Accueil Actualités Réalisation
Scénario
Films Acteurs Photo, Montage
Musique
Repères historiques Ressources documentaires
 
     
     
 

Metteurs en scène

 
 
 
     
 

Johnnie To 杜琪峰

Présentation

par Brigitte Duzan, 25 avril 2012

 

Réalisateur que l’on a dit caméléon, Johnnie To est un personnage fascinant capable de toucher à des genres très divers avec le même bonheur ; son esthétique très personnelle en fait l’un des grands maîtres du cinéma de Hong Kong.

 

Cette esthétique et la vision du monde qu’elle exprime doivent beaucoup à son enfance dans l’un des quartiers les plus dangereux de Hong Kong.

 

Enfance à Kowloon

 

Johnnie To (杜琪峰) est né en 1955 dans une famille pauvre de Hong Kong et a quitté l’école très tôt, au grand dam de son père. C’est son enfance, et l’atmosphère très spéciale dans laquelle elle s’est déroulée, qui sont la source de son inspiration initiale (1). Ce n’est pas unique, c’est le cas de

 

Johnnie To

beaucoup de cinéastes de Hong Kong dont on voit aujourd’hui poindre les souvenirs dans des films nostalgiques évoquant le passé de l’ancienne colonie.

 

Il est né à Kowloon (九龙寨城  jiǔlóng zhàichéng : la citadelle des neuf dragons). C’était encore « the walled city », une cité murée qui était à l’origine un fort chinois : les restes de l’enceinte ne furent totalement détruits qu’en 1994. C’était un monde en soi, un monde fermé, sombre et dangereux.

 

L’ancien quartier muré de Kowloon

 

En effet, après la capitulation du Japon, en 1945, la Chine annonça son intention de faire valoir ses droits sur la vieille cité murée ; les réfugiés affluèrent et la cité devint une fourmilière vite ingérable, les Britanniques comme les Chinois s’en disputant les droits. La police étant inexistante, Kowloon devint un repaire de criminels et de gangsters, régi par les triades, organisations secrètes qui avaient été instaurées pour résister aux Mandchous, au dix-septième siècle, et dont les réseaux, très hiérarchisés, étaient ensuite devenus purement mafieux.

 

L’enfance de Johnnie To s’est passée dans cette atmosphère très particulière, d’abord parce que la cité était très sombre, les ruelles très étroites, entourées de hauts bâtiments vétustes, ne voyant que rarement le soleil : on l’appelait « The city of darkness ». Un documentaire allemand, tourné en 1989, rend bien l’atmosphère évoquée par Johnnie To dans nombre de ses interviews :

 

 

Documentaire allemand « Kowloon Walled City »

 

Dans cet univers crépusculaire, les triades étaient omniprésentes ; elles comptaient quelque 500 000 membres au total, à Hong Kong, dans les années 1950-60, et elles étaient particulièrement bien implantées dans le monde fermé de Kowloon.

 

Le réalisateur a raconté que, tout petit, il allait jouer dans un square, un mouchoir de poche au milieu des immeubles où les gens venaient étendre leur linge. Le matin, il y avait souvent des morts qui gisaient là, et qui y restaient parce que ni les ambulances ni la police ne venaient jusque là ; les cadavres portaient des traces de détergent qui avait coulé du linge étendu au-dessus d’eux. 

 

L’univers de ses films est cet univers-là.

 

Débuts de cinéaste sous les auspices de la télévision

 

Johnnie To a quitté l’école très tôt pour devenir, à dix-sept ans, coursier à la chaîne de télévision en accès direct TVB (Television Broadcasts), celle-là même où

 

The Enigmatic Case

Wong Kar-wai (王家卫), entre autres, fit ses débuts. Il avait postulé à trois autres postes : il aurait pu devenir policier, joueur de football ou entrer dans une agence de télécommunications. Le destin en décida autrement.

 

Cinema City

 

En fait, c’était ce qu’il avait espéré car il avait toujours eu une passion pour le cinéma. Son père travaillait dans un entrepôt situé derrière un cinéma ; il y passait en sortant de l’école et on lui permettait de regarder les films, mais derrière l’écran ; comme, en plus, ils étaient souvent en anglais, il n’y comprenait rien. Par la suite, il est devenu un spectateur assidu de westerns et de polars, de films d’action en général ; c’est cela qui l’intéressait.

