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L’Orphelin des Zhao – sources et adaptations

par Brigitte Duzan, 26 janvier 2016

 

« L’Orphelin des Zhao » (《赵氏孤儿》) est l’une des histoires les plus connues du répertoire théâtral chinois, et la première pièce du théâtre zaju de l’époque Yuan (元杂剧) à avoir été traduite, d’abord en français. Elle a donné lieu à plusieurs adaptations au cinéma, et en particulier par Yan Jun (严俊) à Hong Kong en 1965 et Chen Kaige (陈凯歌) en Chine continentale en 2010. 

 

Seule pièce connue d’un auteur nommé Ji Junxiang (纪君祥), elle s’appelle plus précisément « La grande vengeance de l’orphelin de la famille Zhao » (《赵氏孤儿大报仇》), et met en scène un fait historique intervenu à la fin de la période des Printemps et Automnes.

 

On en trouve une première mention dans les commentaires des « Printemps et Automnes » (春秋) dits « Commentaires de Zuo » (《左传》), mais le récit le plus détaillé se trouve dans la partie des « Maisons héréditaires » des « Mémoires historiques » de Sima Qian (司马迁) [1] : « La Maison de Zhao » (《史记·赵世家》).

 

Il est intéressant de comparer la pièce au texte de Sima Qian pour mieux apprécier les adaptations ultérieures faites en Chine comme en Occident.

 

La pièce de Ji Junxiang

 

Elle est en six parties : un prologue (xiēzi 楔子) et cinq parties (zhé).

 

Prologue

Présentation du duc Ling de l’Etat de Jin (晋灵公) et de ses ministres rivaux Zhao Dun (赵盾) et Tu Angu (屠岸贾). Ce dernier réussit à éliminer son rival et à faire exterminer les 300 membres de sa famille, sauf le fils de Zhao Dun, Zhao Shuo (赵朔), parce qu’il est marié avec la sœur du duc, la princesse Zhuang Ji (庄姬公主). Mais Tu Angu le force à se suicider.

 

1er partie

Zhuang Ji, qui était enceinte, donne naissance à un fils après la mort de Zhao Shuo. Tu Angu fait encercler le palais par la garde du général Han Jue (韩厥) pour l’empêcher de s’évader. Mais Zhuang Ji confie le bébé au médecin Cheng Ying (程婴) qui le cache dans sa mallette d’herbes médicinales. Pour éviter d’être forcée à avouer qui a emporté l’enfant, Zhuang Ji se suicide. Han Jue découvre le bébé dans la mallette de Cheng Ying, mais, par loyauté envers la famille, il le laisse s’échapper, puis se tranche la gorge.

 

2ème partie

N’arrivant pas à savoir où est passé l’enfant, Tu Angu menace de tuer tous les bébés du même âge. Cheng Ying demande l’aide de l’ancien ministre Gongsun Chujiu (公孙杵臼) et tous deux élaborent un plan. Cheng Ying accepte de sacrifier son propre fils, du même âge que l’orphelin, pour le sauver et Gongsun Chujiu de se sacrifier pour aller l’apporter au palais.

 

3ème partie

Gongsun Chujiu va apporter le faux orphelin à Tu Angu. Le bébé et le vieux ministre sont exécutés.

 

4ème partie

Vingtans plus tard. Cheng Ying a élevé l’enfant comme le sien. Mais, n’ayant pas de fils, Tu Angu l’a adopté. Un jour, dans le bureau de Cheng Ying, le jeune garçon découvre un rouleau où sont décrits les tragiques événements concernant sa famille et les personnes concernées. Cheng Ying décide qu’il est temps qu’il sache tout de ses origines et de ceux qui ont sacrifié leur vie pour le sauver.

 

5ème partie

L’orphelin tue Tu Angu dans la rue. Il prend le nom de Zhao Wu et recouvre tous les titres et les biens de sa famille.

 

L’histoire est légèrement différente chez Sima Qian, beaucoup plus proche des intrigues de palais de la période des Printemps et Automnes telles qu’on les connaît ; les divergences essentielles tiennent à la chronologie historique et au détail des relations entre les personnages.

 

La Maison de Zhao dans les « Mémoires historiques » (Maisons héréditaires, n° 43) 

 

L’Etat de Zhao a résulté de la partition, en 453 avant Jésus-Christ, de l’Etat de Jin () – l’un des plus anciens Etats de la dynastie des Zhou - en trois Etats dominés par trois grandes familles : Han (), Wei () et Zhao (). On considère cette date comme la fin de la période des Printemps et Automnes et le début de celle des Royaumes combattants.

 

 

Les différents Etats de la plaine centrale chinoise, dont l’Etat de Jin,
à la fin des Printemps et Automnes (5ème siècles avt JC)

 

 

Sima Qian explique la lente dégradation du pouvoir dans l’Etat de Jin, au gré des rivalités entre ministres et grandes familles, ayant mené à cette partition. L’un des épisodes est justement la succession du duc Xiang (襄公).

 

Quand il meurt, en 621 avant Jésus-Christ, son fils Yigao (夷皋) était encore jeune ; le régent Zhao Dun () aurait donc préféré le prince Yong (), frère du duc Xiang, pour lui succéder. Mais la duchesse douairière persuada Zhao Dun de choisir son fils Yigao. Il est ainsi devenu le duc Ling (晋灵公). Mais il était arrogant et cruel et supportait mal l’influence de Zhao Dun. Craignant pour sa vie lorsque Ling fit tuer son cuisinier, Zhao Dun pensa s’enfuir. Mais son demi-frère Zhao Chuan (赵穿) se révolta et tua le duc. Ils installèrent sur le trône un frère du duc Xiang, le prince Heitun (黑臀), qui prit le titre de duc Cheng (晋成公). A sa mort en 600, c’est son fils qui lui succéda, le duc Jing (晋景公).

