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« La Vie » : grand succès et film novateur de Wu Tianming

par Brigitte Duzan, 30 novembre 2014

 

 

Affiche 1984

 

 

Réalisé en 1984 au studio de Xi’an, couronné du prix du meilleur film au  festival des Cent Fleurs en 1985, « Une Vie », ou « La Vie » (Rensheng 《人生》), est le second film signé Wu Tianming (吴天明). D’un style personnel et percutant, il a connu un succès sans précédent quand il est sorti en Chine : tous les cinémas du pays l’ont joué pendant plus de quarante jours, avec cinq séances par jour, devant des salles combles ; la fascination qu’il exerçait était telle que beaucoup de gens sont allés le voir plusieurs fois.

 

Cet immense succès, qui ne s’est pas démenti depuis lors, est dû bien sûr au talent du réalisateur, qui s’affirme avec ce film ; il est dû aussi à son sujet, qui transcende le Shaanxi dont le récit est indissociable. Le scénario est adapté, par l’auteur lui-même, d’une nouvelle éponyme de Lu Yao (路遥) (1) publiée en 1982 ; mais l’adaptation a été réalisée en étroite symbiose avec Wu Tianming qui avait les mêmes origines rurales que l’écrivain et se reconnaissait dans son récit.

 

Le film est l’histoire de cette rencontre, mais il transcende la nouvelle par la force de son style, et de la musique qui y joue un rôle déterminant.

 

La nouvelle

 

Le scénario a repris les personnages et les grandes lignes de la nouvelle sans grands changements. Si changements il y a, ils sont dans l’importance et les nuances apportées à certains caractères.

 

L’histoire d’un jeune condamné par ses origines rurales

 

Lu Yao est un écrivain originaire du nord du Shaanxi, le Shaanbei, dont toute l’œuvre est fermement ancrée dans sa région natale. Sa nouvelle s’y inscrit, mais en prenant valeur emblématique.

 

Elle est une première illustration de la thématique que l’écrivain développe à partir du début des années 1980, pour mettre l’accent sur la fracture villes-campagne et l’impossibilité pour les jeunes d’origine rurale de trouver leur place dans le monde urbain, en raison même du système du hukou qui les assigne à la terre ; en même temps, c’est dans le monde rural qu’il voit la force de la Chine et la possibilité de régénération des villes.

 

Le récit est construit autour de trois personnages :

 

- le jeune Gao Jialin (高加林), qui a été affecté à un poste d’enseignant à la fin de ses études, mais qui en a été évincé au profit du fils d’un secrétaire de Parti bien placé ; il est obligé de revenir chez lui travailler la terre, mais garde le désir de s’en évader pour obtenir en ville le poste qu’il sent mériter ;

 

- Liu Qiaozhen (刘巧珍), une toute jeune fille du même village, fascinée par Jialin qu’elle aime éperdument ; leur histoire finit par recevoir l’assentiment de tous, y compris le père de Qiaozhen, et leur mariage semble dans l’ordre des choses ;

 

- mais Jialin réussit à se faire « pistonner » par un oncle également bien placé, de retour du Xinjiang ; en ville, il retrouve l’une de ses anciennes camarades de classe, Huang Yaping (黄亚萍), qui travaille à la radio et qui est aussi amoureuse de lui ; alors qu’elle doit suivre sa famille à Suzhou, elle tente de l’emmener avec lui, et de l’épouser ; sur quoi Jialin va faire ses adieux à Qiaozhen, qui, poussée par le désespoir et sa famille, épouse un prétendant qui la poursuit depuis longtemps.

 

Les manigances de Yaping se heurtent cependant à la colère de la mère de son ancien fiancé, qui n’a aucune envie de voir Yaping se marier avec quelqu’un d’autre et fait intervenir ses propres relations pour effectuer un contrôle de la situation de Jialin. Celle-ci étant évidemment irrégulière étant donné qu’il n’a pas de hukou urbain, il est à nouveau renvoyé chez lui, pour ce qui semble une conclusion définitive. Lu Yao ne scelle cependant pas le destin de Jialin, la fin reste ouverte.

 

Quelques précisions de Lu Yao

 

La nouvelle a eu un énorme succès à sa parution en 1982. Elle ne s’inscrivait cependant pas dans le mouvement littéraire qui débutait à l’époque, la littérature de « recherche des racines » (寻根文学), que Lu Yao a d’ailleurs fustigée. Elle avait une spécificité qui la rendait proche de la réalité vécue par une grande partie de la population, et était exprimée en termes de tragédie personnelle où beaucoup pouvaient reconnaître leur propre histoire. Elle a également suscité une vive controverse, qui n’a fait qu’accroître encore son succès qui a fini par lui valoir le prix de la meilleure nouvelle « moyenne » pour la période 1981-82.

