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Metteurs en scène

 
 
 
     
 

Sha Meng 沙蒙

1907-1964

Présentation

par Brigitte Duzan, 26 novembre 2013

 

Sha Meng est l’un des grands réalisateurs chinois des années 1950, pourtant très peu connu hors de Chine. Son œuvre est représentative d’un cinéma bien plus exigeant qu’on ne le pense généralement, et certainement loin des clichés dans lesquels on l’enferme trop souvent.

 

Epanouissement artistique en temps de guerre

 

De son vrai nom Liu Shangwen (刘尚文), Sha Meng (沙蒙) est né en novembre 1907 dans un famille de paysans du district de Yutian (玉田县) dans ce qui est aujourd’hui le Hebei.

 

Ouverture aux idées du 4 mai

 

Il commence à étudier dans une petite école privée traditionnelle (私塾), puis, en 1919, arrive à Pékin où, trois ans plus tard, il entre dans une école spécialisée pour apprendre le français.

 

Sha Meng jeune

 

Influencé par les idées libérales et révolutionnaires issues du mouvement du 4 mai, il prend part au mouvement ouvrier et étudiant en réaction à « l’incident » du 30 mai 1926 (五卅运动 wǔsà yùndòng), où des policiers avaient ouvert le feu sur des manifestants ouvriers dans la concession internationale de Shanghai. Sha Meng y participe activement en collectant des dons pour les familles des victimes.

 

Il est sévèrement puni pour son action, et, furieux, quitte l’école. L’année suivante, il entre dans une école préparatoire à une université bilingue franco-chinoise, mais sa situation matérielle ne lui permet pas de continuer. 

 

En 1929, il trouve un travail à Harbin comme standardiste pour les communications téléphoniques à longue distance. C’est là qu’il commence à développer ses penchants littéraires et artistiques.

 

Acteur, de théâtre puis de cinéma, à Shanghai

 

En mai 1933, il part à Shanghai et entre à l’Ecole des Beaux-Arts où il fait la connaissance des futurs grands acteurs dont il devient l’ami : Zhao Dan (赵丹), Wang Weiyi (王为一), Xu Tao (徐韬). Il participe alors au mouvement du théâtre de gauche en jouant dans des troupes d’avant-garde des grandes pièces du répertoire chinois de huaju ou des adaptations de pièces étrangères, de Shakespeare en particulier.

 

Sha Meng dans Au Carrefour

 

Comme ses camarades, du théâtre, il passe au cinéma où il joue dans divers films, dont, en 1935 pour commencer, « Scènes de la vie urbaine »  (《都市风光》) de Yuan Muzhi (袁牧之), et, en 1937, « Le chant de minuit » (《夜半歌声) de Ma-xu Weibang (马徐维邦) et « Au carrefour » (十字街头》) de Shen Xiling (沈西苓), aux côtés de ses amis Zhao Dan (赵丹), Lü Ban (吕班), et l’actrice Bai Yang (白杨).

 

En même temps, il utilise ses connaissances du français et du russe pour

faire des traductions, de pièces de théâtre et de nouvelles, dont des nouvelles de Gorki.

 

Pérégrinations pendant la guerre

 

Après l’occupation de Shanghai par les troupes japonaises, en 1938, Sha Meng s’engage, comme professeur, dans l’une des nombreuses troupes de théâtre itinérant qui sont créées au lendemain de l’entrée en guerre du Japon. C’est alors qu’il fait la connaissance de la jeune  Ouyang Ruqiu (欧阳儒秋) qui fait partie de ses élèves – elle a onze ans de moins que lui - et qu’il va épouser. Il lui donnera le petit rôle de Lü Daniang (吕大娘) dans son premier film, Zhao Yiman (《赵一曼》), en 1950.

