Ann Hui
récompensée pour l’ensemble de sa carrière présente « Love
after Love »
par Brigitte Duzan, 9 septembre 2020
Le mardi 8 septembre, lors du sixième jour de la 77ème
Biennale de Venise,
Ann Hui (许鞍华)
s’est vu décerner le prix de la Biennale pour
l’ensemble de sa carrière. Le prix lui a été remis
par l’actrice Cate Blanchett, présidente du jury.
Ann Hui est la première réalisatrice à recevoir ce
prix à Venise.
La décision avait été prise par le comité de
direction du festival, sur recommandation du
directeur artistique, Alberto Barbera, qui a
félicité Ann Hui en soulignant l’importance de son
œuvre :
Ann Hui et son Lion
(photo zimbio)
« Ann Hui est
l’une des réalisatrices les plus respectées, les plus
prolifiques et les plus versatiles de notre temps en Asie.
Sa carrière couvre quatre décennies et touches touts les
genres cinématographiques. Dès ses débuts, elle a été
reconnue comme une personnalité-clé de ce qu’on a appelé la
Nouvelle Vague hongkongaise – le mouvement qui a
révolutionné le cinéma de Hong Kong dans les années 1970 et
1980, transformant la ville cosmopolite en un des centres
cinématographiques les plus énergiques et créatifs de la
période. Elle a réalisé toutes sortes de films, des
mélodrames aux histoires de fantômes, des films
semi-autobiographiques aux adaptations d’œuvres littéraires
majeures, sans oublier les drames familiaux, les films
d’arts martiaux et les thrillers. Elle a été l’un des
premiers réalisateurs de Hong Kong à intégrer du matériau
documentaire dans ses films de fiction. Bien que n’ayant
jamais négligé l’aspect commercial des films et avoir connu
de grands succès auprès du public, elle n’a pas pour autant
abandonné une approche de cinéma d’auteur. Dans ses films,
elle a toujours manifesté un intérêt particulier pour les
vicissitudes sociales, considérées avec compassion : elle a
conté avec sensibilité, et avec la sophistication d’une
intellectuelle, des histoires individuelles qui croisent
d’importants sujets sociaux comme celui des réfugiés, des
marginaux et des personnes âgées, et elle l’a fait en
pionnière ; par son langage et un style visuel unique, elle
a non seulement capté des aspects spécifiques de la ville et
de son imaginaire, elle les a aussi transposés et traduits
dans une perspective universelle. »
[1]
Alberto Barbera
félicitant Ann Hui (photo zimbio)
Ce même soir, la réalisatrice présentait son dernier
film, « Love
after Love » (《第一炉香》),
projeté hors compétition. Le film est adapté d’une
nouvelle éponyme de Zhang Ailing, ou Eileen Chang, (张爱玲) :
c’est la première des deux nouvelles, regroupées
sous le titre « Deux brûle-parfums » (《沉香屑》),
publiées en 1943
[2].
C’est l’écrivaine Wang Anyi (王安忆)
[3]
qui a écrit le scénario – elle avait déjà écrit
l’adaptation d’une autre œuvre de
Zhang Ailing, le roman « La Cangue
d’or »
(《金锁记》),
pour une pièce de théâtre mise en scène par Ann Hui à Hong
Kong en 2009.
Sandra Ma (Ma Sichun
马思纯)
interprète la jeune Ge Weilong (葛薇龙)
aux côtés d’Eddie Peng (Peng Yuyan彭于晏)
en dandy séducteur… Côté technique, le film
bénéficie par ailleurs d’une pléiade de signatures
de premier plan, à commencer par Christopher Doyle
pour la photographie et
Mary Stephen
pour le montage.
C’est un beau départ pour ce film attendu, comme
tous les films d’Ann Hui.