 

L’une des conséquences a été une série de traductions, dont une en français en 1990 (2) qui a été publiée avec une préface de l’auteur où il en souligne certaines des lignes de force (3). Il y explique que le récit se situe juste après la chute de la Bande des Quatre, avant le début de la politique de réforme ; l’époque reste marquée par toutes les contradictions les plus complexes accumulées pendant la décennie qui vient de s’achever. Tout le tragique du personnage principal est caractéristique de cette période transitoire en Chine (4).
 

En même temps, c’est une tragédie de la jeunesse, une tragédie universelle, et une grande partie de la force du récit tient dans le fait qu’il n’est pas impersonnel, mais écrit en symbiose avec le personnage central qui apparaît comme l’alter ego de Lu Yao. Quel que soit le pays où vivent les jeunes, et quelle que soit la période, dit-il, le moment où un jeune doit faire ses premiers choix dans la vie est une phase chaotique de son existence: «  Moi aussi je suis passé par là. C’est pourquoi je comprends parfaitement les jeunes qui persistent dans une attitude qui ne leur procure que peines et frustrations. J’ai toujours considéré leur destin avec une grande compassion et les ai soutenus dans leurs négligences et leurs épreuves avec la bienveillance d’un grand frère. »

 

La nouvelle étant le grand succès de 1982, Wu Tianming lui aussi l’a lue, et, dès qu’il l’eut terminée, enthousiasmé, se dit que c’était aussi son histoire et qu’il devait en faire un film…..

 

De la nouvelle au film

 

Comme il l’a expliqué, il s’est tout de suite heurté à un obstacle de taille : les droits avaient déjà été achetés par un grand studio : « Dès que j’ai eu fini de lire la nouvelle, je me suis dit que c’était moi qui devais la tourner, c’était ma vie, toute mon expérience, je ressentais comme un lien de parenté avec Gao Jialin et Qiaozhen. Quand j’ai appris que les droits avaient été acquis par un grand studio, très célèbre, je me suis senti très déprimé. »

 

Mais il était déterminé ; il envoya quelqu’un chercher Lu Yao, et passa toute une nuit à

 

Wu Tianming (à g.) discutant du scénario avec Lu Yao

discuter avec lui. Leurs origines et leurs parcours étaient tellement semblables que l’entente entre eux était profonde. Le problème des droits réglé, Wu Tianming partit avec Lu Yao faire un repérage des lieux où était située son histoire, dans son Shaanbei natal, puis ils s’attelèrent à la rédaction du scénario.  

De la nouvelle au scénario

 

Le scénario est fidèle à la trame narrative de la nouvelle, en supprimant des détails secondaires pour renforcer l’unité et l’homogénéité de la ligne narrative.

  

Jialin et le vieux Deshun à son retour au village

 

En même temps, les deux personnages de Jialin et Qiaozhen prennent le pas sur celui de Yaping qui n’intervient que marginalement, comme élément supplémentaire de l’attrait de la ville pour Jialin. En fait, les deux femmes, dans la nouvelle comme dans le scénario, sont emblématiques du conflit villes-campagne qui est le thème principal de Lu Yao.

 

Dans le scénario, cependant, le rôle du vieux grand-père Deshun (德顺爷爷) est nettement renforcé, ce qui a pour

effet d’insister sur la valeur profonde de la culture rurale, et de la sagesse des anciens, contre lesquels s’insurge le jeune Jialin.  

 

Lu Yao a expliqué dans un article (5) les points essentiels qu’il a voulu souligner dans son scénario, de la peinture du réel à l’intention de s’adresser au plus vaste public possible. On peut synthétiser son propos en quatre idées de base :

 

1. Faire ressortir les aspects tragiques d’une histoire basée sur une observation profonde de la société, pour faire réfléchir et inciter à changer tout ce qu’elle ad’injuste.

2. Rester dans le domaine du réel, en décrivant le destin de gens ordinaires, dont les caractères complexes ne sont ni bons ni mauvais, mais recèlent des éléments à la fois tragiques et triviaux, et qui sont incapables de décider eux-mêmes de leur sort.

3. Ne pas me limiter à l’opinion générale qui consiste à penser qu’un film sur un sujet

 

Retour à la terre

rural doit se contenter de rendre l’atmosphère de la vie au village, ne pas faire de mon scénario une

 

La cour du yaodong

 

simple peinture de la vie des gens du Shaanbei, de leurs coutumes et de leur milieu naturel, et pour cela aller beaucoup plus profond, exprimer les traits cachés qui ont trait à la société, à l’histoire, à l’art et à la pensée…

« Il ne s’agit pas de conter seulement une histoire, de dérouler une intrigue, il faut laisser un espace de réflexion entre les scènes, les paysages et les personnages, et même au milieu des dialogues, un vide qui permette au spectateur de se faire ses propres images en complétant celles du film. »

4. Rendre une « saveur étrangère » (洋味), au-delà de la « saveur du terroir » (土味), pour permettre à tout le monde, qu’il soit du Shaanxi ou non, de le comprendre sans difficulté et de s’y reconnaître. « Quoi qu’il en soit, [mon scénario] n’exprime que la réalité du peuple que je connais, sous ses multiples aspects et par le biais de l’expression artistique. Mais ce n’est qu’ainsi qu’il peut toucher un plus vaste public ».

