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Wu Ershan 乌尔善

Né en 1972

Présentation

par Brigitte Duzan, 21 septembre 2015

 

Après des études aux Beaux-Arts, Wu Ershan s’est orienté vers le cinéma et a commencé sa carrière en 1998 en se spécialisant dans le film publicitaire. C’est ainsi qu’il s’est formé, et s’est peu à peu peaufiné un style très personnel, au confluent du commercial et du film d’auteur.

 

Il n’a encore que trois films à son actif, tous trois originaux, à commencer par le scénario ; le quatrième, « Mojin, the Lost Legend » (《鬼吹灯之寻龙诀》), dont la sortie est annoncée pour la fin de 2015, est très attendu. Wu Ershan peut ne pas plaire, il ne laisse pas indifférent.

 

De la peinture au film publicitaire

 

D’origine mongole, Wu Ershan est né en 1972 à Hochhot, capitale de la Mongolie intérieure. Mais ses parents ont

 

Wu Ershan

déménagé à Pékin en 1976, quand il avait quatre ans ; c’est donc là qu’il grandi, dans des locaux de l’armée.

 

Education artistique

 

De 1988 à 1992, il a étudié au lycée dépendant de l’Institut central des Beaux-Arts, à Pékin (中央美术学院附中). En 1992, il entre dans la classe de peinture à l’huile de l’Institut (中央美术学院油画系), mais, ne s’entendant pas avec son professeur, il abandonne en seconde année, en 1993. C’est alors qu’il décide de s’orienter vers le cinéma pour lequel il a toujours eu une passion.

 

En 1994, il entre à l’Institut du cinéma de Pékin, dans la section de réalisation. Mais, comme beaucoup d’autres, ce qui l’intéresse surtout, c’est de pouvoir regarder des films ; il sèche des cours pour visionner des VHS, des films étrangers, et des films anciens des années 1930 et 1940. Il sort en 1998 avec une solide culture cinématographique.

 

En même temps, il a commencé à faire des vidéos. En 1998, il participe à un festival de vidéo en Allemagne (Transmediale ’98).

 

Films publicitaires

 

Mais il se lance d’abord dans une carrière publicitaire, et devient un réalisateur connu pour ses films publicitaires pour la télévision. Il se forge ainsi un style visuel rapide et percutant, utilisant le noir et blanc aussi bien que la couleur, et fait preuve d’une grand imagination dans la conception de ses scénarios.

 

Il a fait par exemple plusieurs films pour China Mobile, dont un au moment des Jeux olympiques de Pékin, dont China Mobile était un sponsor. Le film est intitulé « Prendre part » (fēnxiǎng 《分享》) et illustre un slogan très subtil : 你的分享,世界的共享 avec la participation de chacun, c’est le monde entier qui participe.

 

China Mobile (Participer 《分享》)

 

Autre exemple, son film publicitaire pour la bière Sedrin (雪津啤酒) pour illustrer l’idée d’une bière qui dégage le sentiment de vrai, d’authentique (《真性情》) :

 

La bière Sedrin, le sentiment de l’authentique

 

Pour les bonbons Alps, il a fait un film qui joue sur le logo de la marque : Alpenliebe, c’est-à-dire amour des Alpes. Son film s’intitule « Les amants » (《恋人》) : il suffit d’un Alps…

 

Les bonbons Alps, Les amants

 

Il a aussi fait un film pour les vêtements pour hommes Tries (才子服饰) en jouant sur des effets de lavis animé pour rendre l’impression d’élégance subtile, intemporelle.

 

Vêtements Tries, Lavis 《水墨》

 

Mais les plus réussis dans ce genre d’idée suggestive sont sans doute les deux films réalisés pour la firme LG, pour ses téléphones portables et ses machines à laver, dans les deux cas pour suggérer l’impression d’un produit de luxe et de qualité.