 

Une fois entré à TVB, il monta peu à peu les échelons, jusqu’à devenir réalisateur, très vite. En même temps, il suivit les cours d’art dramatique de la chaîne, où il rencontra ses futurs acteurs : Chow Yun-fat (周润发), Ringo Lam (林岭东), Simon Yam (任达华)

 

 

Bande annonce du film « The Enigmatic Case »

 

En 1978, à l’instigation de Damian Lau (刘松仁), autre acteur récurrent dans son œuvre,  il entreprend la réalisation d’un premier film, produit par la compagnie Phoenix (凤凰影业公司) (1) et sorti en 1980 : « The Enigmatic Case » (《碧水寒山夺命金》 bìshuǐ hánshān duómìng jīn), avec Damian Lau et Cherie Chung (钟楚红) : une sorte de film de wuxia racontant l’histoire, à la fin des Ming, du vol d’un convoi d’or par trois bandits et de ses suites, le tout raconté en flashback et de façon aussi énigmatique que le titre…  Une curiosité qui montre un effort de stylisation au début, et d’originalité ensuite.

 

Mais, conscient des maladresses du film, il reprend du service à la télévision pour sept ans supplémentaires. En 1986, à l’invitation de la compagnie Cinema City (新艺城), il tourne la troisième partie d’une série télévisée très populaire : « The Happy Ghost » (《开心鬼》), avec Tsui Hark (徐克) pour les effets spéciaux (2) et

 

The Happy Ghost

Ching Siu-tung (程小东) pour la chorégraphie ! Il poursuit avec des comédies urbaines, typiques du cinéma de Hong Kong.

 

All about Ah Long

 

En 1988, après une série de comédies, il coréalise avec Andrew Kam (金杨桦) un film produit par le Film Workshop (电影工作室) que Tsui Hark avait créé quatre ans plus tôt en attirant bon nombre des talents de Cinema City, dont son ami Ching Siu-tung. Le film, « The Big Heat » (《城巿特警》), annonce le schéma confrontationnel police/bandits ou police/mafieux qui formera la base du scénario de bien des films ultérieurs du réalisateur.

 

C’est l’année suivante, en 1989, à l’âge de trente quatre ans, que Johnnie To tourne son véritable premier film, « All about Ah Long » (《阿郎的故事》), sur un scénario de l’actrice et scénariste Zhang Aijia (张艾嘉) qui interprète le principal rôle féminin : immense succès, le film est couronné, aux Hong Kong Film Awards de 1990, du prix du meilleur réalisateur tandis que le prix du meilleur acteur était décerné à… Chow Yun-fat. Mais ce n’est pas un

film d’action : c’est une drame familial, décrivant les traumatismes induits par un divorce.

 

Le cinéma de Hong Kong traverse alors l’une des périodes d’or de son histoire. Johnnie To en devient une figure de proue.

 

Les années 1990

 

Johnnie To tourne beaucoup, touchant à tout, action et romance, avec plus ou moins de bonheur, mais la décennie 1990 est surtout marquée chez lui par la recherche d’une esthétique personnelle.

 

En 1993, « The Heroic Trio » (《东方三侠》) marque un tournant. C’est un film de wuxia atypique et loufoque, situé dans une Chine post-apocalyptique, déchirée par des conflits sanglants, avec un trio de combattantes de choc constitué de Michelle Yeoh, Maggie Cheung et Anita Mui.

 

La première interprète une femme invisible qui kidnappe des bébés pour les livrer à un mystérieux Maître, zombie burlesque qui veut doter la Chine d’un nouvel empereur ; elle est la sœur de Tung, interprétée par Anita Mui, douce

 

The Heroic Trio

épouse d’un inspecteur de la police devenue une sorte de Zorro masqué, redoutable épéiste – elles ont été formées par le même maître d’arts martiaux. Quant à Chat, interprétée par Maggie Cheung, elle vit de la capture de malfaiteurs pour toucher des rançons et finit par s’allier à Tung pour venir à bout du Maître…

 

 

Le du film « The Heroic Trio »

 

Johnnie To a tourné quatre autres films, cette année 1993, dont deux co-réalisés avec Ching Siu-tung : une suite à « The Heroic Trio » intitulée « Executioners » (《现代豪侠传》), et « Mad Monk » (《济公》), dans le genre fantastique. Ils sont suivis de deux romances sans grand caractère.

