Réalisateur et scénariste né en janvier 1987 à
Xuzhou, dans le Jiangsu, Zhai Yixiang est diplômé de
l’Institut des Beaux-Arts du Sud-Ouest (西南大学美术学院),
dans la municipalité de Chongqing.
Premiers films
Il a réalisé un premier court métrage en 2010,
« 26° » (《二十六度》),
puis un « faux » documentaire (伪纪录片)
en 2013 : « Le fils quitte Pékin pour aller aux
Etats-Unis » (《儿子离开北京去美国》).
Il a ensuite réalisé son premier long métrage en
2015, « This Worldy Life » (Huan su
《还俗》),
qui a été l’un des premiers films produits par la
société de production Blackfin.
Le film a remporté le prix de la meilleure
contribution artistique lors de la 9ème
édition du
festival FIRST de Xining.
Mosaic Portrait
Sorti en 2019, le deuxième long métrage de Zhai
Yixiang a été à nouveau produit par Blackfin : c’est
« Mosaic Portrait » (《马赛克少女》)
qui a été sélectionné au festival de Karlovy Vary et
primé au festival de Marrakech.
Le film est inspiré d’une histoire vraie. Une jeune
lycéenne enceinte accuse l’un de ses professeurs
d’être le père, déclenchant enquêtes, aveux et
rumeurs, dans une tempête médiatique où la vérité
disparaît derrière une « mosaïque » de points de vue
divergents : le père, un travailleur migrant souvent
absent, veut faire la lumière sur le responsable,
les autorités de l’école cherchent à étouffer
l’affaire et à couvrir
Zhai Yixiang
This Worldly Life
leur professeur, lui-même père d’une petite fille, et un
journaliste venu couvrir l’affaire tente de trouver des
témoins désireux de parler. Mais c’est le mur du silence.
Pour que les tests ADN soient plus concluants, il
est décidé de laisser la grossesse aller jusqu’à son
terme. Mais Xu Ying elle-même n’est jamais consultée
et reste comme indifférente aux événements.
Finalement la police trouve un homme qui passe aux
aveux mais on ne saura jamais qui est véritablement
le père du bébé, dont on ne parle d’ailleurs
absolument pas. Celle qui intéresse le réalisateur,
c’est la jeune Xu Ying, cloîtrée dans sa solitude et
son mutisme.
L’histoire
se déroule dans un village noyé dans la brume
[1],
magnifiée par la photo du chef opérateur
Wang Weihua (王维华) ;
Xu Ying a la vue qui baisse et la trahit, les tests
ADN restent ambigus : on nage dans le brouillard à
tous points de vue. Xu Ying reste une énigme ; le
mystère n’est pas tellement le père présomptif, mais
bien plutôt cette jeune adolescente qui bouscule les
cadres et les règles d’une société où il n’y a guère
de place pour la différence.
A la fin, le film fait un saut en ville où Xu Ying
semble trouver la paix dans une institution pour
jeunes à problèmes. Elle partage une chambre avec
une camarade du même âge à
Mosaic Portrait
laquelle elle raconte l’histoire des aveugles et de
l’éléphant qui forme le thème du film : chacun perçoit une
partie de l’animal, ce qu’il peut percevoir par le toucher,
sans parvenir à se faire une idée d’ensemble. C’est
l’impression que les autres se font de Ying et que nous
renvoie le film : impression parcellaire, incapable de
rendre la réalité confuse du personnage.
Portrait dans la brume
En ce sens, sur un sujet similaire, le film se
rapproche du
« Egg
and Stone » (《鸡蛋和石头》)
de la réalisatrice hunanaise
Huang Ji (黄骥),
mais en abordant le sujet sous un autre angle.
Malgré quelques images oniriques qui rompent la
cohérence narrative, « Mosaic Portrait » laisse bien
augurer de l’avenir de Zhai Yixiang.
Trailer 1
Trailer 2, du festival de Karlovy-Vary (2020)
[1]
Le film a été tourné à Guiyang, non loin de
Shenzhen.