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De
l’importance de la construction d’une culture
cinématographique
Synthèse du
séminaire sur le thème « Construction culturelle et
développement du cinéma chinois »
Le journal de la
culture chinoise (中国文化报),
Liu Qian, 10
janvier 2012
Le séminaire
sur le thème
« Construction culturelle et développement du cinéma
chinois », organisé à Pékin par le Centre de recherche sur
l’art cinématographique et télévisuel de l’Institut de
recherche sur l’art chinois (由中国艺术研究院电影电视艺术研究所),
a été l’une des manifestations culturelles marquant le 60ème
anniversaire de la fondation de l’Institut de recherche sur
l’art chinois.
[l’article cite
ensuite diverses personnalités et quelques
spécialistes qui ont participé à l’événement]
Le séminaire avait
pour but de discuter du problème du développement du cinéma
chinois vu sous l’angle culturel, avec comme thèmes de
réflexion, entre autres : « renforcement du pouvoir national
par la culture et orientation du développement du cinéma
chinois contemporain », « innovation culturelle et création
cinématographique contemporaine », « diffusion de la culture
cinématographique chinoise et influence sur le plan
international ».
Importance de ne
pas se limiter aux critères économiques et aux chiffres du
box
office
Ding Yaping |
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« A l’heure
actuelle, on a besoin de clarifier les orientations du
développement de l’industrie cinématographique chinoise,
afin d’améliorer le cinéma chinois en cherchant comment le
faire participer à la mission actuelle de construction
culturelle : tel est le problème qui demande une réflexion
approfondie des chercheurs sur le cinéma. »
a déclaré monsieur
Ding Yaping (丁亚平),
directeur de l’Institut de recherche sur l’art chinois.
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Monsieur Jia Leilei
(贾磊磊),
chercheur à l’Institut, a expliqué les problèmes actuels
comme suit : dans le domaine des industries culturelles,
a-t-il dit, nous donnons trop d’importance aux objectifs
économiques, d’emploi, de diffusion et d’exportation,
traduits quantitativement ; raisonnant en termes d’entité
économique, nous ne considérons que le processus de
production, les problèmes technologiques et les canaux de
distribution […]. Ce genre d’évaluation unidimensionnelle
n’est pas adapté aux caractères spécifiques de la production
culturelle. Nous ne pouvons pas transformer la recherche sur
le secteur culturel en recherche purement économique,
négligeant le contenu culturel. Il est donc devenu urgent de
définir le développement de la production culturelle en
termes spécifiquement culturels.
Monsieur Rao
Shuguang (饶曙光),
chercheur au Archives du cinéma chinois (中国电影资料馆),
a également soutenu cette opinion […]. En comparaison des
progrès évidents réalisés au niveau du marché
cinématographique, comme en font foi, par exemple, les 12,6
milliards de RMB de recettes au box office en 2011 (1), la
progression sur le plan culturel est restée en retrait ; il
faut souligner les insuffisances en matière de potentiel
créatif : manque de pensée humaniste, manque d’expression de
l’esprit du réalisme socialiste, de sentiments romantiques,
de valeurs communes et centrales. Ce que nous avons en
conséquence est une consommation cinématographique qui
apparaît comme irrationnelle.
Les
créateurs aussi partagent cet avis. Selon le
réalisateur
Yin Li (尹力),
le cinéma chinois ne manque pas de moyens
financiers, mais il semble n’avoir pratiquement
aucun système central de valeurs pour le guider ;
c’est bien, selon lui, le problème de tout
l’environnement culturel. Le réalisateur
Wang Xiaoshuai (王小帅)
a déclaré pour sa part que, à la suite de
l’industrialisation du cinéma chinois, les films
d’art indépendants ont souffert d’une désaffection
du marché qui a privilégié les films de pur
divertissement. La voie résolument commerciale
adoptée par le cinéma chinois peut sembler promettre
pour l’avenir des résultats en croissance continue,
mais elle recèle en fait des goulots d’étranglement
qui, en entravant la créativité et la vitalité
culturelle, sont un frein au développement équilibré
du secteur.
Ce
problème a suscité la réflexion suivante de madame
Dai Jinhua (戴锦华),
professeur à l’université de Pékin : le cinéma
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Dai Jinhua |
chinois gonfle
comme un Big Mac, mais personne ne se pose de questions sur
le contenu, sur le logiciel pour venir compléter ce
formidable hardware. Pour elle, l’important est de mettre
l’accent sur le scénario. […]
Les treize fleurs de
Nankin |
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Monsieur
Hu Ke (胡克),
professeur à l’Université des Communications de
Chine (中国传媒大学),
a mis l’accent sur deux orientations du
développement du cinéma chinois que laissent
entrevoir deux films sortis en 2011.