 

La pièce L’orphelin des Zhao adaptée

en lianhuanhua (la mort de Tu Angu)

 

Une édition illustrée de la pièce

 

Sima Qian ajoute ici l’histoire du fils de Zhao Dun, Zhao Shuo (). Vaillant général, il était marié à une sœur du duc Cheng. Le Grand Maître et ministre de la Justice (sikou 司寇) Tu Angu, un favori du duc Ling, voulut venger la mort du duc et prépara un plan pour exterminer la famille des Zhao. Han Jue en informa Zhao Shuo, mais celui-ci refusa de fuir ; il fut tué et la famille exterminée. Sa femme, qui était enceinte, donna naissance à un fils. Le prince Gongsun Chujiu et Cheng Ying sauvèrent le bébé, le premier en y laissant la vie.

 

Cheng Ying éleva l’enfant dans un village de montagne. Puis l’enfant fut caché dans le palais avec la complicité du duc Jing et de Han Jue. Le duc réussit à regagner la fidélité des généraux qui avaient tué la famille, et en retour ils exécutèrent le meurtrier. Le garçon, nommé Zhao Wu, fut réinstauré dans les titres et honneurs dont avait joui sa famille. Ayant rempli sa mission, Cheng Ying se suicida pour que son âme puisse aller rapporter au prince Chujiu le succès de leur lutte pour l’orphelin des Zhao.

 

Sous le duc Ping (平公) [558-532], Zhao Wu fut nommé ‘ministre commandant’ (qīng). Etc…

 

Nota

 

Dans l’histoire telle qu’elle est contée par Sima Qian, il n’est pas question du général Wei Jiang, qui figure dans le scénario du film de Yan Jun. En fait il intervient plus tard dans l’histoire de l’Etat de Jin : c’est le duc Dao (晋悼公) [586-558]qui a pour premier ministre Wei Jiang (魏绛), lequel lui conseille de faire

 

Un timbre commémoratif

la paix avec les tribus « barbares » Rong et Di, aux frontières nord et ouest, barbares qui ont été les perpétuels ennemis de l’Etat depuis sa fondation.

 

Traductions et adaptations de la pièce de Ji Junxiang

  

Traductions de la pièce

 

- Traduction en français par le père de Prémare (traduction partielle, sans les parties chantées) : Tchao chi cou ell, ou Le Petit Orphelin de la maison de Tchao, 1735. Publiée par Jean-Baptiste Du Halde, dans sa Description de l’empire de la Chine, tome 3.

 

- Traductions en anglais pour deux éditions en anglais de l’ouvrage de Du Halde (1736 et 1741), puis troisième traduction en anglais en 1762, par Thomas Percy. Mais ces traductions conservent les erreurs commises par le père de Prémare et l’omission des parties chantées (“difficult to be understood, because they are full of Allusions to things unknown to us, and Figures of Speech very difficult for us to observe”).

 

Tchao chi cou ell

 

- Première traduction complète par Stanislas Julien en 1834 : Tchao-chi-kou-eul, ou l'Orphelin de la Chine, éditions Moutardier Paris.

A lire en ligne : http://www.chineancienne.fr/traductions/ki-kiun-tsiang-tchao-chi-kou-eul-l-orphelin-de-la-chine/

- L'Orphelin de Zhao, trad. Christine Corniot, Tigre noir 1993.

 

Adaptations au théâtre en Occident

 

- Première adaptation en 1752 par Pietro Metastasio pour l’impératrice Marie Thérèse : L’Eroecinese. Operiaseria en trois actes. 1ère représentation à Naples en 1753. Donné à Paris en 1755.

- Voltaire : “L’orphelin de la Chine”, tragédie en trois actes. Comédie française 20 août 1755.

Commentaires, critiques et extraits de la pièce dans la bibliothèque numérique de Pierre Palpant :

http://www.chineancienne.fr/17e-18e-s/voltaire-l-orphelin-de-la-chine/

- Nombreuses adaptations à l’opéra à partir de 1753 (Galuppi, Hasse, Cimarosa, sous le titre L’Eroecinese).

 

- 2009 : adaptation en opéra en deux actes par Jeffrey Ching : Das Waisenkind, représenté à Erfurt, en Allemagne, avec un livret multilingue qui reprend des passages originaux du texte original de Ji Junxiang, ainsi que diverses versions de l’histoire par Voltaire, Metastase, Murphy, Goethe, etc…

- 2012 : The Orphan of Zhao, adapté pour la Royal Shakespeare Company par James Fenton (avec quatre chants) et mis en scène par Gregory Doran, donné au Swan Theatre à Stratford, de novembre 2012 à mars 2013.

 

Scène 8 : Cheng Ying arrêté par Han Jue alors qu’il tente d’enlever le bébé du palais

(mis en scène et interprété comme du Shakespeare)

 

 

Séminaire

 "The Orphan of Zhao -- A Chinese Inspiration for the American Revolution?"

(le conférencier part d’une représentation de l’opéra vue à Hong Kong en 1962…)

 

 

 

 

 

 

 
 
     
     
     
     
     
     
     
     

 

   

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 



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