 

Sha Meng et son épouse Ouyang Ruqiu à Yan’an en 1944

 

Ils sont à Changsha au moment de la première bataille de Changsha, en septembre 1939 ; Sha Meng fuit avec sa troupe en portant, roulée sur le dos, la toile de fond de scène qui est une partie de leur fond de commerce ; ses camarades le surnomment « le chameau » (骆驼”).  Après la rupture du Front uni entre le Guomingdang et le Parti Communiste, les membres de la troupe sont sommés de rejoindre les rangs du Guomingdang ; Sha Meng préfère la quitter.

 

En 1940, il est à Chongqing avec Ouyang Ruqiu, et rencontre Zhou Enlai. Après l’incident dit « de Wannan » (皖南事变”), où la Nouvelle 4ème armée communiste est attaquée par l’armée nationaliste, Ouyang Ruqiu part à Yan’an avec le bébé qu’elle vient de mettre au monde, leur fils Liu Zhongsui (刘钟濉). Sha Meng, lui, part à Hong Kong où il continue  faire du théâtre.

 

Après le déclenchement de la guerre du Pacifique, il revient à Chongqing, et, de là, en mars 1944, gagne Yan’an où il retrouve Ouyang Ruqiu.

 

Théâtre expérimental à Yan’an, puis dans le Dongbei

 

A Yan’an, il deveint professeur à l’Institut d’enseignement artistique Lu Xun (鲁迅艺术学院), dans la section d’art dramatique, et, en même temps, il est nommé directeur de la troupe de théâtre expérimental adjointe à l’Institut.

 

En septembre 1945, le groupe auquel il appartient est transféré de Yan’an à Shenyang (沈阳) où il va former une partie du Groupe de travail des lettres et des arts du Nord-Est (东北文艺工作团). Sha Meng joue alors dans les pièces de propagande données dans les principales villes du Dongbei pour célébrer la victoire finale sur le Japon et mobiliser les esprits pour poursuivre la lutte contre Chang Kai-chek.

 

En 1946, il devient membre du Parti communiste.

 

Réalisateur de la Chine nouvelle

 

En septembre 1948, avec un groupe de quelque 140 personnes, il est intégré dans le Studio du Nord-Est. A cette époque, le studio avait un mode de direction collectif ; Sha Meng devient  l’une des onze personnes du comité de gestion du Studio (东影管理委员会), avec Yuan Muzhi (袁牧之), Tian Fang (田方), Chen Po’er (陈波儿), etc… Il devient en même temps scénariste et réalisateur.

 

1. Il tourne son premier film en 1950, sur un scénario de Yu Min (于敏) : « Zhao Yiman » (《赵一曼》). Le film retrace l’histoire d’une héroïne de la guerre de résistance contre le Japon. C’est l’un des films représentatifs de l’une des principales tendances du cinéma chinois de l’année 1950. Avec la réforme agraire, et surtout la guerre de Corée, le cinéma va cependant très vite évoluer, et Sha Meng va participer à son évolution.

 

Zhao Yiman

 

2. En 1951, il sort un film très sombre sur un camp de prisonniers du Guomingdang au début des années 1940 : « Le camp de Shangrao » (《上饶集中营》; c’est là que, au lendemain de « l’incident de Wannan », en janvier 1941, deux à trois cents soldats de la Nouvelle 4ème Armée ont été détenus dans des conditions très dures par le Guomingdang. Le film montre la résistance des soldats communistes à l’intimidation et à la torture, et leur victoire finale sur leurs geôliers.

 

Le film est produit par le studio de Shanghai, et l’un des grands succès de ce studio pendant cette période.

 

Le cinéma chinois, cependant, traverse une crise en 1951 : la production s’effondre, après une période faste dans l’euphorie de la première année du régime. Le climat d’incertitude est aggravé par les attaques idéologiques dont sont victimes

 

Le camp de Shangrao

« L’histoire secrète de la cour des Qing » (《清宫秘史》) et « La vie de Wu Xun » (《武训传》).

 

 

Le camp de Shangrao

 

3. Sha Meng attend 1953 pour sortir son troisième film, qui répond aux impératifs idéologiques de l’heure : après les première étape de la réforme agraire, il s’agit maintenant, dans une seconde phase, de lutter contre le morcellement des parcelles en mettant en place un système d’ « aide mutuelle » qui est un premier pas vers la collectivisation.

