Reprise
du cycle Shadows : “Mirror of Emptiness” de Ma Li
par Brigitte Duzan, 3 janvier
2012
En 2007, la
réalisatrice Ma Li (马莉)
est allée au Sichuan tourner un documentaire dans le
village le plus élevé de toute la Chine, à 4 500
mètres d’altitude. Sorti en 2010, « Mirror of
Emptiness » (《无镜》)
sera projeté le 16 janvier à 20h30 au studio des
Ursulines dans le cadre du cycle Shadows (1).
Un
documentaire d’exception sur le bouddhisme tibétain
A proximité
du village se trouve le monastère bouddhiste Sershül (色须寺)
qui sert de cadre au documentaire, conçu comme une
peinture de la vie du village, de ses habitants et
de leurs croyances, à travers les récits de sept
personnages : cinq moines, un ancien moine qui a
abandonné la vie monastique et un maître de
« funérailles célestes »(天葬
tiānzàng).
La
première partie du film est consacrée à deux des moines :
l’un, âgé de soixante dix
Affiche du film
ans,
qui est retiré là depuis dix-sept ans, et l’autre, âgé de
quarante ans, qui en est à sa deuxième année. Mais le
documentaire explore aussi maisons de retraite et collèges
tantriques, nous faisant assister à des débats auxquels
participent des moinillons de tous âges.
Les édiles du
monastère
Le documentaire offre ainsi un tableau détaillé
d’expériences personnelles, s’ouvrant sur une vaste
perspective de la vie sur le haut plateau du
Nord-Ouest de la Chine et de l’importance qu’y revêt
le bouddhisme tibétain. C’est la première fois
qu’une caméra parvient à pénétrer le monde clos d’un
monastère tibétain. Ma Li a également réussi à
filmer la
grande réunion annuelle qui réunit quelque dix mille moines
dans cet endroit, ainsi que la totalité d’une cérémonie de
« funérailles célestes » qui s’est déroulée à proximité.
Au-delà de l’aspect factuel, le documentaire vise à
montrer l’étroite symbiose existant entre la
population locale et le monastère, celui-ci
apparaissant comme le garant et le support de la vie
spirituelle de tous ces gens dont la vie matérielle
est conditionnée par l’altitude et le froid. La
réalisation des mandalas apporte même dans
La grande réunion
annuelle
cet univers en marge du monde une note artistique doublée de
poésie : faits de sables multicolores, ils sont détruits une
fois terminés, témoignant ainsi de l’impermanence de toute
chose en ce bas monde.
Ma Li transmet dans son documentaire une expérience
spirituelle autant que cinématographique.
Note sur la
réalisatrice
Née en 1975
à Zhuji, district de Shaoxing, dans le Zhejiang (浙江诸暨),
Ma Li (马莉)vit à Pékin depuis 2001. Elle a commencé par tourner des documentaires
pour la télévision, et travaille encore comme
productrice de documentaires pour, entre autres,
CCTV, Phoenix TV, les télévisions du Hunan et du
Jilin.
« Mirror of
Emptiness » (《无镜》)
est son premier long métrage documentaire. Il a été
remarqué en 2011 à la 5ème édition du
Yunnan
Multi-Culture Visual Festival (第五届云之南纪录影像展)
ainsi qu’au festival de documentaires chinois de
Hong Kong, en juin 2011.
Elle vient de terminer un second film, « Born in
Beijing ».
Moines
Bande annonce
(1) Le
cycle Shadows est une initiative du
festival du même nom qui a pour mission d’offrir des
programmations sur l’année de films et documentaires
indépendants, entre deux éditions du festival qui est
bisannuel.
« Mirror of
Emptiness » (《无镜》)
Lundi 16 janvier
2011, 20h30
Studio des
Ursulines
10 rue des
Ursulines
75005 Paris :
Le film sera présenté par
Françoise Robin, tibétologue, maître de conférence à
l’INALCO, qui animera le débat à la fin de la projection.