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“A Big Deal” de Ma Liwen : triste raté   

par Brigitte Duzan, 7 janvier 2012

 

« A Big Deal » (《巨额交易》), de Ma Liwen (马俪文),  est sorti le 2 décembre dernier sur les écrans chinois. Il visait à conquérir une place de choix parmi les comédies de fin d’année. C’est un raté, et un triste raté quand on pense au talent de la réalisatrice.

 

Un scénario bancal

 

Une idée de départ intéressante

 

L’idée de départ du scénario ne manquait pourtant pas d’intérêt – et d’ailleurs les premières images sont de bon augure. Il s’agissait de conter l’aventure de trois lascars d’une trentaine d’années qui décident un jour d’en finir avec une vie minable de petits employés sous-payés et de se lancer dans une affaire mirobolante, un « big deal » qui leur permette de s’enrichir vite et facilement.

 

L’originalité tenait dans le « big deal » en

 

Affiche

question : un projet hôtelier pharaonique dans les sables de Dubai. On avait de quoi bâtir une satire très drôle en alliant le mauvais goût nouveau riche chinois au goût pompier des réalisations locales. Cela aurait pu être une sorte de conte des mille et une nuits à la chinoise dans les sables des Emirats arabes. Feng Xiaogang aurait certainement fait quelque chose de brillant sur le sujet. Mais ce n’est pas donné à tout le monde, le genre est particulièrement difficile.

 

Mais une ligne narrative décousue

 

Les trois copains à Dubai

 

L’idée de départ, d’abord, est mal exploitée. On tombe très vite dans la caricature superficielle. Les caractères n’ont guère plus de consistance que des personnages de série télévisée bon marché, et la narration procède par sauts, tentant sans y parvenir de lier les fils de l’histoire du deal et ceux d’une vague intrigue amoureuse jugée sans doute nécessaire pour répondre aux attentes du public des comédies de fin d’année chinoise.

 

Un trader, Zhang Ze, se retrouve sans travail, et se joint à un ancien camarade de classe au chômage depuis un an, Liu Yijun, pour se lancer dans un projet proposé par un autre copain, Wang Yunpeng : un projet immobilier de deux milliards de dollars à Dubai. Quand ils arrivent sur place, cependant, leur contact local vient d’avoir un quadruple pontage coronarien. Wang Yunpeng prend donc lui-même les choses en main, mais le promoteur immobilier est en panne de crédit et n’arrive pas à terminer la construction de ses villas. Le trio lui propose alors de construire un complexe hôtelier sur le terrain restant. Il ne leur reste plus qu’à trouver les investisseurs.

 

C’est alors que le scénario diverge : Zhang Ze rencontre la jeune et jolie Zhou Yun qui arrive, comme un cheveu sur la soupe, de Corée du Sud où elle vient de se faire virer d’une société qu’elle avait créée avec son copain. Et, à partir de là, on peine à suivre une histoire faite de pièces rapportées comme un patchwork mal cousu.

 

Mais où est passée Ma Liwen ?

 

Les défauts du scénario sont encore

 

La belle vie

accentués par ceux de la réalisation, en dépit d’une superbe photo (1) et d’un montage rapide qui colle bien avec le sujet.

 

Des acteurs mal choisis

 

Les acteurs ne font que renforcer l’aspect caricatural de leurs rôles, et on ne pouvait guère attendre mieux du quatuor choisi (sans parler des rôles secondaires) : le playboy taiwanais Blue Lan (ou Lan Ching-lung 蓝正龙), le chanteur/acteur du continent Kimi Qiao (Qiao Renliang 乔任梁), l’acteur  hongkongais Chapman To (Du Wenze  杜汶泽) et la « Barbie coréenne » de films télévisés Han Chae-yeong  (韓彩英).

 

Seul Ye Daying (叶大鹰) dans le rôle du magnat de l’immobilier en déroute tire son épingle du jeu ; lui a du métier, mais il ne peut sauver le film à lui seul.

 

Des dialogues ineptes

 

Le film est coulé, finalement, par ses dialogues. Si, au moins, on avait eu des sorties brillantes, faisant mouche à tout coup, peut-être aurait-on pu passer sur le reste. Mais les dialogues sont peut-être le pire du film.

 

A la recherche d’investisseurs

 

Citons juste les réparties que l’éminent porte-parole gouvernemental Global Times donne en exemple, à l’appui de sa critique élogieuse du film :

« Some of the more memorable quotes from the film include "poor men are rubbish" and "the value of a man is reflected by his credit card."…  »

 

On rirait si ce n’était pas si triste.

 

Triste image de l’état du cinéma chinois aujourd’hui

 

Love Story

 

Ma Liwen (马俪文) était considérée, à ses débuts, comme la brillante élève et disciple de Tian Zhuangzhuang (田壮壮). Son deuxième film, « Toi et moi » (《我们俩》), est l’un des petits chefs-d’œuvre qui ont marqué en Chine le milieu des années 2000. Et si ses deux films suivants n’atteignent pas la finesse de leur prédécesseur, ils restent de très bons films.

 

On est sincèrement attristé de voir un tel talent gâché par les contraintes absurdes de la production cinématographique chinoise actuelle, d’autant plus que c’est se tirer une balle dans le pied : sous prétexte de vouloir à tout prix se placer dans un créneau qui peut rapporter beaucoup, on y entraîne des réalisateurs qui ne sont pas faits pour ce genre de films et n’en ont de toute évidence pas le goût, mais se laissent entraîner parce qu’ils n’ont guère d’autre choix.

 

On en arrive ainsi à un épuisement des jeunes talents et un appauvrissement du cinéma, malgré des reconversions apparemment réussies, comme celle de Xu Jinglei (徐静蕾). Et, contrairement à l’idée reçue, ce n’est pas là une question de censure.

 

 

(1) Photos signées Huang Lian (黄炼), le directeur de la photo, entre autres, du dernier film de Zhang Yibai (张一白)  « Eternal Moment » (将爱情进行到底).

Nota : S’il y a une chose dans le cinéma chinois, à l’heure actuelle, qui empêche de désespérer totalement, ce sont les directeurs de l photo…

 

Le film, comme pièce à conviction (avec une bande son problématique mais sous-titres anglais) :

 

 

 

 

 

 

 
     
     
     
     
     
     
     
     

 

   

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 



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