 

Société de production Milkyway

 

Johnnie To se sent bridé par les contraintes économiques qui l’empêchent de trouver le langage personnel qu’il recherche. En 1996, avec son ami Wai Ka-fai (韦家辉), ancien producteur de télévision, auteur de nombreux scénarios et co-réalisateur de nombreux films avec lui, il crée donc son propre studio de production, Milkyway Image (银河映像), ou

‘images de la Voie lactée’ . Il y produit dès lors des films d’autres réalisateurs, outre les siens propres, et alterne films personnels et comédies à succès, ces dernières finançant les premiers.

 

Dans la décennie suivante, cette liberté financière lui permet de créer des polars originaux, au ton réaliste, d’un caractère résolument novateur.

 

Les créations Milkyway

 

En 1999, Johnnie To signe successivement deux polars : « Running out of time » (《暗战》), qui vaut un prix d’interprétation à Andy Lau (刘德华) aux Hong Kong Film Awards en 2000, mais surtout « The Mission » (枪火) dont la présentation du film au festival de Berlin fait de Johnny To un réalisateur renommé internationalement.

 

Le tournant du millénaire

 

Le film est pourtant tourné en quelques jours, mais il est totalement différent des normes du genre. Les tueurs à gage ou les gardes du corps ne sont plus des professionnels impassibles. Il n’y a plus de frontière entre eux et les gens du peuple : ceux-ci s’invitent dans les rangs des tueurs. Un chef de triade qui vient d’échapper à un attentat prend ainsi à son service un ancien homme de main devenu coiffeur 

 

The Mission

(interprété par Anthony Wong) ; l’équipe comporte un vagabond qui se shoote aux cacahuètes, un proxénète, un petit crack local… La tension monte quand un second attentat est évité de peu…

 

Johnnie To a raconté le tournage de « Mission », à un moment où la crise financière asiatique avait asséché les projets à Hong Kong ; il n’avait qu’un budget en peau de chagrin, de la pellicule pour dix-huit jours ; le film a été bouclé en dix-neuf, monté en un mois. Ce n’est pas ce qu’il a fait de meilleur, mais le film le consacra définitivement comme maître du polar, ce fut le premier distribué en France, en 2001.

 

Fulltime Killer

 

Interprété par Simon Yam, Lam Suet et Anthony Wong, « The Mission » inaugure un nouveau style, par l’originalité des personnages et du scénario, mais il représente en outre la consécration d’un groupe d’interprètes qui vont devenir emblématiques de l’univers du réalisateur. Les recettes des deux films de 1999 lui permettent par ailleurs de financer et de réaliser des projets plus ambitieux et plus personnels. Au tournant du millénaire, le système de Johnnie To est en place.

 

En 2001, après quelques comédies, « Fulltime Killer » (全职杀手) est une nouvelle étape : adapté du best-seller éponyme de Pang Ho-cheung (彭浩翔), il est co-réalisé par Johnnie To et Wai Ka-Fai, et co-produit par eux et Andy Lau (刘德华) qui interprète le rôle principal. La violence mise en scène avec virtuosité devient ici spectacle, jeu absurde avec la mort qui n’a pour justification que la

beauté du geste et de l’image, le tout en musique, élément que l’on ne retrouvera que bien plus tard, dans « Election ».

 

 

Bande annonce du film « Fulltime Killer »

 

En 2003, après quelques nouvelles comédies lucratives, « PTU » (ou Police Tactical Unit »), toujours avec Simon Yam et Lam Suet, est l’histoire d’un flic qui a perdu son arme et tente de la récupérer. Mais le film ne suit aucun code, ne répond à aucun antécédent connu, c’est une création totalement originale qui poursuit dans la ligne de déconstruction narrative de « Fulltime Killer ».

 

L’ambiance de « PTU » se confond avec celle de Hong Kong, mais c’est une ville vidée de ses habitants qui n’est plus habitée que par des flics et les malfrats qu’ils poursuivent ; c’est surtout une ville de nuit, une nuit moite, aux reflets bleutés, malsaine et dangereuse, qui va devenir une marque de fabrique des films de Johnnie To : une nuit où le moindre faux mouvement est létal, et qui met les nerfs à vif.

