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Le cinéma chinois bien représenté à Toronto

par Brigitte Duzan, 12 septembre 2012

 

Le festival international du cinéma de Toronto s’affiche dès l’abord comme une institution originale : une « organisation culturelle caritative ayant pour mission de transformer par le cinéma la vision que l’on a du monde ». Ce qui devrait normalement être le but du cinéma.

 

C’est en outre un festival qui se veut non compétitif et ne décerne pas de palmarès : pas de Lion d’or, de Palme d’or, d’Ours d’or : à Toronto, le seul prix décerné est un prix du public, le People’s Choice, plus un prix des critiques (prix FIPRESCI) dans deux catégories.

 

La qualité même de la sélection lui assure cependant aujourd’hui une place de choix parmi les grands festivals internationaux de cinéma, en concurrence directe avec Cannes. Mais quand on voit la richesse de la programmation, et sa hardiesse aussi, artistique plus que politique, on aurait tendance à privilégier Toronto comme destination festivalière, d’autant plus que le coût n’est pas le même.

 

Le logo du festival

 

Les films chinois au programme cette année encore, du 6 au 16 septembre, sont un exemple supplémentaire de la qualité de ce festival, surtout quand on a vu, depuis le début de l’année, la pauvreté en films chinois des concurrents. On ne compte pas moins de neuf films chinois dans les différentes catégories, et quelques uns en première mondiale. Ce sont en outre des films signés des meilleurs réalisateurs du moment, dont quelques uns que l’on n’avait pas vus depuis longtemps et que l’on retrouve avec plaisir.

 

Première mondiale

 

Lu Chuan présentant The Last Supper

avec Liu Ye à gauche, Daniel Wu

au centre et l’actrice Qin Lan à droite

 

« The Last Supper » (《王的盛宴》) : quatrième film de Lu Chuan (陆川) après «The City of Life and Death » (南京! 南京!) qui date déjà de 2009.

 

Le film s’inspire d’un événement historique légendaire, le banquet de Hongmen (鸿门宴”), en 206 avant Jésus-Christ, rencontre fatale qui scella la chute de la dynastie des Qin, ainsi que le sort du rebelle Xiang Yu (项羽), et ouvrit une voie triomphale à Liu Bang (刘邦), qui allait ensuite fonder la dynastie des Han. 

 

Lu Chuan a fait énormément de recherches pour respecter au mieux la vérité historique, mais a affirmé avoir traité l’événement « dans une vision moderne ». En tout cas, le film sera au moins très bien joué : notons, dans les deux rôles principaux, Liu Ye (刘烨) dans le rôle de Liu Bang et Daniel Wu (吴彦祖) dans celui de Xiang Yu.

 

 

Bande annonce (en chinois)

 

Première internationale

 

« Caught in the Web » (《搜索》) de Chen Kaige (陈凯歌) : un film qui marque un retour du cinéaste à un sujet de société moderne, après deux films historiques, et avec un sujet à la mode - le harcèlement sur internet, sorte de chasse aux sorcières moderne qui, en Chine, a défrayé la chronique plusieurs fois récemment.

 

Le film montre comment un incident anodin peut entraîner des malentendus dégénérant sur la toile en cyber-poursuite d’une malheureuse traquée sans raison profonde. C’est l’un des dangers d’internet aujourd’hui

 

Chen Kaige présentant son film à Pékin avec les deux actrices Yao Chen à gauche et Gao Yuanyuan à droite

dans un pays où, la loi étant plus ou moins bien respectée et les injustices et abus fréquents, les internautes tendent à s’arroger le rôle de défenseurs des droits des victimes.

 

Le film a pour interprète principale l’excellente actrice Gao Yuanyuan (高圆圆), et il est adapté d’une nouvelle publiée, justement, sur internet… Il est sorti début juillet à Pékin mais sans faire courir les foules.

 

 

Bande annonce

 

Première nord-américaine

 

Taichi 0

 

« Tai Chi 0 » (太极之从零开始) de Stephen Fung (冯德伦) : un film présenté en première mondiale à Venise avec une bonne partie de la publicité portant sur la 3D. A Toronto, cependant, personne ne parle de 3D, mais d’un film d’arts martiaux original, aux couleurs flamboyantes et dans un style rappelant le graphisme des animes japonais, voire des jeux vidéos.

 

Le film a quelques atouts de taille : une chorégraphie signée Sammo Hung, et les interprètes , Tony Leung Ka-fai, Shu Qi, Angelababy et surtout la nouvelle star des arts martiaux Yuan Xiaochao (袁曉超), médaille d’or aux jeux asiatiques en 2006. Il interprète un jeune qui a l’ambition devenir grand champion et doit apprendre le « taichi en partant de zéro » comme l’indique le titre ; il se bat non pas contre des moulins à vent, mais contre une locomotive… 

 

C’est pour le moins original, certes, mais il reste à voir si « Tai Chi 0 » « révolutionnera » le film d’arts martiaux comme il prétend le faire. 