 

Du scénario au film

 

Wu Tianming a traduit en termes cinématographiques cette trame scénaristique, en y ajoutant un élément fondamental : la musique.

 

1. Peinture réaliste

 

Comme Lu Yao, il est parti de la réalité : son film est fermement ancré dans la culture locale, qui était la sienne tout comme celle de l’écrivain ; elle est donc ressentie de l’intérieur et le film en tire sa chaleur humaine, qui est une caractéristique essentielle de toute l’œuvre de Wu Tianming.

 

Pour coller à cette réalité rurale, il a emmené toute l’équipe, techniciens et acteurs, vivre dans les yaodong (窑洞) du village (6) pendant une quinzaine de jours.

 

Le jour du marché

Ils ont dû passer leurs journées enveloppés dans des vieilles doudounes crasseuses, et manger agenouillés, dans des vieux bols. Une petite anecdote éclaire sur le sérieux avec lequel Wu Tianming travaillait. Elle est restée dans les annales du film : comment Wu Tianming a « torturé » l’actrice choisie pour interpréter le rôle féminin (吴天明虐待女主角) (7).

 

Wu Yufang dans le rôle de Qiaozhen

 

L’actrice s’appelle Wu Yufang (吴玉芳). Elle est parfaite d’innocence candide dans son rôle. Il y a une séquence où elle doit porter de l’eau à la palanche ; au moment crucial, n’ayant pas entendu l’ordre de tourner, elle avait posé sa palanche et attendait. Wu Tianming lui envoya un gifle en lui criant : « Comment peux-tu être aussi tête en l’air ? » Wu Yufang écopa d’une punition : remplir d’eau tous les jours les deux jarres de l’équipe, pendant vingt jours – ce qui devait aussi lui apprendre à porter la palanche. Les techniciens, cependant, ont eu pitié d’elle et l’ont aidée à porter l’eau, en remplissant les jarres tous les jours à l’heure du déjeuner. Mais, quand elle reprit le tournage, Wu Tianming se rendit compte qu’elle ne savait toujours pas porter sa palanche ; comprenant ce qui s’était passé, il se mit en colère, mais rien n’y fit : il dut faire tourner Wu Yufang avec des seaux vides.

 

Wu Yufang illumine malgré tout le film de son regard candide ;

elle sera récompensée par le prix de la meilleure actrice au festival des Cent Fleurs en 1985.

 

2. Opposition de contraires

 

Cette attitude est peut-être due au fait que Wu Tianming avait un faible pour le personnage de Qiaozhen, et qu’il le voulait parfait, face à un Jialin dépeint plutôt comme un arriviste : « Je suis un paysan issu de la terre jaune, » a-t-il expliqué plus tard, « j’ai toujours gardé lavision d’un paysan simple ; instinctivement, j’ai ressenti une grande sympathie pour la jeune paysanne Qiaozhen. J’ai penché en sa faveur, et l’ai créée telle que je l’imaginais, aussi idéale, aussi parfaite, aussi pure ; en revanche, j’ai fait de Gao Jialinun véritable

 

La ville, grise

Chen Shimei (把高加林陈世美化了) [personnage de l’opéra de Pékin qui délaisse sa femme et ses enfants pour une nouvelle femme]. Quand j’y repense maintenant, c’est caractéristique des limitations de la pensée de l’époque. »

 

Jialin semoncé par le vieux Deshun

 

Ce recentrage sur les deux personnages se fait donc au détriment de Jialin, dont le film gomme les longues  hésitations par lesquelles il passe dans la nouvelle au moment de faire son choix entre Qiaozhen et Yaping, c’est-à-dire, fondamentalement, entre la campagne et la ville. Le film a donc tendance à reposer sur des oppositions de contraires bien plus marquées que dans la nouvelle, et même le scénario. Mais c’est au profit de la clarté de la narration, pour en souligner les enjeux.

 

3. « Saveur locale » rendue par la musique

 

L’ambiguïté du film se joue à un autre niveau : celui de l’image et de la musique, qui donnent valeur prédominante à la campagne, à ses valeurs et à sa culture.