 

C’est un grand succès : prix du meilleur film asiatique au

 

PTU

festival de Seattle et prix du meilleur réalisateur aux Hong Kong Film Awards en 2003, prix du jury au festival du film policier de Cognac en 2004.

 

 

Bande annonce du film « PTU »

 

 

Le film « PTU »

 

2003 est aussi l’année d’un film totalement inattendu et original : « Running on Karma » (大只佬), avec Andy Lau et Cecilia Cheung. Le scénario part de la rencontre de deux hommes tout aussi improbables : un strip-teaseur dans un night-club (un Andy Lau faussement body buildé) et un contorsionniste indien, l’un et l’autre fuyant, dans la nuit, une escouade de policières qui veulent les arrêter, l’un pour exhibitionnisme, l’autre pour meurtre. Mais le strip-teaseur est aussi un ancien moine bouddhiste qui a le don de voir le passé de ses antagonistes…  « Running on Karma » annonce « Mad Detective ».

 

 

Bande annonce du film « Running on Karma »

 

Breaking News

 

On en en plein dans l’univers loufoque, mais dangereux, de Johnnie To, et dans un engrenage narratif totalement imprévisible, avec apparitions fantomatiques et événements distincts appartenant à des époques différentes miraculeusement liés entre eux. Rien n’est linéaire et attendu, c’est un chaos savamment organisé. Du grand art et du grand spectacle.

 

Puis viennent deux films encore différents tout en restant dans le même univers déjanté : « Breaking News » (大事件) en 2004 et « Election » en 2005. Le premier fit partie de la Sélection officielle, hors compétition, du Festival de Cannes 2004, le second participa à la compétition officielle du festival l’année suivante.

 

Avec le premier, on retrouve Simon Yam et Lam Suet, dans un film rythmé comme un clip, avec des plans qui durent

quelques secondes (sauf la séquence initiale qui présente les parties en présence et démarre l’action). Ici, la lutte entre policiers et tueurs est retransmise en direct, à la télévision, les casques des premiers étant équipés de caméras sans fil, pour montrer urbi et orbi l’efficacité des forces de l’ordre, mais les malfaiteurs ne sont pas en reste… Tout est médiatisé, le contrôle de l’image, voire sa manipulation, est

primordial. Mais, du coup, la frontière entre bons et méchants s’estompe ; il faut beaucoup de volonté au méchant pour le rester…

 

Puis « Election » (黑社会) délaisse brusquement les échanges de coups de feu à tout va, en particulier dans les séquences d’ouverture ; ici le film commence paisiblement sur un jeu de mahjong dont on mélange les tuiles, image symbolique de changement – on mélange tout et on

recommence. Même le style est différent, dans cette histoire de succession à la tête des triades : la musique est

 

 

Election

 

Exiled

 

omniprésente, et ce n’est pas n’importe laquelle – une musique de guzheng, qui ancre le film dans la tradition. Car la tradition reste au centre du système de triades, un système fondé sur des valeurs nobles, de résistance à l’envahisseur, de défense du peuple et de respect des aînés, mais en proie à l’érosion du temps. Les deux candidats doivent jouer avec de nouvelles règles.

 

2005, a expliqué Johnnie To, fut une année difficile, une année de transition. Hong Kong avait subi la rétrocession, la crise financière, le SARS, la ville était chaotique, tout le monde ressentait le besoin de changement, et cela se traduit dans son film. « Election » fut un grand succès, c’est aussi l’un des films favoris de Quentin Tarantino. Mais, au-delà de la qualité intrinsèque du film, c’est également un reflet, à travers cette histoire de relève générationnelle à la tête des triades, de ce qui se passait dans la vie réelle, à Hong Kong. To n’est pas seulement un maître du film

d’action, sous toutes ses formes, c’est aussi un réalisateur soucieux de transmettre un message : ses films sont aussi des leçons d’histoire, et des réflexions sur la vie.

