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Yim Ho 嚴浩/严浩

Présentation

par Brigitte Duzan, 13 juillet 2012

 

Yim Ho a été, dans les années 1980, l’un des chefs de file de la Nouvelle Vague du cinéma de Hong Kong. C’est d’ailleurs à partir de son premier film, « The Extras »  (茄喱啡), en 1978, que l’on date le début de cette Nouvelle Vague.

 

Si l’apogée de sa carrière se situe dans la décennie 1984-1994, elle ne s’arrête cependant pas là : il a encore sorti un nouveau film salué par la critique en mai 2012.

 

Yim Ho

 

Chef de file de la Nouvelle Vague

 

Yim Ho est né à Hong Kong en 1952, de parents originaires du Jiangsu. Il révèle des dons pour l’écriture dès le lycée, publiant divers récits et essais.

 

Faux départ : The Extras

 

En 1972, il part à Londres faire des études de cinéma. De retour à Hong Kong en 1975, il entre comme scénariste, puis réalisateur, à la chaîne de télévision TVB (Television Broadcasts). Il passe ensuite à RTHK (Radio Television Hong Kong) comme producteur de programmes télévisés.

 

The Extras

 

C’est en 1978 qu’il réalise son premier film, « The Extras » (茄喱啡), salué par la critique, et considéré,  avec le recul, comme le film qui annonçait les prémices de la Nouvelle Vague. C’est l’histoire d’un pauvre type qui rêve de devenir une star mais reste au stade de figurant et se retrouve dans des situations impossibles et hilarantes, tout ce qu’il fait tournant au désastre.

 

Après le succès remporté par ce film, Yim Ho réalise des comédies pour la Golden Harvest, dont « Wedding Bells, Wedding Belles » (公子娇), en 1981, que lui-même considère comme le plus mauvais film qu’il ait réalisé. L’échec relatif de ces films l’incite à se tourner vers le théâtre, mais il travaille en même temps à un nouveau projet qui n’a

jamais été achevé, le tournage, problématique, ayant été abruptement arrêté et le contrat avec la Golden Harvest rompu.

 

Il lui faut attendre 1984 pour voir la carrière de Yim Ho décoller véritablement.

 

1984-1994 : la décennie en or

 

1. En 1984, en effet, il réalise « Homecoming » (似水流年) qui marque un tournant dans son œuvre et sa carrière ; le film obtient six récompenses aux Hong Kong Film Awards : meilleur film, meilleur réalisateur, meilleur scénario, meilleure actrice, meilleur nouvel acteur, meilleure direction artistique.

 

C’est aussi un film qui représente une prise de conscience, comme il l’a expliqué : prise de conscience de ce qu’il voulait faire, dont il n’avait pas une idée claire jusque là, à part la volonté de réaliser quelque chose de différent. Le film avorté entraîna une période de doute et de réflexion qui prit fin avec la mort de son père. Etant allé le voir à Pékin, il le trouva dans le coma, et le vieil homme mourut quelques jours plus tard. Yim Ho eut alors la révélation de ce qu’il voulait faire : il se promit de mettre l’accent sur l’expression des sentiments, en privilégiant des personnages se trouvant

 

Homecoming

dans des situations changeantes, affectant leur état psychologique.

 

« Homecoming » rompt radicalement avec les comédies précédentes. C’est un film qui éclaire les contradictions entre villes et campagnes en plein essor dans la Chine des années 1980. C’est aussi l’analyse d’un caractère féminin : celui d’une jeune citadine qui revient dans son village natal où elle retrouve deux amis d’enfance qui se sont mariés, l’une étant devenue directrice de l’école locale, l’autre étant resté simple paysan.

 

 

Photo du film  « Homecoming »

 

 

Le contraste entre les deux modes de vie crée des tensions qui mettent leur amitié en danger : vie citadine représentée par la vie à Hong Kong, symbole de liberté et du capitalisme, et vie à la campagne, dans un petit village de Chine continentale, traitée ici avec une certaine sympathie nostalgique. Les tensions sont portées par la narration, qui évite les clichés idéologiques habituels. Finalement, elles sont résolues par la compréhension mutuelle, forgeant des liens encore plus forts (1).

 

La réussite tient en grande partie au jeu subtil des deux grandes actrices qui interprètent les deux rôles principaux : Joséphine Koo côté Hong Kong et, côté continent, Siquin Gaowa (斯琴高娃) dont c’était le second grand rôle au cinéma, après « Le pousse pousse » (《骆驼祥子》)  de Ling Zifeng (凌子风) en 1982. Il faut mentionner également le célèbre thème musical du film : la chanson interprétée par Anita Mui (梅艳芳)reste très prenante près de trente ans après et contribue à l’atmosphère du film.  