 

Téléphones portables LG : « Démaquillage » 《卸妆》 xièzhuāng

 

Machines à laver LG : « Tempérament » 《气质》 (Slogan : laver différemment)

 

Vidéos et installations

 

Parallèlement, Wu Ershan continue ses créations artistiques. En 2000, il fonde le “studio 523” et, avec un groupe d’amis, réalise des courts métrages, des installations et des vidéos. De 2000 à 2004, outre en Chine, il est invitéà des expositions et festivals de vidéos dans divers pays (Pays-Bas, Belgique, Japon, Corée).

 

Du film publicitaire au cinéma

 

Il réalise son premier film en 2004.

 

2004 : Soap Opera

 

Soap

 

Ce premier film, il l’écrit, le réalise et le produit. C’est un film expérimental, intitulé « Soap Opera » (《肥皂). C’est déjà, au niveau de la structure du scénario, la préfiguration de ses films suivants : il est en effet constitué de trois histoires différentes.

 

Ce sont des faits divers. Un collégien est victime d’un chantage par des petits escrocs ; pour les payer, il vole de l’argent à ses parents, puis kidnappe le fils de ses voisins, en demandant 5000 yuans à sa mère ; il enferme l’enfant dans une bâtisse délabrée et le tue.

 

La seconde histoire est celle d’un homme d’âge moyen, qui a appartement, voiture, femme et enfantet pourrait avoir une vie tranquille, mais qui souffre d’insomnie, le moindre bruit l’empêchant de dormir, et qui devient violent quand il n’arrive pas à dormir : or, au-dessus de chez lui habitent plusieurs

femmes qui sont hôtesses dans un club de danse. Une nuit qu’il ne parvient pas à dormir, il monte chez elles et les tue.

  

La troisième histoire est celle d’un cuisinier, chef réputé dont le fils, à l’école, a écrit un très bon devoir : il y raconte que son papa n’est pas quelqu’un qui parle beaucoup, et, quand sa maman clame qu’ « elle a épousé un marmiton qui sait super bien cuisiner », il va s’enfermer dans sa cuisine. Un jour, l’enfant découvre ce qui est en fait un fémur – le cuisinier a tué sa femme, et a fait congeler ses membres et ses viscères [1].

 

“Soap Opera” a obtenu le prix Fipresci for New Currents’ au 9ème Festival international de cinéma de Busan.

 

2008 : Nomadic Plan in Outer Space

 

Après « Soap Opera », Wu Ershan revient vers la publicité, et la création artistique. Il conçoit tout un projet développé autour de l’idée de nomadisme lié la culture mongole : 'Nomadic Plan in Outer Space’.  Il imagine la vie nomade étendue à l’univers et à l’espace.

 

Combinaison spatiale par Wu Ershan

(feutre et métal)

 

Epopée de l’espace, entre yourte et cheval

 

Il mêle sculptures, installations et photographies, mais aussi une galerie de costumes qui pourraient aussi bien être des maquettes pour un film de science-fiction. Dans sa conception, l’œuvre rappelle ‘2001 : A Space Odyssey’ de Stanley Kubrick. Mais la vision du futur qu’elle illustre est inspirée par le grand classique mongol « L’histoire secrète des Mongols » [2].

 

C’est après cette période de transition que Wu Ershan revient vers le cinéma, et cette fois c’est définitif.

 

2011 : The Butcher, the Chef and the Swordsman

 

En septembre 2009, il commence le tournage de son premier long métrage, conçu dans une optique commerciale : « The Butcher, the Chef and the Swordsman » (《刀见笑》), présenté comme « un wuxia d’avant-garde » (先锋武侠喜剧), dans un style peu ordinaire qui tient beaucoup de son expérience dans le domaine publicitaire.

 

Il a d’abord beaucoup travaillé le scénario, écrit avec trois coscénaristes, Zhang Jiajia (张嘉佳) [3], Tang Que (唐缺) et Ma Luoshan (马洛杉), sur la base d’un roman de l’écrivain sichuanais An Changhe (安昌河), « La légende d’un couteau de cuisine » (《菜刀传奇》). 