 

 

Bande annonce

 

Cinéma mondial contemporain

 

Quatre films chinois sont au programme dans cette section, dont trois sortis récemment au festival de Locarno et à Venise (section Orizzonti) et dont nous avons déjà parlé : « When Night Falls » (《我还有话要说》) de Ying Liang (应亮),  « Three Sisters » (《三姊妹》) de Wang Bing (王兵) et « Fly with the Crane » (《告诉他们我乘白鹤去了》) de Li Ruijun (李睿珺).

 

Etonnamment, le quatrième film chinois de cette section part d’un thème proche de celui du précédent : l’incinération des morts. Mais il le fait dans une optique totalement différente, caractéristique du réalisateur, Peng Tao (彭韬) : la satire sociale, et tout particulièrement les sujets désespérés, comme c’était le cas de son premier long métrage, « La môme Xiao » (《血蝉》).

 

Son nouveau film s’appelle  « The Cremator » (《焚尸人》) (1). La tradition dont il est question ici est typiquement

 

Peng Tao présentant son film à Toronto

chinoise : quand un homme meurt célibataire, on le marie post-mortem, à une femme également morte célibataire.

 

Le personnage principal du film de Peng Tao travaille à la morgue d’une petite ville où il est en charge du contrôle de la bonne application des rites funéraires. Quand on lui diagnostique un cancer terminal, il décide de prendre pour épouse une suicidée dont la police vient d’apporter le cadavre. Mais l’histoire se complique quand il fait la connaissance de sa sœur, bien vivante, elle….

 

C’est a priori la première mondiale du film bien qu’il ne figure pas dans cette section.

 

« Vangard »

 

Deux films chinois figurent dans cette section dont l’intitulé trompe un peu, c’est pourquoi il vaut mieux le garder entre guillemets : d’après la définition du festival, il s’agit de films « provocateurs, sexy et potentiellement dangereux », et ce sont essentiellement des thrillers.

 

Beijing Flickers

 

Le premier film chinois de cette section est « Beijing Flickers » (《有种》) de Zhang Yuan (张元). Il répond sans doute à la première partie de la définition. Zhang Yuan est le réalisateur auquel on doit, du moins en partie, les débuts du cinéma indépendant chinois, en 1989 (2). Il a longtemps conservé, effectivement, une aura de provocateur, mais il y a quelque temps, quand même, qu’il ne peut plus être considéré comme tel.

 

« Beijing Flickers » est, il est vrai, un retour au thème du film qui l’a rendu célèbre : « Beijing Bastards » (《北京杂种》), et on y pense tout de suite, dès la lecture du titre (en anglais et en chinois). C’était en 1993, on n’arrive pas à croire qu’il y ait seulement vingt ans. 

 

« Beijing Bastards » était une virée dans le Pékin nauséeux des lendemains de Tian’anmen, montrant une bande de jeunes artistes déboussolés peinant à trouver leur voie, le

tout sur fond de musique rock.  « Beijing Flickers » reprend le même sujet dans le Pékin d’aujourd’hui, mais ses jeunes sont maintenant des chômeurs et laissés pour compte de la croissance, dans des situations sans issue au sein d’une ville en plein boom. On a comme une impression de déjà dit…

 

 
Bande annonce

 

Quant au second film chinois de la section, il s’agit de « Motorway » (《车手》) de Soi Cheang (郑保瑞), protégé de Johnnie To qui a produit le film. Soi Cheang revient au genre qui lui a valu en 2009 un succès au box office avec « Accident » (意外).

 

Ici, il s’agit de « courses poursuites époustouflantes dans la nuit de Hong Kong », avec Anthony Wong en flic à la retraite, spécialiste de la poursuite de délinquants en fuite, qui reprend du service pour former un nouvel arrivé. Le film est sensé laisser le spectateur cloué sur son siège en ayant l’impression de sentir l’odeur du caoutchouc brûlé. Il est destiné aux « fans d’action ».

 

Les droits ont déjà été vendus pour le Royaume Uni à Arrow Films. Toronto est une place de marché très efficace.

 

Motorway

 

 

Images du tournage

 

Signalons enfin que Jackie Chan est parmi les « mavericks » invités à converser avec le public ; il est là, en fait, après Cannes, pour faire la promotion de son nouveau film, « Chinese Zodiac », destiné, lui, … aux fans de Jackie Chan.

 

Au vu de ce programme, qui donne un bon aperçu de ce que le cinéma chinois a à offrir de plus intéressant à l’heure actuelle, pour des publics très divers, et en comparant avec le reste de la programmation, on ne peut s’empêcher de penser que ce cinéma a du mal, à quelques exceptions près, à soutenir sa prétention à une place de choix dans le cinéma mondial. Les restrictions à la liberté de création dont souffrent les réalisateurs chinois se font de plus en plus cruellement sentir.

 

Programmation complète et descriptifs des films sur le site du festival :

http://tiff.net/thefestival/filmprogramming/programmes

 

 

Notes

(1) Le titre anglais est mal choisi car il existe déjà un autre film avec le même titre, une allégorie politique de la Nouvelle Vague du cinéma tchèque tourné en 1968.

(2) Voir : Petite histoire du cinéma indépendant chinois

 

 

 

 

 
     
     
     
     
     
     
     
     

 

   

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 



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