 

 

La chanson, interprétée par Anita Mui

 

2. Le succès de « Homecoming » n’a pas empêché Yim Ho de rencontrer des difficultés pour financer ses films suivants. « Buddha’s Lock » (天菩萨) ne sort que trois ans plus tard, en 1987. Le titre chinois signifie ‘le bouddha tombé du ciel’ ; le scénario est adapté d’une histoire vraie, d’un pilote américain dont l’avion fut abattu par les Japonais pendant la guerre, et qui atterrit dans des montagnes perdues où les gens n’avaient encore jamais vu  un blanc ; devant ses cheveux blonds et ses yeux bleus, ils pensent qu’il doit s’agir d’une espèce différente de la race humaine et le gardent comme esclave et objet de curiosité, avant que l’armée le découvre une dizaine d’années plus tard… Le film reste lui aussi une curiosité.

 

Red Dust

 

Le suivant, « Red Dust » (滚滚红尘) en 1990, est un chef d’œuvre. Il obtint huit récompenses au festival du Golden Horse, à Taipei : meilleur film, meilleur réalisateur, meilleure photographie, meilleure actrice, meilleure actrice dans un second rôle, meilleure direction artistique, meilleurs costumes, meilleure musique originale. Le scénario est inspiré de l’histoire d’amour entre Zhang Ailing (张爱玲) et Hu Lancheng (胡兰成) (2).

 

Nous sommes en 1938 alors que les soldats japonais envahissent la Chine. Shen Shaohua (沈韶华), une jeune femme qui aspire à devenir écrivain, interprétée par Brigitte Lin, part de chez elle après la mort de son père. Enfermée dans la maison par son père, elle s’est réfugiée dans l’écriture et a créé un personnage fictif, une jeune paysanne orpheline dont les problèmes personnels sont une version autobiographique de ses propres difficultés et de l’incertitude de son avenir.

 

Alors qu’elle tente de se lancer dans une carrière d’auteur freelance, ses articles parus dans un petit journal attirent l’attention de Chang Neng-Tsai, un attaché culturel du gouvernement provisoire des forces d’occupation considéré comme un traître par les Chinois. Elle tombe sous son charme en dépit des mises en garde de ses amies, l’éditrice et une activiste de la résistance anti-japonaise, interprétée par Maggie Cheung, qui connaîtra un sort tragique…

 

« Red Dust » est la petite chronique d’une vie, une chronique d’amour, de sacrifice et de survie sur fond de débâcle nationale, le tout baignant dans une atmosphère subtile riche en allusions et en symboles. C’est un mélodrame au sens le plus pur du terme, dont l’héroïne semble totalement déconnectée de la réalité ambiante ; elle est en fait apolitique, aimant un collabo pendant que sa meilleure amie fait de la résistance. En fait, elle ne s’intéresse ni au monde matériel ni à la politique qui en est une émanation, seule lui importe sa création.

 

En ce sens, Yim Ho tente de dépasser la chronique locale et historique afin d’atteindre l’universel. Il fait de son écrivain une femme qui revendique sa liberté, liberté d’aimer et de s’exprimer. Le roman qu’elle écrit est la marque même de cette revendication de liberté. Mais le film marque sa défaite, et le triomphe du politique : elle voit disparaître les êtres chers autour d’elle….

 

Le film est remarquablement interprété par son trio d’actrices : Brigitte Lin, Josephine Koo et Maggie Cheung.

 

3. Le projet suivant fut abandonné en cours de route par Yim Ho. Il s’agit du « King of Chess » (棋王) adapté du roman éponyme d’A Cheng (阿城). Le film était produit Tsui Hark et il intervint dans la réalisation. Finalement, Yim Ho préféra le laisser terminer seul. Seules les parties où ils jouent, a-t-il expliqué, sont vraiment de lui. On ne peut que le regretter, ces séquences, justement, laissaient prévoir un grand film (3).

 

King of Chess

 

4. Il fallut plusieurs années à Yim Ho pour se remettre de ce faux-pas, mais le film qui suivit, en 1994, fut un autre chef d’œuvre : « The Day the Sun Turned Cold » (天国逆子) obtint, entre autres, les prix du meilleur film et du meilleur réalisateur au festival de cinéma de Tokyo.

 

The Day the Sun Turned Cold

 

Là encore, Yim Ho s’est inspiré de faits réels : l'histoire d'un fils qui traîna sa mère en justice pour avoir tué son père. La mère est interprétée tout en nuances par Siqin Gaowa. Ce qui est intéressant, c’est la manière dont le réalisateur a imaginé la logique psychologique de l’action du jeune garçon, intuition prouvée juste lorsqu’il rencontra le personnage réel. Il pensa que « si le fils avait traîné sa mère en justice, c'était parce qu'il voyait là le seul moyen de se rapprocher d'elle. Il avait en effet été retiré très jeune à sa mère, au moment où il avait sans doute le plus besoin d'elle. Ils ont été séparés pendant près de dix ans et ce manque dans le subconscient de l'enfant l'avait fait terriblement souffrir. Un manque qui est vite devenu douleur, et le seul moyen dont disposait le fils pour se rapprocher de sa mère était de l'inculper du crime qu'elle avait commis. Par cette démarche

torturée, leur destin pouvait de nouveau être lié » (4).