 

Comme « Soap Opera », l’histoire est tripartite, mais les trois

 

The Butcher, the Chef and the Swordsman

fils narratifs sont subtilement liés entre eux, autour du thème central du couteau, ultime avatar de

 

Trois histoires, trois époques

 

plusieurs épées de grands maîtres dont il conserve en mémoire la gloire passée et l’histoire. Les trois parties du film sont bâties sur des sous-thèmes clairement affichés : désir, vengeance et convoitise.

 

La première partie relate l’histoire du boucher, dans une époque ancienne indéfinie, humilié par un maître d’arts martiaux qui lui subtilise la pensionnaire d’une maison close qu’il voulait s’acheter ; le boucher vole une arme à un mendiant pour se venger… La seconde partie revient à l’histoire de l’arme du mendiant, que l’on retrouve dans la cuisine d’un chef réputé qui s’en sert comme hachoir pour préparer un mets particulièrement raffiné, réclamé par un

puissant eunuque…  La troisième partie remonte à l’origine du hachoir …

 

Complexe, pimentée d’humour et de pastiches de wuxia, l’histoire est surtout prétexte à une mise en scène d’une grande originalité : Wu Ershan mêle tous les styles – noir et blanc, animation, vidéo musicale, split screen… Les personnages, qui tirent sur le baroque, voire le grotesque, sont inspirés de la peinture et la sculpture anciennes, en particulier l’eunuque et les femmes du bordel (dans des séquences felliniennes). Le montage donne un rythme rapide à l’ensemble.

 

Après une première mondiale au festival de Toronto, le film est sorti en Chine en mars 2011. Au 48ème festival du Coq d’or, à Taiwan, Wu Ershan a décroché pour ce film le prix du  « meilleur nouveau réalisateur » ainsi que, avec ses coscénaristes, le prix du meilleur scénario adapté d’une œuvre littéraire. C’est devenu un film culte.

 

La légende du couteau de cuisine

 

Film d’avant-garde, cinéaste d’avant-garde

   

 

Trailer

 

2012 : Painted Skin II 

 

Wu Ershan enchaîne aussitôt avec un film différent, avec des acteurs et actrices de premier plan : « Painted Skin, the Resurrection » (《画皮2). Sorti fin juin 2012 en Chine, le film a remporté un gros succès commercial.

 

Il est plus linéaire, plus grand public, que le précédent, mais reflète encore la formidable inventivité de Wu Ershan. L’histoire est celle d’un amour triangulaire tragique, entre humains et fantômes ; l’esprit est celui du conte original, tiré des « Contes de

 

Painted Skin II, Zhao Wei et son masque

l’étrange » de Pu Songling (蒲松龄) [4], dont est directement inspiré le premier film, réalisé par Gordon Chan.

 

Zhao Wei/Zhou Xun, envoûtement réciproque

 

Mais, si Wu Ershan a repris les trois principaux interprètes du film précédent, Zhao Wei (赵薇), Zhou Xun (周迅) et Chen Kun (陈坤), leurs rôles sont différents et Wu Ershan a rajouté son propre imaginaire et sa propre griffe : il a créé un monde totalement différent.

 

L’histoire est un conte original, écrit, ici aussi, avec plusieurs coscénaristes. Une renarde très attirante (Zhou Xun), qui se nourrit des cœurs des hommes qu’elle séduit, offre sa beauté à une princesse qui

a été défigurée par un ours (Zhao Wei), en échange de l’amour du général qu’aime la princesse(Chen Kun).

 

Première originalité, Wu Ershan a replacé l’histoire dans le contexte d’un conflit avec une mystérieuse nation de  hordes nomades, quelque part dans l’ouest du pays, et a même conçu une langue dérivée du sanscrit pour ajouter de la couleur locale aux barbares et à leurs rituels. Mais ces séquences ne sont pas le plus intéressant, elles sont même un peu artificielles,voire caricaturales. C’est le traitement des personnages qui est fascinant.