 

Il a d’ailleurs fait une suite, « Election 2 » (黑社会2), en 2006. Le premier traitait de l’évolution politique à Hong Kong, sur fond de lutte entre tradition et modernité, le second a pour arrière-plan les relations avec la Chine ; le sous-titre du film est clair : « Sauvons l’unité »…

 

2006 est aussi l’année d’ « Exiled » (《放‧逐》), avec sa palette d’acteurs au complet : Simon Yam et Lam Suet, Nick

Cheung et Anthony Wong, quatre amis gangsters qui se retrouvent en lutte avec leur organisation mafieuse. Toujours des combats et des tirs réglés au millimètre, et toujours aussi le message politique : le film se passe en 1998, à Macao, avant que la colonie portugaise ne revienne à la Chine… Mais il passe ici au second plan, derrière une

 

 

Triangle

bonne vieille histoire d’amitié entre frères mafieux.

 

Mad Detective

 

En 2007, « Triangle » (铁三角) est un film en trois parties réalisées par Johnnie To, Ringo Lam et Tsui Hark, chaque réalisateur étant seul responsable d'un tiers du film (environ 30 minutes). Ils ne pouvaient pas se concerter et chacun a tourné avec sa propre équipe technique... Même les acteurs ne connaissaient pas le scénario : le film a été conçu comme un puzzle. Tsui Hark fut le premier à tourner. Après avoir découvert son travail, Ringo Lam a tourné la seconde partie, puis a passé le tout à Johnnie To pour la partie finale.

 

Et c’est un chef d’œuvre qui conclut parfaitement l’histoire alambiquée qui précède, un mélange d’action, de suspense et d’humour noir qui correspond tout à fait au caractère de Johnny To. Si le film se tient, c’est bien grâce à sa partie conclusive dont il a fait un superbe exercice de style.

 

Cette année 2007, il tourne encore « Mad Detective » (神探), comme s’il voulait montrer une fois de plus sa capacité à changer de style à volonté. Un pistolet a disparu, et il est lié à une série de meurtres. Son propriétaire a disparu alors qu’il poursuivait un suspect, mais le collègue qui l’accompagnait est revenu sain et sauf. La seule possibilité d’élucider l’affaire est de faire appel au ‘mad detective’, un policier à la retraite qui s’aide d’hallucinations pour résoudre les cas ; mais ce qui apparaissait comme un don au départ s’avère en fait une véritable folie.

 

Ici la musique et la bande sonore viennent renforcer les effets visuels. Ce film est un des sommets de l’art de Johnnie To. Mais il va le porter à son apogée l’année suivante avec « Sparrow » (文雀) : un film tourné sur trois ans, de 2005 à 2008, entre d’autres tournages, et présenté en première mondiale au festival de Berlin en février 2008.

 

Sparrow

 

2010 et après

 

Linger

 

« Sparrow » est l’aboutissement de l’art de Johnnie To. Les films suivants sont en net retrait ; « Linger » (蝴蝶飞), en 2008 aussi, avec Li Bingbing et la pop star taiwanaise Vic Zhou, est le type même des métrages mineurs qui constituent une partie substantielle de la filmographie du réalisateur, et permettent de financer ses films plus ambitieux.

 

« Vengeance » (復仇), présenté en sélection officielle au festival de Cannes en 2009, reste une déception, bien que Johnnie To ait réussi à métamorphoser  Johnny Hallyday, au point qu’on reconnaît à peine sa voix. Mais le film est intéressant dans la filmographie du réalisateur, par son thème sinon par sa réalisation, avec la référence émue à Melville et au Samouraï.

 

Le film suivant, « Life Without Principle » (《夺命金》),  sorti à la Biennale de Venise en septembre 2011 et

présenté ensuite au festival de Toronto, traduit le malaise ressenti dans le monde actuel, et la perte de valeurs généralement décriée. En le présentant, Johnnie To l’a commenté en ces termes: « Nous vivons un monde turbulent dans lequel, pour pouvoir survivre, il faut jouer le jeu. Mais, quels que soient les efforts déployés pour suivre les règles, on finit toujours, tôt ou tard, par perdre une partie de soi-même. »

 

C’est effectivement ce qui arrive aux trois personnages du film, confrontés à de sérieux problèmes dans leur vie à la suite de la crise économique ; tentés par une aubaine inespérée, ils doivent décider si les principes qui les gouvernaient jusque là doivent être préservés, et où se trouve la limite entre le bien et le mal, autre façon pour le réalisateur de poser un problème devenu récurrent dans son œuvre. Le papillon de « Linger » s’est transformé en billet de banque pesant sur les destinées de chacun.