 

Sha Meng avec Lin Shan

 

Sur un scénario de Lin Shan (林杉), « La bonne récolte » (Fengshou 《丰收》) se passe dans un village en 1953, au moment où sont instituées les « coopératives d’entraide » (合作社). Elles se heurtent bien sûr à des résistances, mais celles des esprits rétrogrades tombent devant les résultats de ceux qui vont de l’avant : la coopération est le meilleur moyen de progresser vers la prospérité.

 

Le film n’est cependant pas caricatural : les personnages sont bien campés, très bien

interprétés, et la musique est superbe. Le tout est à replacer dans le climat de l’époque, mais le réalisme prévaut.

 

 

Fengshou

 

4. C’est la guerre de Corée qui fournit le sujet de son quatrième film à Sha Meng : « Dans les monts Shanggan » (Shanggan ling《上甘岭》), sorti en 1956, qui est considéré comme son chef d’œuvre.

 

Il faut dire que Sha Meng a appliqué une pratique qui se développait alors dans le cinéma chinois, comme en littérature : l’enquête de terrain. Sans se soucier de ses problèmes de santé, Sha Meng a passé huit mois sur le front, à se documenter et enquêter ; il aura fallu ensuite deux ans pour mettre au clair les quelque 250 000 caractères de notes prises au cours des entretiens, et la masse de documents rapportés.

 

Le film est le résultat de ce travail épuisant, garant de son réalisme.

 

Dans les monts Shanggan

 

Sha Meng en reportage sur le front coréen en 1954

   

 

 

Dans les monts Shanggan

 

5. Aussitôt après, Sha Meng s’est lancé dans un autre projet basé sur une enquête de terrain : un film sur le soviet du Jiangxi (江西苏区). Il a rencontré là des anciens combattants qui lui ont donné l’envie très forte de mettre en scène un film sur leurs combats. Il a créé pour cela avec Lin Shan un « bureau de recherche créatif » (创作研究室”) et ils ont finalement conçu un projet de quadrilogie pour représenter tout le processus des luttes révolutionnaires ayant conduit à la révolution socialiste ; cela

 

L’équipe du tournage

devait s’appeler « la quadrilogie de la révolution chinoise » (中国革命四部曲”).

 

Mais Sha Meng a été condamné comme droitier en 1957, et il a dû remiser son projet. Finalement, en 1960, il a été transféré du studio de Changchun (héritier du studio du Nord-Est)  au studio de Pékin, et c’est là qu’il a réalisé son film suivant, sorti en 1962 : « Au long de la rivière Fen » (《汾水长流》).

 

Sha Meng sur son dernier tournage

 

Le sujet est à nouveau la campagne : il correspond au mot d’ordre donné aux cinéastes après le désastre ayant suivi le Grand Bond en avant ; il fallait redonner le moral aux paysans et faire des films qui leur soient destinés.

 

L’histoire du film de Sha Meng se passe dans un petit village du Shanxi en 1954, sous les meilleurs auspices. La mise en scène est vive et enlevée, et l’utilisation de la musique traditionnelle est encore plus réussie que dans « Fengshou ».

 

Au long de la rivière Fen

 

Malheureusement, Sha Meng était malade. Il est décédé à Pékin le 26 juin 1964, à l’âge de 57 ans.

 

C’est d’autant plus regrettable qu’il n’aura guère pu s’exprimer vraiment comme il le désirait, surtout après sa condamnation comme droitier.

 

 

Filmographie

 

1950 Zhao Yiman 《赵一曼》

1951 Le camp de Shangrao   《上饶集中营》   

1953 La bonne récolte  Fengshou 《丰收》

1956 Dans les monts Shanggan Shanggan ling 《上甘岭》

1963 Au long de la rivière Fen 《汾水长流》

 

 

 

 

 
 
     
     
     
     
     
     
     
     

 

   

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 



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