Coréalisé par Amp Wong
(黄家康)
et Zhao Ji (赵霁)
et coproduit avec la Warner Bros (division Far
East), le film est sorti en Chine le 11 janvier
2019, pour toute la période du Nouvel An chinois.
Puis il est sorti en première mondiale en juillet
2019 au festival d’Annecy avant de continuer sa
diffusion aux États-Unis et au Japon. Si l’animation
est réussie, le dessin est toujours à la traîne, et
surtout le scénario pêche par ses incohérences, avec
quelques inventions intéressantes du côté des
personnages, mais épisodiques. C’est peu dire que
l’on ne retrouve pas l’esprit de la légende.
5. Ce « White Snake » est en fait le premier volet
d’un diptyque dont le deuxième,
« White
Snake 2: The Tribulation of the Green Snake » (《白蛇2:青蛇劫起》)
ou « Green Snake », réalisé par Amp Wong, est sorti
en Chine en juillet 2021. Le scénario est centré sur
les efforts déployés par le Serpent vert pour
libérer le Serpent blanc, sa sœur dans le film, des
griffes du moine Fahai. Le film a été, entre autres,
coproduit et diffusé par Alibaba Pictures, mais
également coproduit par le site de partage de vidéo
en plein essor Bilibili. Il est disponible sur
Netflix aux États-Unis.
Révélateur de la concurrence sur le marché de
l’animation chinois, ce « Green Snake » présenté
comme une « fantasy animée » est sorti en Chine une
semaine avant « Rainbow Sea Fly High » (《冲出地球》),
film de science-fiction animé produit par le
concurrent direct de Light Chaser,
Coloroom Pictures,
dont le « Ne Zha » (《哪吒之魔童降世》) avait été le
concurrent de « White Snake » en 2019.
White Snake 2 / Green
Snake
New Gods : Nezha
Reborn
6. Si Amp Wong était seul réalisateur de « Green
Snake », c’est parce que Zhao Ji travaillait de son
côté sur le cinquième film de Light Chaser, sorti en
février 2021 après « White Snake » : « New Gods :
Nezha Reborn » (《新神榜:哪吒重生》),
une énième fantaisie, comme le film de Coloroom, sur
le thème de la légende tirée du grand classique
« L’investiture des dieux » (《封神演义》)
dont l’adaptation la plus réussie en film
d’animation est celui de 1979 de
Wang Shuchen (王树忱) :
« Le prince Nezha triomphe du roi Dragon » (《哪吒闹海》).
Le doublon est significatif : il reflète bien le
manque d’inspiration narrative de ces films
d’animation qui n’en finissent pas de revisiter les
grands légendes chinoises en tentant de couper
l’herbe sous les pieds de la concurrence en allant
plus vite, au détriment du scénario et du travail
sur l’image dont l’esthétique renvoie à celle des
mangas, voire des jeux vidéo.
[1]
Né en 1973, Gary Wang est diplômé en informatique de
l’université John Hopkins. Il est aussi écrivain,
scénariste et auteur de livrets pour le théâtre et
la danse.