 

Seul le personnage du policier a été inventé par Yim Ho, personnage distant, auquel tout spectateur peut s’identifier, et qui joue donc un rôle de médiateur entre le public et une action elle-même fondée sur des faits avérés. Il y a là un subtil jeu de miroir pour rendre la réalité encore plus directe.

 

L’autre jeu très subtil du film concerne l’équilibre toujours difficile entre le mélodrame implicite dans les relations entre mère et fils, et la réalité quasiment documentaire vers laquelle tend Yim Ho, mais sans l’atteindre puisqu’elle est teintée de mélodrame. Cette tension dans la construction stylistique vient renforcer celle des relations entre les personnages.

 

5. Deux ans plus tard, il tourne encore « The Sun Has Ears » (太阳有耳), couronné de l’Ours d’argent du

 

The Sun has Ears

meilleur réalisateur et du prix FIPRESCI au festival de Berlin.

 

Yim Ho atteint là un sommet de sa carrière.

 

Années 2000

 

Pavilion of Women

 

Après « Kitchen » (我爱厨房) en 1997, adapté d’un roman japonais et nouvelle histoire d’amour, mais très originale, Yim Ho enchaîne une série d’œuvres mineures au tournant du millénaire.

 

En 2001, « Pavilion of Women », avec Willem Dafoe, est basé sur un roman de Pearl Buck qui se passe à la fin des années 1930 ; saga familiale, il décrit une famille partagée entre tradition, modernité et pensée occidentale : une jeune femme d’une quarantaine d’années décidant de suivre des cours auprès d’un missionnaire américain, les idées qu’il enseigne vont bouleverser cet univers clos.

 

Après le relatif échec de ses deux films suivants, en 2004 et 2005, Yim Ho s’est tourné vers l’écriture : il est devenu une sorte de guru écrivant des articles sur la santé dans diverses revues, qu’il a ensuite publiées dans un  livre : « Yim Ho’s

secret recipes » (les recettes secrètes de Yim Ho :《严浩特选秘方集》). Il a dit qu’il lui avait fallu

développer des dons spéciaux pour ne pas succomber au stress, et donc qu’il avait pensé partager ses « recettes » avec le public.

 

Pourtant, il n’avait pas dit son dernier mot ; il est récemment revenu derrière la caméra : son dernier film, « Floating City » (浮城大亨), est sorti en mai 2012, pour ses soixante ans. Avec pour interprètes principaux Aaron Kwok (郭富城) et Charlie Yeung (楊采妮), il est lui aussi basé sur une histoire réelle, et même deux, celles de deux anciens pêcheurs.

 

Violée par un Anglais, une femme confie le bébé à une famille de pêcheurs. A force de se battre, Po Wah Chuen (布华泉) finit par devenir un grand patron... C’est un genre d’histoire très prisée à Hong Kong car elle loue la volonté de réussir et l’acharnement au travail qui a fait la fortune du territoire.

   

Floating City

 

Floating City, mère et fils

   

 

 

Bande annonce

 

 

Notes

(1) Le film est sorti au moment où était signée la Déclaration conjointe sino-britannique sur la question de Hong Kong (décembre 1984), qui annonçait l’accord des deux parties sur la rétrocession de Hong Kong à la Chine en 1997.

(2) Sur Zhang Ailing et Hu Lancheng, voir :

http://www.chinese-shortstories.com/Auteurs_de_a_z_ZhangAiling.htm

(3) Sur le film, voir : http://www.chinese-shortstories.com/Adaptations_cinematographiques_A_Cheng_roi_des_echecs.htm

(4) Selon les propos de Yim Ho recueillis lors d’une interview à la sortie du film par Julien Fonfrède, 24 images, n° 81, 1996, p. 12-16 – à lire en ligne : http://id.erudit.org/iderudit/23446ac

 


 

Filmographie

 

Réalisateur

1978 The Extras                              《茄喱啡

1979 The Happenings                        《夜车

1981 Wedding Bells, Wedding Belles      公子娇

1984 Homecoming                             似水流年

1987 Buddha’s Lock                          《天菩萨

1990 Red Dust                                 滚滚红尘

1991 King of Chess                           棋王 (en partie)

1992 No Sun City

1994 The Day the Sun Turned Cold      天国逆子

1996 The Sun Has Ears                      太阳有耳

1997 Kitchen                                   《我爱厨房

2001 Pavilion of Women                            

2004 A West Lake Moment

2005 Mandarin Duck and Butterfly        鸳鸯蝴蝶

2012 Floating City                             浮城大亨

 

Acteur

1990 Red Dust

1992 King of Chess

1996 Ah Kam, d’Ann Hui

1998 Till Death Do Us Part, de Daniel Lee

2010 The Drunkard, de Freddie Wong

 

 

 

 

 

 

 

 
     
     
     
     
     
     
     
     

 

   

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 



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