« Les
treize fleurs de Nankin » (《金陵十三钗》)
[de Zhang Yimou] représente une recherche d’une
nouvelle forme de coproduction internationale qui
puisse à la fois être bien reçue par le public
chinois et ouvrir des marchés à l’international.
L’autre film, « Love is Not Blind » (《失恋33天》)
[comédie romantique de Teng Huatao (滕华涛)],
bien que relativement modeste en termes de budget, a
quand même été un succès commercial, en raison du
fait que les personnages principaux sont des jeunes
de la génération « post 80 », voire « post 90 »,
avec les modes d’expression propres à cette
génération. |
Pour
monsieur Zhou Xing (周星),
professeur à l’Université Normale de Pékin et
secrétaire de l’Institut des Communications, parmi
les films récents, deux méritent une attention
particulière : l’un est « People Mountain People
Sea » (《人山人海》)
[de
Cai Shangcun (蔡尚君),
film surprise du festival de Venise
en septembre 2011], un film tragique mais brillant,
reflétant une réalité impitoyable ; l’autre est
« Les
treize fleurs de Nankin » (《金陵十三钗》),
une grosse production sur un sujet historique, mais
qui communique un sentiment d’esthétique culturelle.
Madame Sha
Hui (沙蕙),
directrice du bureau de recherche scientifique de
l’Institut de recherche sur l’art chinois, a déclaré
pour sa part que, en comparaison avec d’autres
branches artistiques, la critique de cinéma et de
télévision et la recherche dans ces deux domaines
sont extrêmement actives, mais qu’il y aurait besoin
d’établir des normes pour la critique.
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Love is not blind |
Comment mieux
arriver à renforcer l’influence internationale du cinéma
chinois
Pour le cinéma
chinois, la question est de savoir comment affirmer ses
caractères culturels propres, et comment parvenir à
renforcer son influence sur la scène internationale. Selon
les conclusions du séminaire, le cinéma chinois doit faire
tout son possible pour élaborer un système de valeurs
harmonieux, pour promouvoir et diffuser l’esprit et les
valeurs fondamentales du socialisme. Le cinéma chinois doit
« regarder vers l’extérieur » pour en tirer des leçons
instructives, mais innover sur la base de l’affirmation de
notre culture et de notre caractère national.
People Mountain People
Sea |
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Madame
Huang Huilin (黄会林),
directrice de l’Institut de recherche sur la
communication culturelle internationale de
l’Université Normale de Pékin (北京师范大学中国文化国际传播研究院),
a présenté les recherches réalisées en 2011 par son
Institut à partir d’un questionnaire sur les
problèmes de diffusion internationale du cinéma
chinois. Ce questionnaire, en dix-huit langues, a
couvert neuf pays différents ; ses questions
concernaient, entre autres, la réception et la
perception des films chinois par le public étranger,
et la connaissance qu’a ce public des valeurs
culturelles qu’ils contiennent. Cette enquête a
montré que ce sont les films d’action que préfère le
public étranger ; il attend du cinéma chinois qu’il
diffuse en priorité les valeurs culturelles
traditionnelles [de la Chine] et souhaite y trouver
un sentiment de l’histoire et un reflet de la
culture urbaine. |
Monsieur Huang
Shixian (黄式宪),
professeur à l’Institut du cinéma de Pékin (北京电影学院)
a exprimé une très grande inquiétude quant à la créativité
du cinéma chinois à l’heure actuelle. Il manque, selon lui,
d’une base de dialogue avec le public étranger. Monsieur Li
Daoxin (李道新),
professeur à l’Institut des Beaux-Arts de l’université de
Pékin, a remarqué [à cet égard] que les réalisateurs chinois
populaires au Japon ne sont pas ceux qui le sont en Chine ;
il y a une différence de diffusion et de perception.
Monsieur Zhang
Huiyu (张慧瑜),
assistant chercheur au Centre de recherche sur l’art
cinématographique et télévisuel de l’Institut de recherche
sur l’art chinois, a fait une étude comparative du cinéma de
Bollywood, en Inde, et de la production cinématographique
chinoise actuelle : 70 % des spectateurs des films de
Bollywood sont des ruraux, tandis que les spectateurs de
films chinois, en Chine aujourd’hui, sont en majorité des
jeunes urbains ; en outre, depuis le début de ce siècle, la
politique nationale pousse le cinéma indien à
s’internationaliser de plus en plus. Ces divers points
méritent d’être étudiés par la Chine.
(1) NDLT : Soit
plus de deux milliards de dollars, en augmentation de 29 %
par rapport à l’année précédente.
Traduction : Brigitte Duzan
Texte de l’article
(en chinois) :
http://news.idoican.com.cn/zgwenhuab/html/2012-01/10/content_3478123.htm?div=-1
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