 

La présence de la campagne à l’écran est rendue en images qui illustrent l’idée fondamentale de la nouvelle, sans insister : quelques vues du paysage et des yaodong du village, une ou deux vues de la ville, mais pas de longs panoramiques ou les séquences charnières comme dans beaucoup de films chinois du même genre, « La jeune fille Xiaoxiao » (《湘女萧萧》), par exemple ; même de très belles images, des champs en fleurs par exemple, passent de façon allusive.

 

D’ailleurs, le film se déroule surtout en

 

Simplicité de la vie, mais grande chaleur humaine

intérieur, et ces intérieurs sont ceux de la campagne chinoise en général. La nature est là, le village aussi, en toile de fond, mais le côté folklorique, voire ethnographique, du Shaanbei est éludé.

 

Fugaces images de la beauté de la nature

 

Wu Tianming a juste ajouté une ou deux scènes, celle du battage des céréales par Qiaozhen, par exemple, qui est un peu appuyée.

 

L’esprit du lieu, cette « saveur locale » (土味) dont il est tant question dans la littérature chinoise comme au cinéma, est rendue non directement par l’image, mais par la musique, celle propre au Shaanbei, et en particulier par la longue séquence du mariage qui est en fait une séquence musicale.

 

La musique du film est une composition originale de Xu Youfu (许友夫) qui avait composé celle de « La Rivière sans balises » (《没有航标的河流》), et composera également celle du « Vieux Puits » (《老井》).

Les chants sont interprétés par Feng Jianxue (冯健雪), chanteuse spécialisée dans les airs du Shaanxi-Shaanbei, qui venait de chanter ceux de « La Terre jaune » (8). 

 

Exemples :

《赶牲灵》gan sheng ling le gardien du troupeau

 

 

 

《叫一声哥哥你快回来》 grand frère, reviens vite   

Séquence de la séparation sur le pont, quand Jialin part travailler en ville, avec la chanson en conclusion

 

 

Un film qui annonce les suivants de Wu Tianming

 

Rensheng a marqué son époque, autant que la nouvelle de Lu Yao, mais on peut dire aussi qu’il annonce l’œuvre future de Wu Tianming: par son thème, ses personnages et l’utilisation du contexte rural, il préfigure « Le Vieux Puits » (《老井》) qui va le suivre immédiatement ; par l’utilisation de la musique, et la signification qui lui est donnée de marqueur culturel, en particulier pour la culture locale, il préfigure « Le Roi des masques » (《变脸》).

 

Surtout, il est une préfiguration du dernier film réalisé par Wu Tianming avant sa mort,

 

Ce qui reste, en fin de compte, à Jialin :

une paire de semelles confectionnées avec amour

 « Son of the Phoenix » (《百鸟朝凤》), adapté d’une nouvelle d’un écrivain du Guizhou, cette fois, Xiao Jianghong (肖江虹), qui peut être considéré comme l’équivalent actuel de Lu Yao, en tant que spécialiste de la peinture de la société rurale contemporaine et de ses changements. Avec sa forte composante musicale, ce dernier film apparaît comme l’héritier direct du style de Rensheng. Comme si Wu Tianming avait voulu affirmer l’importance pour lui de son second film, dans une continuité au-delà des modes.

 

 

Le film

 

 

Notes

(1) Sur Lu Yao voir : http://www.chinese-shortstories.com/Auteurs_de_a_z_Lu_Yao.htm

Texte de la nouvelle :

(2) Une Vie, Editions en langues étrangères de Pékin, septembre 1990.

(3) Texte chinois : http://book.kanunu.org/book3/8356/185673.html

(4) Déclaration à prendre avec les précautions d’usage : il est évident que Lu Yao relativise la portée de l’attaque contre le hukou que comporte la nouvelle. En 1982, il était possible de critiquer le système, à un moment où tout était encore possible, en 1990, il n’en était plus question, l’avenir s’était refermé.

(5) Article intitulé A propos de mon adaptation de « La Vie »  (关于电影《人生》的改编) :

http://book.kanunu.org/book3/8356/185685.html

(6) Les yaodong sont les habitations creusées dans la terre, caractéristiques de l’habitat du Shaanbei, et du plateau du loess en général.

(7) Anecdote rapportée par Feng Jianxue, la chanteuse qui interprète la musique du film, on dirait le titre d’un opéra.

(8) Née en 1948 à Suzhou, d’une famille originaire de Chang’an, dans le Shaanxi (陕西省长安县). Après des études au Conservatoire de Shanghai, elle commence à chanter en solo en 1981. Après « La Terre jaune » et « La Vie », elle a interprété les chants et thèmes musicaux d’une trentaine de films.

 

 

Analyse réalisée à partir de la présentation du film par Ji Qiaowei à l’Institut Confucius de l’université Paris Diderot, le 27 novembre 2014.

 

 

 

 

 

 

 
     
     
     
     
     
     
     
     

 

   

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 



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