 

 

Life Without Principle

 

Romancing in Thin Air

 

En avril 2012, Johnnie To est de retour au festival d’Udine dont il est un vieil habitué. Le nouveau film qu’il y présente, « Romancing in Thin Air » (高海拔之恋2), est, comme le titre l’indique, une de ces comédies romantiques qui font la joie de ce festival, dans la lignée de « Turn Left, Turn Right » (《向左走·向右走》) qui y fut un succès en 2003 et mériterait peut-être d’être plus connu : c’est un aspect de Johnnie To à ne pas négliger.

 

Les deux derniers opus du genre, cependant, sont des films mineurs. « Romancing in Thin Air » est la suite d’une autre comédie romantique, « Don’t Go Breaking My Heart » (《单身男女》), sortie en 2011. Ce sont des films calibrés pour le public chinois, mais maintenant le public de Chine continentale : ils sont formatés pour engranger un maximum de recettes afin de financer les autres films. Johnnie To est un fanatique de la pellicule qui n’arrête jamais de travailler, chacun de ses films a sa place bien

précise dans son œuvre. Ces comédies mineures laissent augurer une surprise avant longtemps.

 

La surprise, c’est « Drug War » (《毒战》), "surprise" du festival de Rome en novembre 2012, un film dans la lignée des meilleurs films d’action de Johnnie To, mais réalisé en Chine continentale, en mandarin. Cela semble avoir été soigneusement préparé de longue date, les deux comédies précédentes, déjà, étant calibrées pour le public de Chine continentale. Le développement exponentiel de ce marché exerce une force d’attraction considérable à laquelle les réalisateurs de Hong Kong ne résistent pas.

 

Après "Drug War", Johnnie To revient à Hong Kong pour tourner "Blind Detective" (《盲探》), mais ce film restera une œuvre mineure dans sa filmographie.

 

 

Notes

(1) Ou Fenghuang Motion Pictures, devenue Sil Metropole Ltd en 1982.

(2) Tsui Hark avait rejoint Cinema City en 1981.

 


 

Principaux films

1980 The Enigmatic Case 《碧水寒山夺命金》
1988 The Big Heat 《城巿特警》 coréalisé avec Andrew Kam (金杨桦)
1989 All about Ah Long 《阿郎的故事》
1993 The Heroic Trio 《东方三侠》
        suivi de : Executioners《现代豪侠传》 coréalisé avec Ching Siu-tung
1993 Mad Monk 《济公》 coréalisé avec Ching Siu-tung
1996 Fireline 《十万火急》
1998 A Hero never Dies 《真心英雄》
1999 Running out of time《暗战》
1999 Where a Good Man Goes 《再见阿郎》
1999 The Mission 《枪火》
2000 Needing You 《孤男寡女》
2001 Love on a Diet 《瘦身男女》
2001 Fulltime Killer 《全职杀手》
2001 Running out of time 2《暗战2》
2003 PTU
2003 Running on Karma 《大只佬》
2003 Turn Left, Turn Right 《向左走•向右走》
2004 Breaking News 《大事件》
2005 Election 《黑社会》
2006 Election 2 《黑社会2》
2006 Exiled 《放‧逐》
2007 Triangle 《铁三角》
2007 Mad Detective 《神探》
2008 Sparrow 《文雀》
2008 Linger 《蝴蝶飞》
2009 Vengeance 《復仇》
2011 Life Without Principle 《夺命金》
2011 Don’t Go Breaking My Heart 《单身男女》
2012 Romancing in Thin Air 《高海拔之恋2》
2013 Drug War 《毒战》
2013 Blind Detective 《盲探》
2015 Office 《华丽上班族》
2016 Three 《三人行》

 

 

 

 

 

 

 

 
     
     
     
     
     
     
     
     

 

   

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 



Qui sommes-nous ? - Objectifs et mode d’emploi - Contactez-nous - Liens

 

© ChineseMovies.com.fr. Tous droits réservés.

Conception et réalisation : ZHANG Xiaoqiu