 

Wu Ershan joue sur les registres éternels de la séduction et de l’amour, mais en centrant son histoire sur les relations entre les deux femmes, et leur attraction réciproque, ce qui donne à son film une émotion contenue, au-delà du magique et de la féérie.Si l’on ajoute le rôle de la démone-oiseau qui, attirée par la beauté de la renarde, l’a tirée de la glace où elle dormait, « Painted Skin II » est un film essentiellement féminin, dont provient le charme discret qu’il diffuse.

 

Le film est sorti en première mondiale en juin 2012 au festival de Shanghai, où il a déclenché autant de passions que de critiques, mais celles-ci fustigeant surtout l’imagerie de la nation barbare. Le film suivant du réalisateur était dès lors attendu avec curiosité

 

2015 : Mojin, the Lost Legend

 

Annoncé pour décembre 2015, ce film, le quatrième de Wu Ershan, a été présenté au festival de Cannes en mai 2015. C’est « Mojin, the Lost Legend » (鬼吹灯之寻龙诀), adapté d’un épisode d’un série de huit romans de Zhang Muye (张牧野), devenus des bestsellers extrêmement populaires, vendus à quelque neuf millions d’exemplaires: « Le fantôme souffle la chandelle » (鬼吹灯).

 

C’est le premier film chinois sur des pilleurs de tombes. L’histoire est celle de deux aventuriers, un ancien soldat et son partenaire, qui tentent de vaincre une ancienne malédiction en pillant des tombes mythiques. Comme le récit original, le film mêle réalité, fiction et légende ; il a même été tourné dans une authentique tombe de la dynastie des Liao, dont l’entrée avec été agrandie par un vrai pilleur de tombes… mais une tombe de 30 m2 qui a demandé beaucoup d’imagination pour en faire un film palpitant, donnant l’impression d’un monde souterrain, et hanté.

 

Mojin, the Lost Legend

 

Wu Ershan et trois des interprètes

(de g à dr : Shu Qi, Chen Kun, Huang Bo)

 

Sur fond de culture et d’anciennes croyances chinoises concernant les morts et le monde des morts, Wu Ershan a construit un film qui s’annonce aussi brillant que les précédents, avec, dans les quatre rôles principaux, les actrices Shu Qi (舒淇) et Angelababy (杨颖) et les acteurs Chen Kun (陈坤) et Huang Bo (黄渤).

 

Les droits des quatre premiers romans ont été achetés par China Film et ceux des quatre suivants par Wanda. « Mojin, the Lost Legend » est la première adaptation

achevée [5]. C’est une coproduction des groupes Wanda, Huayi Brothers et Enlight Media – ce dernier acquis en juin 2015 par Fox International, qui a coproduit « The Butcher, the Chef and the Swordsman ». Wanda a bien l’intention d’en faire un immense succès commercial, en particulier en le diffusant sur ses propres réseaux aux Etats-Unis.    

 

Bande annonce de Mojin, the Lost Legend

 

 

Filmographie

 

2004 Soap Opera 《肥皂

2011 The Butcher, the Chef and the Swordsman 《刀见笑》

2012 Painted Skin : The Resurrection 《画皮II

2015 Mojin, the Lost Legend 《鬼吹灯之寻龙诀》

 

 

 


 

[1] La structure tripartite et l’argument même, fondé sur des faits divers macabres, ont bien des points communs avec « A Touch of Sin » (《天注定》) de Jia Zhangke.

[2] La plus ancienne œuvre littéraire en langue mongole qui nous soit parvenue, écrite pour la famille royale mongole peu de temps après la mort de Gengis Khan, en 1227, et probablement en script ouïgour.

[3] Ecrivain à succès, orienté vers le public des jeunes.

Voir : http://www.chinese-shortstories.com/Auteurs_de_a_z_Zhang_Jiajia.htm

[5] Une seconde, réalisée par Lu Chuan (陆川), et produite par China Film, serait en cours.

 

 

 

 

 

 
 
     
     
     
     
     
     
     
     

 

   

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 



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